Paul Meilhat a remporté la Route du Rhum en Imoca, hier soir, en coupant la ligne d’arrivée à 01h23'18'' (heure française), douze heures après Alex Thomson qui a écopé de 24 heures de pénalité. A 36 ans, il succède à François Gabart, vainqueur il y a quatre ans sur le même bateau. "C’est la première grande course en solo que je remporte. Cela récompense toutes ces années de travail et c’est ce que je retiens. Ca paye et ça, c’est top !"
Credit : Y.Zedda/RDR2018
Première grande victoire en solitaire
Deuxième derrière Alex Thomson quasiment d’un bout à l’autre de cette Route du Rhum courue dans des conditions particulièrement dures et éprouvantes, Paul Meilhat a notamment tenu à distance l'Imoca équipé de foils de Yann Eliès. Compte tenu de la pénalité de 24 heures infligée par le jury international à Alex Thomson (Hugo Boss) pour avoir démarré son moteur suite à son échouement, c’est donc le skipper de SMA qui remporte cette 11ème Route du Rhum chez les IMOCA.
Après plusieurs victoires en double, avec Michel Desjoyeaux ou Gwénolé Gahinet, Paul Meilhat signe sa première grande victoire en solitaire.
Equipé de dérives droites, l’Imoca SMA est le premier monocoque de 60 pieds double vainqueur de la Route du Rhum.
Ses mots à l'arrivée : "le goût de l’épuisement"
Paul Meilhat : « Cette victoire a le goût de l’épuisement. On a tous vachement donné surtout les cinq derniers jours. C’est aussi le goût de quatre années à bosser comme un dingue sur ce bateau avec l’équipe. Il y a une espèce de communion avec ce bateau.C’est la première grande course en solo que je remporte. Cela récompense toutes ces années de travail et c’est ce que je retiens, ça paye et ça, c’est top ! Je ne réalise pas encore mais les gens sont heureux et je suis heureux de les voir après 12 jours de mer. »
Qu’est-ce que ça fait de gagner la Route du Rhum ?
Paul Meilhat : « Je n’ai pas encore trop réfléchi, mais c’est ma première victoire sur une grande course en solitaire, c’est super. Il y a eu de petites courses, de grandes courses en double, et en gagner une si grande, sur ce bateau, ça me ramène surtout à tout le boulot d’équipe qui a été fait sur ce bateau. Le travail, ça paie, c’est ce que je retiens. Et je me sentais capable de faire une belle course.Votre état d’esprit a changé quand vous avez compris que vous alliez jouer pour la victoire ?
Paul Meilhat : « Jouer le podium et jouer la gagne, ce n’était pas tout à fait pareil, la pression est montée. Ça m’a bien boosté en début de journée. Puis, au début du tour de l’Île, je n’ai pas pris les choses dans le bon sens.Il a fallu que je me calme, que j’oublie l’enjeu et que je pense à bien naviguer. Puis, comme les autres, je suis tombé dans le dévent de la Guadeloupe, mais comme tout le monde s’y arrête… Celui qui a inventé la Route du Rhum et a pensé à nous faire passer là, c’est qu’il n’avait pas fait la course
A propos d’Alex Thomson : "Il s’en sort bien au final"
« La mésaventure d’Alex, ça nous a refroidis parce qu’on attaquait comme des furieux. Ce sont des moments pas faciles. On va en parler entre nous. Il s’en sort bien au final, car 100 mètres plus loin, ça aurait pu être pire. Quand on se met dans des états de fatigue comme on fait, ça peut coûter cher.Moi je suis un grand fan d’Alex. Il fait des courses incroyables, ses options, sa vitesse, son style et c’est un mec super sympa. Je suis content qu’il aille bien et que son bateau ne soit pas à mettre la poubelle.
Ce qu’il faut retenir, c’est le talent qu’il a. Il faut rendre compte de ce qu’il a fait sur la course. C’est lui le personnage extraordinaire, qu’il ait gagné ou non. Ça fait vraiment du bien d’avoir des mecs comme ça avec nous sur des lignes de départ »
Vous avez le sentiment d’avoir fait la course parfaite ?
Paul Meilhat : « Je pense que la course parfaite n’existe pas, mais je suis content parce que j’ai réussi à tenir les routages, je n’ai pas fait de grosses erreurs mais, à la fin de ce cycle de quatre années, je réalise que j’ai beaucoup appris sur le bateau, sur la façon de naviguer, sur moi… Je me sentais vraiment bien sur cette course.Quelle serait, pour vous, l’année parfaite pour 2019 ?
Paul Meilhat : « Ce serait de continuer à progresser dans mon objectif : être au départ du Vendée Globe 2020. Et pour y être dans de bonnes conditions, il faudrait que je passe l’année à développer le projet. Je suis ouvert à toute proposition. On peut encore ouvrir un bateau neuf, modifier celui-ci est tout à fait possible."Temps de course : 12 jours, 11 heures, 23 minutes et 18 secondes de course, à 11,83 nœuds de moyenne (sur l’orthodromie). Au total, il a parcouru 4451 milles à la moyenne de 14,87 nœuds (sur l’eau).
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Par la rédaction
Sources : Rivacom - L.Dacoury