Cette nuit, c’était le branle-bas de combat à bord de PRB. Le bateau a décroché à plusieurs reprises alors qu’il était sous spi avec un ris dans la Grand-Voile, se couchant sur le flanc et déviant brutalement de sa trajectoire. Il aura fallu environ trois heures à Vincent Riou pour pouvoir remettre le monocoque sur la bonne route.
Credit : B.Stichelbaut
Dans ces manipulations, le skipper a perdu son spi (voile déchirée) et navigue désormais sous gennaker à 800 milles de l’arrivée.
Si le bateau a décroché à plusieurs reprises, c’est que Vincent navigue depuis le Golfe de Gascogne et la deuxième nuit de course sous pilote en mode compas. Lors du franchissement du premier front, le skipper pense avoir pris la foudre et sa centrale de navigation a été endommagée. Il n’a plus d’information de vent et progresse avec un pilote sur lequel il ne peut programmer qu’un cap. Habituellement, en mode vent, le pilote régule et optimise la trajectoire du bateau en fonction d’un angle par rapport au vent défini par le skipper.
En mode compas, Vincent Riou doit régler en permanence le pilote quand il ne barre pas. Depuis cette avarie, il navigue donc les yeux rivés sur ses voiles et dort par tranche de 10 minutes. Le skipper de PRB reste concentré sur la fin de course qu’il prévoit difficile. Son arrivée à Pointe à Pitre est prévue vendredi en fin de journée heure locale (dans la nuit de vendredi à samedi heure française). Il est toujours 3e.
Vincent Riou :
« C’est le plus gros vrac de ma vie en IMOCA ! Ça s’est passé vers 7h TU (8h heure française) ce matin, un peu avant le lever du jour. Le vent a bougé en direction mais j’étais avec mon pilote en mode compas. Une alarme s’est déclenchée pour m’avertir que le bateau ralentissait trop mais c’était trop tard. J’avais le spi en cocotier dans l’étai. J’ai réussi à défaire le spi une première fois puis j’ai voulu empanner pour me remettre sur la route.Et je suis parti au tas assez violemment. J’ai à nouveau réussi à remettre le spi en ordre et à reprendre la route. Mais il y a eu une nouvelle variation et le bateau s’est à nouveau couché ! Et c’est là que j’ai vu que le spi était ouvert en deux ! C’était une situation compliquée, le bateau est reparti au tas de l’autre côté.
En affalant le spi, j’ai vu qu’un bout de la voile était resté accroché en haut de l’étai de J2. Partir trois à quatre fois au tas dans la nuit noire, c’est dur à gérer. C’est parti violemment à chaque fois. Je ne sais pas comment je peux encore avoir tout sur le bateau ! C’est sûr il y a eu des grosses accélérations en tête de mât avec tous ces mouvements. Mais ça me pendait au nez qu’il m’arrive un truc pareil. J’étais crevé. Heureusement, j’avais pris un ris dans la Grand-Voile juste avant car ça commençait à souffler fort. Ça m’a permis de ne pas casser mes lattes de Grand-Voile. »
Au sujet du problème de pilote automatique :
« Ce qui s’est passé cette nuit est lié au fait que j’ai des soucis avec ma centrale de navigation. J’ai tout perdu dans le Golfe de Gascogne au moment du premier front. Depuis, je navigue avec mon pilote en monde compas et non en mode vent. C’est usant.J’ai navigué jusque-là avec les yeux rivés sur mes voiles pour essayer de régler au mieux le bateau. Je n’ai tout simplement plus d’informations de vent ! Cela me contraint à dormir très peu, je me repose par tranche de 10 minutes. Je ne me souviens pas avoir souvent titillé les limites comme cela. Mais je vais me battre. Rien n’est joué jusqu’à l’arrivée ! »
ROUTE DU RHUM - CLASSEMENT A 15h45
1- Alex Thomson – Hugo Boss : 651,7 nm (distance au but)2- Paul Meilhat – SMA : 188,4 nm (distance au 1er)
3- Vincent Riou – PRB : 219,9 nm
4- Yann Eliès – UCAR StMichel : 235,7 nm
5- Boris Herrmann – Malizia 2 Yacht Club de Monaco : 305,6 nm
Source : Effets Mer