Ils s'élanceront ce dimanche à 14 heures. Les 123 marins prendront le départ de la Route du Rhum 2018, 11ème du nom. Météo soutenue et délicate, les solitaires devront faire face à des conditions musclées pour l'entame de course. Jérémie Beyou, Vincent Riou, Louis Duc, Thibaut Vauchel racontent.
Credit : A.Courcoux
Jérémie Beyou (IMOCA, Charal) : "pas d’échappatoire"
« Pour la journée de mardi, il n’y a pas d’échappatoire, il faut se préparer à naviguer longtemps dans du vent et de la mer très forts et faire attention au bateau…J’aurais certainement un peu plus de stress que d’autres. Quoique pour l’instant, je n’ai pas eu de problème avec mon bateau, il me rassure plus qu’autre chose. On sait qu’il a un gros potentiel. Ensuite, trouver le rythme élevé longtemps sera autre chose. »Vincent Riou (IMOCA, PRB) : "Il n’y a pas de solution soft"
« On a une instabilité qui rappelle beaucoup les phénomènes qu’on a eu dans la Route du Rhum 2002, donc creusement dépressionnaire dans la traine derrière le front. La route qui pourrait paraitre celle de la sécurité est encore plus dangereuse que la route qui fait passer par le large. On sait qu’on y trouvera 6 à 8 mètres de creux et 35-40 nœuds de vent mais pas plus. Ce n’est pas si simple !Il n’y a pas de solution soft, ce sera forcément musclé. Clairement, les IMOCA sont, de loin, les bateaux les plus adaptés pour aller naviguer dans ces conditions-là. C’est pour ça qu’aujourd’hui nous sommes tous un peu stressés, un peu tendus mais il n’y a pas de panique. »
Thibault Vauchel Camus (Multi50, Solidaires en Peloton-Arsep) : "ne pas traîner"
« Ce sera un début de course velu, maintenant, nous, les bateaux rapides, on a la chance d’avoir une issue de secours. De pouvoir faire du Sud et d’aller chercher La Corogne ou le Portugal. Se donner le moment où on peut aller rechercher le front en gagnant dans l’Ouest quand on jugera que c’est moins violent. Mais il ne va pas falloir traîner. »Louis Duc (Class40 Carac) : "Il ne faudra pas hésiter à s’arrêter"
« Il va falloir passer cette première semaine, donc naviguer en bon marin. J’ai beaucoup navigué dans de grosses conditions, j'ai eu 60 nœuds à Madère et je suis récemment sorti par 45 nœuds pour justement rencontrer de telles conditions.Je suis prêt pour ça, il faudra mettre la course entre parenthèses, la performance de côté, bien choisir les endroits où on veut passer en fonction de l’état de la mer et il ne faudra pas hésiter à s’arrêter. Ça ne sert à rien de prendre des risques. Ce qui est compliqué, c’est la répétition des chocs, on ne sait pas trop comment les bateaux vont réagir .»
Jean-Luc Nélias, routeur de Thomas Coville (Sodebo Ultim’) : "sortir les piolets !"
« On va sortir les piolets ! Ils partent avec du vent de Sud, donc un reaching à fond de balle spectaculaire dès le départ. Ensuite, nous avons une petite dépression secondaire à gérer. On ne sait pas où elle va se situer exactement : en Cornouaille britannique ou dans le golfe de Gascogne. Selon sa position, tu peux passer au-dessus au portant ou dessous, ce qui change pas mal la donne.Si on passe au portant, c’est compliqué, il faut changer de voile, le vent sera rafaleux, c’est un peu dangereux sous gennaker. Il vaudrait mieux qu’on passe dessous, au près, avec un virement de bord, ce serait plus simple. Pour nous, ce passage, ce sera la première nuit, bien avant minuit, on sera déjà à 60 milles dans l’Ouest de Ouessant. Donc ça démanche très vite ! »
Source : Route du Rhum