Après quatre semaines de mer, François Gabart est parvenu à se replacer à l’avant d’une dépression et à reprendre de la vitesse dans la dernière partie du Pacifique Sud. Le skipper du trimaran MACIF prévoit un passage du Cap Horn entre dimanche soir et lundi matin. "Je kiffe ces mers du Sud mais c’est toujours pareil : quand tu arrives à la fin, tu es content d’en sortir."
Credit : JM Liot
Pouvez-vous nous décrire vos conditions dans le Pacifique Sud ?
François Gabart : « Actuellement, il y a 35-38 nœuds : le vent vient de rentrer depuis peu, la mer n’est pas trop mauvaise, je file entre 30 et 45 nœuds. Ce n’est pas facile d’avoir une vitesse régulière, j’essaie de faire au mieux, mais je ne vais pas me plaindre, car ça va dans le bon sens et plutôt vite. »
Quels sont les points de vigilance dans ces conditions ?
FG : « Quand il y a du vent fort, tu essaies d’abord de ne pas mettre le bateau à l’envers, donc là-dessus, je suis vigilant : j’ai les écoutes pas loin, prêtes à être choquées, avec également le système de largage automatique qui fonctionne. Sinon, ce qui est chaud, ce sont les chocs dans les vagues : dans ces conditions, l’objectif absolu et le plus dur, c’est d’avoir la vitesse la plus stable possible, parce que quand ça va très vite, à un moment donné, tu t’arrêtes dans une vague et le bateau passe sous l’eau, c’est assez violent. L’objectif est donc d’aller vite en moyenne, mais sans faire de pointes. Sinon, je fais régulièrement le tour du bateau pour voir s’il n’y a pas des pièces qui ont bougé. »
Physiquement, comment vous sentez-vous ?
FG : « J’ai réussi à bien me reposer la nuit dernière, donc la fatigue, ça va. Par contre, je fais gaffe au niveau musculaire car je sens que ça tire, notamment au niveau du cou. J’essaie de bien m’étirer, parce que mine de rien, j’en suis à quelques semaines de navigation et je me fais un peu chahuter depuis quelques jours. »
Comment se présente la fin du Pacifique avec le passage du Cap Horn en ligne de mire ?
FG : « Plutôt pas mal. J’essaie de ne pas me réjouir trop tôt et de rester concentré, mais a priori, si tout se passe bien à l’avant de la dépression, c’est un tout droit jusqu’au Cap Horn. Les prochaines heures vont être importantes : si j’arrive à rester devant la dépression, la mer ne devrait être pas trop mauvaise, j’espère que ça va être comme ça jusqu’au Horn. Comme toujours à droite, il y a des glaçons, on ne va prendre aucun risque, J’envisage le passage du Cap Horn au plus tôt dimanche en fin de journée, vers 18 heures, au plus tard lundi matin. »
On imagine que vous êtes pressé d’y être…
FG : « Carrément ! Je kiffe évidemment ces mers du Sud, c’est exceptionnel de naviguer là, mais c’est toujours pareil : quand tu arrives à la fin, tu es content d’en sortir. J’ai super hâte de retrouver l’Atlantique, des coins un peu plus chauds et tout simplement de me rapprocher de la ligne d’arrivée, parce que j’ai un chrono qui tourne ! Après, je sais que c’est loin d’être fini, que ça va être dur et que l’Atlantique sera semé d’embûches, mais ça n’empêche que le Cap Horn est un endroit hautement symbolique, j’ai hâte d’y être. »
A 17h30
Avance : 913 milles
Milles parcourus en 24 h : 783
Vitesse moyenne sur 24 h : 32,7
Par la rédaction
Source : Windreport