Après avoir ralenti sa progression et fait le dos rond pour laisser passer devant lui le plus gros de la tempête plantée sur sa route dans l’océan Indien afin de préserver au mieux sa machine, Yann Eliès est désormais sorti d’affaire. Après avoir composé avec des vents jusqu’à 40 nœuds et une mer démontée, le skipper retrouve des conditions plus maniables. Le voilà de nouveau à l’attaque. Le reste de la flotte n'a pas été épargnée et les avaries se sont multipliées. La dépression va toucher, cette nuit, Sébastien Josse sur Gitana 16.
Credit : A.Courcoux
Comment ça va aujourd’hui ?
Yann Eliès : « J’ai passé la nuit sous deux ris J3, finalement assez tranquillement. Ce matin, j’ai renvoyé de la toile et ça bombardait bien mais la mer n’était pas rangée. J’ai donc relevé un peu le pied mais, à présent, la mer est en train de se calmer. Je vais donc pouvoir attaquer.
Nous sommes dans le dur car, comme toujours, dans la première moitié de l’Indien, les inévitables avaries se succèdent, malheureusement. Le truc, c’est que ça risque d’être encore plus vrai cette année puisque nous n’avons pas eu l’écrémage habituel dans le golfe de Gascogne. Je pense qu’il faut s’attendre, dans les jours qui viennent, à voir pas mal de soucis techniques apparaître sur les bateaux. "
Les conditions que vous avez rencontrées ces dernières 24 heures ont-elles été très compliquées ?
Yann Eliès : « Ce qui m’a le plus gêné, c’est l’état de la mer, hier après-midi. Il y avait 20-25 nœuds de vent mais il y avait une mer de face et je ne pouvais pas attaquer car dès que je mettais un peu de charbon, le bateau s’envolait, tapait et j’avais peur de tout péter. Quand la mer s’est rangée, le vent est rentré et, finalement, ce n’est pas monté si fort que ça. Au maximum, j’ai eu 40 nœuds. Il faut faire gaffe et avancer prudemment pour ne pas abîmer la machine. Ce n’est pas évident de trouver le bon rythme.
Hier, je me disais que j’aurais pu couper le fromage un peu plus car j’ai quand même perdu pas mal de distance par rapport aux autres en me ralentissant. J’aurais peut-être pu mettre un peu plus de sud dans ma route car aujourd’hui, D’un point de vue comptable, ce n’est pas terrible mais d’un point de vue fatigue du bonhomme et du matériel, c’est plutôt positif car le bateau est en bon état. On a évité le plus gros de la tempête et on va pouvoir continuer notre route sans avoir à bricoler. »
Vracs en série sur la flotte
Conrad Colman fut le premier à en subir les mauvaises humeurs : une brève panne de pilote et Foresight Natural Energy se retrouvait au tapis, entraînant le gennaker à l'eau et plusieurs heures de combat pour le skipper avant de remettre tout en ordre pour reprendre le cap à l'Est. (A visionner, ici)
Quasiment la même histoire pour le Hongrois Nandor Fa qui a vu Spirit of Hungary se coucher dans un départ au lof sous la combinaison d'une brutale rafale et d'une vague scélérate : la voile d'avant s'est déchirée sous l'impact et le solitaire a dû s'en débarrasser au couteau !
Puis Arnaud Boissières (La Mie Câline) a constaté après un empannage sauvage que son chariot de têtière de grand-voile était touché, une avarie similaire à celle qui avait quelques heures auparavant touché Jérémie Beyou (Maître CoQ) au milieu de l'océan Indien.
Cap Leeuwin cette nuit
Le duo de tête continue son mano a mano entre le Breton Armel Le Cléac'h (Banque Populaire VIII) et le Gallois Alex Thomson (Hugo Boss) qui vont franchir la longitude du cap Leeuwin (Sud-Ouest de l'Australie) cette nuit. Mais c'est Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) qui va vivre aussi une très mauvaise nuit avec l'arrivée de la dépression tropicale dans son tableau arrière.
À 15H00
1 Armel LE CLÉAC’H BANQUE POPULAIRE VIII
2 Alex THOMSON HUGO BOSS à 38.97 nm
3 Sébastien JOSSE EDMOND DE ROTHSCHILD à 587.03 nm
4 Paul MEILHAT SMA à 1143.04 nm
5 Jérémie BEYOU MAITRE COQ à 1408.41 nm
Par la rédaction
Sources : Rivacom - Mer et Media