C’est ce matin à 5h43 (HF) que Sodebo Ultim’ a franchi l'équateur pour la deuxième fois sur ce Tour du Monde. Thomas Coville devient l'homme le plus rapide en solitaire sur un maxi multicoque. Il améliore de 6 jours 11 heures 23 minutes le temps de Francis Joyon détenu depuis le 20 janvier 2008. De Ouessant à l’Equateur, Thomas Coville a parcouru 23 583 milles à une moyenne de 23.61 nœuds soit en 41 jours 14 heures 53 minutes 8 secondes. Epoustouflant ! Mais le bateau et le corps s'usent : "J’ai été malade dans l’Océan Indien avec une grosse infection au genou que j’ai réussi à palier avec des antibiotiques. " ITW
Crédit : Th Coville (Vidéo)
Une grosse infection au genou
« Je vois bien que le bateau commence à avoir de l’usure. Le challenge c’est d’anticiper et bien maintenir le matériel. C’est ma responsabilité. La météo sur la fin de parcours sera virile. Il va falloir tenir et gérer de la grosse mer et du vent fort.
Ma dernière angoisse, c’est le côté physique. J’ai été malade dans l’Océan Indien avec une grosse infection au genou que j’ai réussi à palier avec des antibiotiques. Avec la fatigue, tu peux te blesser.
Après 40 jours où tu tires sur ton physique, tu as peur que ça lâche avec la fatigue. Après 40 jours, les manœuvres sont plus dures. A un moment donné, tu as peur de la blessure, de la tendinite. Tout cela tient aussi au mental. C’est cette partie qui fera sûrement la différence à la fin. »
Cette nuit, ça été plus difficile
« J’ai passé l’Equateur cette nuit à 5 heures du matin votre heure. C’est un passage toujours délicat. A l’aller, j’ai été extrêmement chanceux et je suis passé comme une fleur. Cette nuit, ça été plus difficile.
Je n’ai pas dormi car il y avait beaucoup de grains très actifs avec de grosses averses et des zones de calme. J’ai trouvé la bonne configuration de voiles sur Sodebo Ultim’. Et je me suis fait plaisir à jouer dans les grains.
Alors que le pot au noir est un endroit anxiogène, je me suis fait plaisir dans ces dernières 24 heures. J’étais au reaching, avec des sensations de glisse pure. J’ai même réussi à prendre une douche sous les grains. »
Une grosse dépression hivernale à gérer
« La remontée dans l’alizé va être virile et très difficile avec une houle de face. Plus tu avances et plus tu approches du but, plus tu oublies l’avance et plus tu es conscient de la fragilité liée à la météo et aux avaries intérieures et extérieures. Je me sens plus dans cet état d’esprit, avec cette pression d’être sur le qui-vive, plutôt que dans la projection de l’arrivée. Devant il y a des vents de 45 nœuds avec une grosse dépression hivernale qu’il va falloir gérer. Jusqu’à l’arrivée je serai dans la gestion de l’instant. »
Pas beaucoup de repos
« Avec les 50 nœuds au large de l’Uruguay et les calmes du petit temps avec beaucoup d’empannages, il a fallu se démener. Un vrai job d’athlète ! C’est au-delà du pilotage et de la stratégie, il faut mouliner sur les winchs et porter des voiles qui sont très lourdes. C’est vraiment un engagement physique.
Quand j’ai viré de bord au niveau de Rio pour pointer les étraves de Sodebo vers le nord, c’était symboliquement la fin du petit temps. J’ai voulu tout de suite aller de nouveau vite et me mettre dans cette situation mentale. Tout cela ne laisse pas beaucoup de repos. Le seul repos est dans la gestion quotidienne de bien s’hydrater, de se nourrir et de dormir quand on peut. Il va falloir que je gère la fatigue. »
Temps de Sodebo Ultim' à 11h45 (HF)
DISTANCE PARCOURUE SUR 24H : 416 NM
VITESSE MOY. SUR 24H : 17.3 NDS
Premières ETA pour Sodebo Ultim' à Ouessant : entre le 26 et le 28 décembre.
Trois nouveaux records pour Thomas Coville
Depuis le 6 novembre, Sodebo Ultim’ a décroché trois records en solitaire (sous réserve d'homologation et de ratification par le WSSRC - World Sailing Speed Record Council)
Record de l'Océan Indien (Cap des Aiguilles/Tasmanie) : 8j 12h 19m
Record de l'Océan Pacifique (Tasmanie/Cap Horn) : 8j 18h 28m 30s
Record Equateur-Equateur : 35j 21h 38m 6s
Depuis le début de son tour du monde en solitaire, le solitaire a parcouru 23 583 milles à la vitesse moyenne de 23.61 nœuds. Ce matin, il est positionné à 3200 milles de l’arrivée.
par la rédaction
Source : A Bourgeois