Vendée Globe / Du mat aile aux foils, la jauge IMOCA, en pleine révolution, ne manque pas d'évolutions !

C’est le grand débat de cette huitième édition du Vendée Globe. Foil ou pas foil : là est la question. Sur le papier, ces appendices permettent de sustenter le bateau comme s’il était plus léger. Mais qui dit avantages, dit inconvénients : ces dérives-­foils sont moins efficaces contre le vent et au vent arrière et n’ont d’effet de vol qu’à partir d’une douzaine de nœuds de vent réel. Le tour du monde va donc lever le voile sur cette incertitude : faut­-il effleurer la mer avec un bateau le plus léger possible ou faut-­il voler au-­dessus de l’océan ?


Crédit : Y Zedda / BPCE


109 jours en 1989
Depuis trente ans, les voiliers des tours du monde en solitaire ont subi plusieurs révolutions architecturales. D’abord pour des raisons de sécurité, ensuite pour s’adapter à une jauge de plus en plus contraignante. Mais pour autant, leurs performances n’ont fait que grimper au fil des éditions du Vendée Globe : lors du premier tour du monde sans escale, le vainqueur Titouan Lamazou avait mis 109 jours huit heures quand François Gabart détient le temps de référence depuis 2013 avec 78 jours deux heures… 25% de vitesse en plus pour un parcours désormais près de 20% plus long !

Pour le premier Vendée Globe 1989­-90, aucune réelle contrainte architecturale n’existait si ce n’est la longueur de coque mais au fil des éditions, la domination des « luges » larges, peu lestées mais énormément ballastées et surtoilées a dû être remise en question suite à l’édition dramatique de 1996­-1997 : trois chavirages (Dinelli, Bullimore, Dubois) et la disparition de Gerry Roufs.


Nombreuses innovations
Et s’ils deviennent ainsi plus « raisonnables » avec une jauge IMOCA qui prend en compte la stabilité latérale et l’embarquement d’un matériel de sécurité plus adapté, les 60 pieds ne s’en laissent pas compter côté innovations. En 1996, Yves Parlier s’élance avec le premier mât aile autour du monde. Dès 2000, Michel Desjoyeaux s’impose avec une quille pendulaire qui permet d’augmenter la raideur à la toile. Puis viennent les dérives asymétriques, la multiplication des ballasts, les énormes progrès de la prévision météo avec les fichiers Grib et le routage embarqué, les tissus à voile indéformables, les constructions en carbone pré­ imprégné.

Les voiliers IMOCA passent alors sous la barre symbolique des cent jours en 2001, font le tour
du monde en moins de 90 jours en 2005, puis en moins de 85 jours en 2009 et en 78 jours en
2013 ! Pourtant les contraintes de jauge sont de plus en plus drastiques aujourd’hui et les
architectes se succèdent aux avant­-postes : Finot ­Conq, Lombard, Owen­ Clarke, Farr,
Kouyoumdjian, puis VPLP­ Verdier. Avec des carènes aux formes de plus en plus tendues et
aux étraves de plus en plus rondes pour accroître encore la stabilité latérale.


La folie des foils pour 2016
Aujourd'hui, un certain nombre d’éléments du puzzle qui constitue un 60 pieds IMOCA est « standardisé » (mât, quille) et le volume des ballasts limité. Mais les designers imaginent alors d’adjoindre des dérives­-foils pour sustenter les coques et gagner encore en puissance et en vélocité : six nouveaux bateaux (Gitana 16, Banque Populaire VIII, Safran, St Michel Virbac, No Way Back, Hugo Boss) sont ainsi construits et équipés de ces nouveaux appendices et un « ancien » (Maitre Coq) a été modifié pour les intégrer.


Version 2 
Après leurs premiers essais, tous les bateaux à foils sont équipés d’une version 2 mais chacun y a apporté sa touche, l’objectif étant de jouer sur le curseur des performances : plus à l’aise au près, plus puissant au vent de travers, plus cabré au portant… Le gain de puissance apporté par les foils est conséquent particulièrement entre 70° et 120° du vent réel, avec un bonus vitesse allant jusqu’à deux nœuds par rapport à un monocoque IMOCA « classique » sans foils.

Cette nouveauté architecturale est donc désormais au point après plus d’une saison d’essais mais le débat reste ouvert sur un tour du monde en solitaire sans escale : qui entre les bateaux qui survolent l’eau avec leur foils et les voiliers qui effleurent les mers grâce à leur légèreté, s’imposera après deux mois et demi de navigation ? La question reste ouverte.

Par la rédaction
Source : Mer et Media