C’est une histoire qu’Armel Le Cléac’h se remet à écrire tous les quatre ans. Le skipper de Banque Populaire VIII s’attaque dimanche 6 novembre à son troisième Vendée Globe. Après deux places de deuxième, il repart avec un seul objectif : finir enfin premier de ce tour du monde !
Credit : Y.Zedda
"Je me rappelle très bien de ce 27 janvier 2013"
« Mon dernier chapitre sur le Vendée Globe est encore douloureux. Forcément, ce n’était pas cette fin que j’avais imaginée il y a quatre ans. Je me rappelle très bien de ce 27 janvier 2013. C’était un dimanche, il était tard, il faisait noir. Je me revois entrer dans le chenal des Sables d’Olonne. Je suis surpris par le monde. Il y a des gens partout, à gauche, à droite, devant, derrière.
Je suis deuxième du Vendée Globe, mais le public m’accueille comme si j’étais le vainqueur ! Ça chante, ça crie, ça applaudit, l’ambiance est dingue, je me sens tout petit ! A ce moment-là, tout un tas de sentiments se mélange. Je suis à la fois rincé, heureux et déçu. Je suis fatigué de mes 78 jours en mer, sans confort. Mentalement aussi, je suis épuisé par ces mois de solitude.
Je suis content de retrouver mes proches, la vie à terre, un vrai lit, une vraie douche, un vrai plat. Et puis j’ai la rage de ne pas avoir gagné. J’ai un peu plus de 3 heures de retard sur François Gabart, le vainqueur. C’est peu sur 78 jours, c’est dur, c’est rageant, mais c’est la loi du sport. »
"Si j’y retourne, c’est à 200 %"
« Trois semaines après, j’ai déjà envie de repartir. Le temps de digérer, de positiver, de prendre conscience que c’est quand même gigantesque de terminer deuxième d’un Vendée Globe. Le temps aussi d’en parler autour de moi. Ce n’est pas une décision que l’on prend à la légère, il y a trop d’investissement personnel. Mon message était clair, je me disais : si j’y retourne, c’est à 200 %.
Parfois je me demande si je suis plus fort. Je ne sais pas. En tout cas, je me sens plus armé. De mes deux Vendée Globe, j’ai appris des choses. J’ai compris là où je pouvais encore m’améliorer en termes de navigation et de stratégie. Pour moi, le Team Banque Populaire c’est comme une écurie de Formule 1. Chacun a son rôle, chacun est indispensable. C’est une question de détails, d’optimisation. Notre bateau est incroyable de technologie, et chaque petit réglage a son importance.
"J’ai la gagne en moi"
C’est quelque chose que j’ai toujours eu, dès mes premiers bords, en Optimist, à 7 ou 8 ans à SaintPol-de-Léon, dans le Finistère. Je voulais toujours être devant. Sur l’eau, je me transcende. C’est comme ça, j’aime la compétition, j’aime la stratégie. C’est cela que nous recherchons avec Banque Populaire, à performer partout, tout le temps.
Le Vendée Globe, c’est le Graal. Mon tout premier souvenir remonte à 1989, la première édition. Je me rappelle, j’avais un agenda sur lequel je faisais une croix lorsqu’un skipper abandonnait. Je revois encore l’arrivée du vainqueur Titouan Lamazou. Cette fois, c’est moi qui ai l’occasion d’inscrire mon nom au palmarès. J’ai conscience de faire partie des navigateurs attendus, j’assume ce statut. Après, la bataille se fera sur l’eau, et croyez-moi, j’ai vraiment hâte d’y être ! »
par la rédaction
Source : Mille et Une Vagues