À la barre de son IMOCA, le skipper de Maître CoQ a appris à perdre et à gagner. Il a surtout compris que sa grande exigence et sa résistance au mal représentaient ses atouts majeurs. Skipper confirmé, Jérémie Beyou n’a oublié ni les échecs, ni les victoires arrachées avec les tripes. Et lorsqu’il va se présenter sur la ligne de départ de son troisième Vendée Globe, ce n’est pas pour se souvenir de ses deux abandons sur casse mais pour prétendre sérieusement à la victoire.
Credit : F.Van Malleghem
Dix mille idées à la minute
Chez lui, jamais rien n'est laissé au hasard. Il vit son bateau et respire sa course, la tête remplie de projets et de solutions qui visent l'efficacité maximale. « J’ai dix mille idées à la minute, lance-t-il. Avant je n'arrivais pas à faire le tri et je balançais tout en vrac sur la table. Aujourd'hui, je sais donner à mon équipe le cap et les ressources nécessaires. Tout cela s'apprend à travers les échecs et en observant comment cela fonctionne ailleurs ». Jérémie Beyou observe, dissèque en silence et prend à chaque fois une taille de plus.
Grâce au bateau familial né des mains du père, et à l'Optimist comme premier jouet, Jérémie Beyou découvre l'élément marin et s'y sent bien. C'est la liberté mais avec des règles. « Tu peux faire plein de choses mais pas n'importe comment. Et pour un enfant, c'est important ! J'ai appris à être autonome », dit-il. Un premier stage d'Optimist lui ouvre les yeux sur un monde qui est déjà le sien. Les pontons, le port, la plage, la pêche... c'est sa maison.
Trois victoires sur La Solitaire
Aujourd'hui, Beyou compte 20 ans de Figaro au compteur et surtout trois victoires sur une course qu'il dit être celle qu'il affectionne le plus. Car le skipper est un marin multicarte. L'IMOCA, c’est venu plus tard par l'intermédiaire de Vincent Riou. « Après la Jacques Vabre avec Vincent, je me suis dit que j'étais peut être capable de le faire aussi ».
Dur au mal
Jérémie Beyou se dit exigeant sans être capricieux, mais aussi discipliné et dur au mal. En termes de temps passé en mer et d'intensité de séances de préparation physique, il peut s'imposer des cadences que bien d'autres seraient incapables de suivre.
Il sait aussi qu'il n'a pas la langue dans sa poche. « Ça me joue des tours parfois mais la langue de bois m'insupporte, reconnaît-il. J'ai beaucoup appris. Cela fait quatre ans que Maître CoQ me suit. Entre nous c'est une discussion, une histoire de compromis. Le deal de base c'est que j'amène les résultats sportifs mais que le retour qui m'est demandé n'interfère nullement sur le résultat ». Un respect mutuel qui porte ses fruits.
Par la rédaction
Source : I.Delaune