ITW / Retour à La Trinité après le Trophée Jules Verne, les marins de Spindrift 2 se souviennent

Après avoir franchi la ligne d’arrivée du Trophée Jules Verne, Spindrift 2 est rentré à la maison. Le trimaran a rallié son port d’attache à La Trinité-sur-Mer hier vers 23h, accueilli chaleureusement par plusieurs centaines de spectateurs. Autour de Yann Guichard et Dona Bertarelli, les marins prennent la parole et reviennent sur leur superbe périple de 47 jours et 10 heures.


Yann Guichard et son équipage chaleureusement acclamés à leur arrivée à La Trinité !
Credit : Th.Martinez/Spindrift

Xavier Revil, Chef de quart, 2ème tour du monde, détenteur depuis 2012
« Le bateau a été modifié par Spindrift racing, il a beaucoup progressé, il est plus nerveux car plus léger. Ça lui a donné des ailes dans le petit temps. Et qu’est ce qu’on en a eu du petit temps ! Trop, à notre goût.

Le passage du cap Horn restera mon moment fort de ce tour du monde. On l’a vu, on est passé tout près. C’est un caillou mythique, le paysage sous le soleil était impressionnant, on voyait même des glaciers qui venaient presque lécher la mer. On n’a pas vu de glace par contre, contrairement à il y a quatre ans. Mais ce n’était pas plus mal, ça ne nous a pas manqué ! »


Thierry Duprey du Vorsent, Barreur-régleur, 3ème tour du monde et détenteur depuis 2012
« Le bateau a bien évolué en quatre ans. Dans le bon sens, notamment dans les phases de transition. On n’a pas été gâté par la météo, dans le Pacifique, on a subi la même chose qu’il y a quatre ans. À bord, l’équipage était moins habitué au large que sur Banque Populaire V, cela nous a apporté une approche différente, des réglages par exemple. 

J’étais content de partir, je suis content d’arriver mais je serai content aussi de repartir. Le bateau et l’équipage ont la capacité de battre ce record. Pour moi, ce n’est que partie remise et je repartirai pour un tour avec grand plaisir. »


Sébastien Audigane, Chef de quart, 5ème tour du monde
« C’est mon cinquième tour du monde et mon deuxième en un an puisque j’ai aussi fait la Barcelona World Race (tour du monde en double). J’ai passé deux fois le cap Horn en 2015 ! J’avais navigué sur ce bateau en 2009 mais faire le Trophée Jules Verne avec ce bateau encore optimisé et avec une belle équipe, c’est bien agréable. Le bateau a été beaucoup allégé et on sent qu’il est plus véloce. Mais nous n’avons pas eu beaucoup de chance d’un point de vue météorologique. »


Christophe Espagnon, Barreur-équipier d’avant, 1er tour du monde
« Pour moi, c’est un premier tour du monde bouclé, une première expérience de colocation en espace restreint. Il y a des moments durs mais c’était vraiment agréable pour moi. J’ai envie d’y retourner, ne serait-ce que pour voir les belles et longues houles qu’on n’a pas eues. »


Jacques Guichard, Barreur-régleur, 1er tour du monde
« Je suis content de mes voiles (il est maître voilier pour North Sails) ! Nous avons beaucoup manœuvré, j’ai donc croisé les doigts pendant 47 jours, mais on n’a eu aucun souci. C’était assez long quand même mais c’est une expérience à renouveler. C’était une belle aventure, un rêve de gamin, même si j’attendais le record et que je suis donc forcément déçu. On repartira l’hiver prochain ! »


Erwan Israël, Navigateur, 2ème tour du monde
« C’est passé très vite, seulement deux jours trop long… Le temps a commencé à passer plus lentement quand on a su qu’on ne battrait pas le record. Mon poste n’était pas simple, on a eu beaucoup de frustrations à tenter des options qu’on pensait payantes pour finalement finir dans la molle. On a attaqué fort par moments afin de forcer le jeu, mais on a toujours buté sur les systèmes météo. 

Mais je suis globalement content, surtout de mon binôme avec Yann (Guichard) et l’alchimie avec Jean-Yves (Bernot) de qui j’ai beaucoup appris. C’est un tout autre sport que la Volvo Ocean Race ! »


Sébastien Marsset, Équipier d’avant, 3ème tour du monde
« Même sans décrocher le chrono, c’était un beau challenge que je suis content d’avoir relevé avec Spindrift. Là, en mer, je me sens en forme mais je sais qu’une fois à terre, on va ressentir que l’on a passé 47 jours en mer. Le cap Horn a été forcément un moment top et tu réalises que cet endroit n’est pas donné à tout le monde. Au niveau voile, j’ai vraiment été impressionné par le bateau. Sur la fin de la descente de l’Atlantique, on a fait des nuits sous gennaker, au reaching avec des vitesses moyennes aux alentours des 40 nœuds sur de la mer plate. Exceptionnel ! »


Yann Riou, Médiaman, 3ème tour du monde
« Ça va être difficile de résumer 47 jours de mer ! En tout cas, c’était plein de moments forts et pour moi, faire le tour du monde (il a participé à deux Volvo Ocean Race), c’était une première… Ce sont essentiellement de bons souvenirs, même s’il y a un goût de déception de ne pas avoir battu le record. Nous avons vécu une superbe aventure : l’image qui me reste gravée, il y a bien sûr celles (au pluriel) du cap Horn. 

C’était un moment très fort de la course, et je crois pour tout l’équipage parce que le paysage était magnifique et les conditions superbes. Je suis très heureux parce que l’équipage a été top de bout en bout. »


François Morvan, Barreur-régleur, 1er tour du monde
« Content d’arriver, d’avoir bouclé ce tour du monde. À la fin c‘était un peu long, à partir du moment où on a su qu’on ne battrait plus le record. Mais le bateau est agréable, l’équipage est agréable… Ce n’était pas un calvaire non plus ! L’équipage a bien fonctionné. 

Je connaissais déjà bien le bateau, j’ai fait 4 transat avec, c’est un bateau agréable à barrer, qui va vite mais il faut quand même s’impliquer à la barre pour le faire avancer. Il faut trouver les bons réglages, le bon angle de barre. Les moments devant le front avant l’entrée dans l’océan Indien, sur une mer plate, à 32 nœuds sur le bateau qui glissait tout seul, c’était beau ! »


Antoine Carraz, Barreur-régleur, 1er tour du monde
« On est satisfait, particulièrement moi qui m’occupe de la partie technique avec Thierry (Duprey). Le défi était à la fois de battre le record mais aussi que le bateau fasse le tour et je crois qu’il l’a fait et bien fait. C’est une grande satisfaction de le ramener entier au ponton, on a eu quelques moments de doute, on a eu quelques problèmes techniques mais on a su les surmonter à chaque fois. 

C’est une grande fierté pour les gars qui ont bossé sur le bateau depuis deux ans et demi. Ça n’a pas été toujours facile car dès qu’on a un problème, on se dit qu’on va abandonner. Puis on réfléchit aux solutions et on a réussi, avec Sébastien (Marsset) et Thierry, à en trouver à chaque fois, sans ralentir ni perdre de temps et nous permettre de pouvoir continuer en toute sécurité. »


Thomas Rouxel, Barreur, équipier d‘avant, 2ème tour du monde
« Content d’arriver parce que c’est quand même un peu long, mais très content de l’avoir fait sur ce bateau-là et ce projet-là. Le bateau est vraiment exceptionnel, je me suis régalé à chaque fois que je suis allé barrer et l’équipe était top, on s’est vraiment bien marré. 

On a eu des conditions superbes pour le cap Horn, on est passé juste à côté. Pouvoir profiter comme ça de ce caillou mythique, c’était dingue ! Tu peux faire cinq tours du monde et ne jamais le voir. Là, on est passé juste à côté, c’était super beau, on a eu le temps d’en profiter et de le regarder. »


Loïc Le Mignon, Chef de quart, 5ème tour du monde
« J’ai été appelé en dernière minute, j’ai pris le train en route, il a fallu s’adapter assez vite à l’équipage et au bateau. On s’est assez vite rendu compte du potentiel du bateau quand on a battu le temps Ouessant-équateur. Mais après, on a buté dans tous les systèmes qu’on trouvait. Il a fallu se résoudre à subir plutôt qu’à faire les routes qu’on voulait. 

Tout le grand Sud a été compliqué, à chercher les bonnes routes, en allant dans le Sud, dans le froid, les vagues… Et du cap Horn à la remontée on a eu une mer croisée, assez pénible, on n’a même pas pu accélérer un peu. C’est un tour du monde assez frustrant mais on est satisfait car on a fait ce qu’on pouvait. 

L’équipage a bien marché. Les jeunes étaient plutôt habitués à faire avancer vite le bateau, à le régler tout le temps alors que nous, on a l’habitude de faire des tours du monde, donc c’est plutôt sur la longueur qu’on fait le job. On a trouvé un terrain d‘entente, en somme ! 

C’était sympa de passer les îles en ayant des documents qu’Erwan (Israel) avait préparés. D’habitude on passe, on voit un caillou et puis c’est tout. Là il y avait toute la documentation, combien de personnes habitaient là, ce qu’ils y faisaient… »




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Par la rédaction
Source : Spindrift