Le 25 octobre prochain, ils prendront le départ de la 12ème Transat Jacques Vabre. Cap vers le Brésil. A bord de Sodebo Ultim’, Thomas Coville et Jean-Luc Nélias, un duo expert. Portraits croisés.
« Je n’avais jamais navigué avec Jean-Luc avant d’embarquer en 2011 sur Groupama 4 et de remporter avec lui - dirigé par Franck Cammas - la Volvo Ocean Race 2011-2012. Il était navigateur, j’étais chef de quart.
Dans les années 2000, à l’époque des trimarans ORMA, nous étions rivaux. Il était le skipper de Belgacom, une machine très performante. Puis, quand son sponsor s’est retiré, nous nous sommes un peu perdus de vue.
Mais nous avons tissé des liens forts durant ce tour du monde. Il a beaucoup apporté à l’équipe. Il a amené avec lui d’excellents éléments et poussé pour que nous progressions dans le domaine du coaching. J’ai apprécié sa méthodologie en matière de stratégie météo, sa rigueur dans l’analyse des performances.
Connaissance intime de ces machines
Pour moi, il était logique de lui demander de rejoindre le projet Sodebo Ultim’. Nous avions besoin d’un senior capable d’identifier en toute objectivité nos points forts et nos points faibles.
J’ai beaucoup d’affinités avec Jean-Luc. Comme moi, il aime avant tout être en mer. C’est un costaud mais il se plie sans rechigner à la discipline de la préparation physique. Il a une connaissance intime de ces machines. Il est très ouvert à l’expérience des autres.
Et il est direct, tranchant même. Il peut même être plus impulsif que moi sur l’eau. Mais il est totalement honnête devant les résultats, sans aucune concession envers lui-même ou moi. Il a l’ADN d’un champion. Mais un champion qui a gardé l’enthousiasme de ses vingt-cinq ans. »
A propos de Thomas Coville : "Envie constante d’avancer"
« Pendant la Volvo Ocean Race, c’est avec Thomas que je partageais réellement. Nous avons la même éducation, les mêmes centres d’intérêt, la même approche des relations humaines, les mêmes valeurs. Dans une épreuve aussi longue et aussi dure, tu ne peux te confier qu’à quelqu’un avec qui tu as de forts atomes crochus.
Donc, Thomas m’a logiquement choisi pour prendre en charge la cellule routage au moment de la préparation de son tour du monde solo. Ensuite, quand il s’est lancé dans l’énorme projet de conversion de Geronimo en Sodebo Ultim’, il m’a demandé de prendre en charge la gestion des outils de planning et d’organisation. Au fond, il a souhaité que je lui simplifie la vie. C’est ce que je fais.
"C’est Thomas qui tranche"
A bord, nous nous complétons bien. Nous menons ce grand bateau à deux et nous visons l’idéal, qui est d’être interchangeables. Mais nous avons chacun nos spécialités : Thomas est l’ingénieur et le mécanicien. Je suis le geek du bord : je maîtrise les outils informatiques, les sources des données météo et les logiciels d’analyse et de performance.
En course, je fournis l’ensemble des outils et données nécessaires à la décision stratégique. Celle-ci va bien au delà de cette question simple : quelle route prendre ? Mais c’est Thomas qui tranche parce qu’il ne peut y avoir deux patrons à bord. Même si nous avons la même expérience, la même expertise.
Notre duo fonctionne bien, nous l’avons vérifié durant notre aller-retour à Rio, au début de l’été à bord de Sodebo Ultim’. Thomas est très investi dans son job, très engagé. Il est travailleur, costaud, pugnace. J’apprécie beaucoup le fait qu’il soit capable de rester ouvert et sympa, même ou plutôt, surtout dans l’adversité. Et qu’il soit toujours animé par cette envie constante d’avancer, de progresser. »
Images : Ch Launay (duo) & E.Allaire
Par la rédaction
Source : C.Muller