Un nouvel abandon chez les IMOCA de la Transat Jacques Vabre : ce soir, SMA devait jeter l'éponge, bord de fuite du voile de quille arraché. Depuis au moins 36 heures, la vitesse du monocoque était en moyenne de 2 nœuds inférieure à celle de ses concurrents. Explications.
Credit : JM Liot
Paul Meilhat et Michel Desjoyeaux avaient senti et entendu des vibrations sous le bateau. A vive allure, ces vibrations se sont amplifiées fortement. D’où le choix de ralentir l’allure.
Après un choc ?
Dans un premier temps, les deux hommes pensaient qu’il s’agissait peut-être des lèvres en carbone posées à la jonction entre le fond de coque et le haut du voile de quille, ou même d’un morceau de filet de pêche. Mais ce soir à 17h00 (HF), Paul Meilhat s’est résolu à plonger sous le bateau. Il a tout de suite constaté que le bord de fuite du voile de quille, une pièce de quelques centimètres de large en composite qui court sur toute la longueur du voile, était presque totalement arraché.
Les deux hommes de SMA ont indiqué qu’ils pensaient avoir heurté un objet flottant il y a quelques jours. Ce choc pourrait expliquer l’avarie.
Vers la Guadeloupe
Il ne s’agit pas d’une pièce structurelle, elle ne met pas en cause l’intégrité du bateau ou de la quille et les deux hommes ne sont pas en danger. Toutefois, SMA ne peut être compétitif dans ces conditions. L’équipage a donc décidé de faire route vers la Guadeloupe, distante d’environ 2000 milles.
Ce contretemps est d’autant plus décevant que SMA faisait partie des quatre IMOCA échappés en tête.
Etre au départ de la Saint-Barth - Port La Foret
L’équipe technique de Mer Agitée s’organise et attendra SMA pour effectuer les travaux de réparation le plus rapidement possible et assurer la participation à la St Barth - Port La Forêt.
Paul Meilhat explique :
"Hier midi, la quille s’est mise à vibrer : on a arrêté le bateau. Juste avant la nuit, j’y suis allé en combinaison de plongée et je me suis rendu compte que la partie stratifiée de la quille s’était fissurée sur un mètre et qu’elle se décollait. Le bateau bouge énormément, on ne peut pas avancer très vite, pas plus de 10 à 12 nœuds. C’est très compliqué d’intervenir dans ces conditions-là avec de la houle de 5 – 6 mètres et du vent de 20-25 noeuds de vent. »
Pourquoi la Guadeloupe ?
« A cette vitesse, nous savons que nous allions arriver au moins une semaine après les autres au Brésil et nous n’aurions pas eu le temps de réparer pour aller aux Antilles. On ne veut pas abîmer la quille qui est déjà bien endommagée. La décision est donc de traverser le plus vite possible pour avoir du temps pour réparer en Guadeloupe avant la Transat St-Barth – Port-La-Forêt. »
Déçu mais soulagé que le bateau soit en bon état
« On n’était pas loin derrière, on aurait eu quelques opportunités pour revenir. Depuis le début de cette Transat, c’est allé très vite et nous avons eu beaucoup de mer. C’était assez exigeant mais tout se passait bien. Là, ce n’est plus la même histoire. On est déçu car la course était intéressante. Le gros soulagement c’est d’être fixé. Je voulais voir l’état de la quille pour prendre une décision objective et ne pas avoir de doute sur la nature de l’avarie. Cela nous empêche de faire la course mais le bateau est en bon état."
Par la rédaction
Sources : A.Millet - SMA