La flotte s’est alignée dans le sillage du leader Generali et navigue vent de travers, en direction de la marque de parcours des Canaries. Les premiers y sont attendus dimanche en début d’après-midi. Ce sera alors le premier grand tournant de la course avec d’importants choix stratégiques à opérer : route ouest ou route sud pour rejoindre le terminus de Saint-Barth’.
Credit : A.Courcoux
Changement d’ambiance à 120 milles des Canaries. Ce matin, les grands spis, très sollicités en début de course pendant ces cinq derniers jours de course, ont été mis au repos jusqu’à nouvel ordre. Le vent a refusé (tourné vers l’est) et les 14 Figaro Bénéteau se sont vite retrouvés penchés, au près débridé ou au reaching. Malgré le gris persistant, la fraîcheur des températures et même quelques gouttes de pluie, le moral des troupes est excellent.
RDV à La Palma, dimanche pour le déjeuner
La mission du jour : aller chercher le way point virtuel situé dans le nord de La Palma, une des sept îles volcaniques de l’archipel des Canaries. Les navigateurs devront passer dans ce couloir de 9 milles, en laissant le point GPS à tribord et la terre (notamment, le cap Punta del Roque) à bâbord. Normalement, avec un vent qui devrait refuser pour s’installer face aux étraves des monotypes, il y aura un virement de bord à effectuer dans la soirée ou dans la nuit. Les premiers sont attendus à la marque des Canaries demain dimanche, en tout début d’après midi.
Deuxième journée en tête pour Nicolas Lunven et Eric Peron
A l’exception de Bretagne-Crédit Mutuel Performance, toujours décalé dans l’ouest, la meute s’est plus ou moins alignée dans le tableau arrière de Generali. Nicolas Lunven et Eric Peron entament leur deuxième journée en tête mais n’ont qu’une très faible marge (0,6 mille) sur leurs poursuivants.
Décalés à leur vent, Interface Concept, Skipper Macif et Gedimat naviguent à vue et représentent une menace directe pour le bateau rouge. Mais il s’agit aujourd’hui d’une « simple » course de vitesse vers La Palma. Derrière, le groupe La Cornouaille, 30 Corsaires, Made in Midi et plus loin, Scutum, accuse une quinzaine de milles de retard. Rien de bien méchant après 6 jours de mer et surtout, au regard de ce qui attend les concurrents après le passage des Canaries.
Choix crucial demain
Dans un monde idéal, à cette latitude, les alizés sont bien installés. Mais il y a des exceptions à ce bel ordonnancement. C’est le cas cette année. Une dépression orageuse perturbe tout le schéma et c’est avec elle que les 14 tandems devront composer. Dimanche, ils auront un choix crucial à faire : partir dans l’ouest, sur la route la plus directe, mais en se coltinant des vents légers et de face.
Ou continuer à plonger dans le sud, pour aller chercher plus bas des vents favorables. Cette deuxième option a un prix : rallonger la route de plusieurs centaines de milles. Or, une fois que les équipages auront fait leur choix stratégique, ils ne pourront plus revenir en arrière. A l’heure qu’il est, les marins sont déjà en train de se gratter la tête devant leurs routages. La journée de dimanche sera à tous les égards, un grand tournant de la course.
Fabien Delahaye, Skipper Macif
« Ca vit penché, au près, un peu débridé, ça file avec 18-19 nœuds de vent. Depuis le départ, on n'a pas eu de soleil, c'est gris tous les jours, ce matin, on a eu de la pluie. Je ne vois pas de stratégie. Il y a une bascule à aller chercher. Puis après il faudra virer de bord pour aller chercher la porte. On se concentre sur la vitesse du bateau.
Le système météo n'est pas simple, ce ne sera pas simple de faire de l'Ouest, la dépression va nous embêter, va falloir trouver le bon petit chemin pour voir comment le vent va rentrer et trouver le vent portant. Après la porte, on verra, j'espère qu'on va vite faire de l'ouest, on doit encore affiner. Pour le moment on se préoccupe de notre vitesse.
C'est bien d'avoir Gedimat à nos côtés, c'est un bon lièvre. On les a redoublés cette nuit, on est juste devant eux légèrement sous le vent. On est concentré pour aller plus vite qu'eux, c'est un bon repère de vitesse. »
Erwan Tabarly, Gedimat :
« Ca va bien, on est passé au près ce matin, on navigue plus penché que les autres jours. On est à vue avec Macif, on est vraiment collé, du coup on est vraiment concentré, aux réglages, on ne s’ennuie pas… Au portant on était beaucoup à la barre. Là, on reprend nos marques et peut-être, nous mettrons un peu plus le pilote.
Ca va changer avant La Palma, on va avoir une grosse bascule, du coup il y aura un virement de bord à faire, ce ne sera pas du tout droit jusqu’à La Palma. Nous allons finir dans du sud-ouest, va falloir bien négocier pour arriver au près à La Palma. Cette dépression casse l’alizé, et du coup, on ne sait pas encore vraiment quelle route on va suivre, j’avoue que je n’en sais encore rien. Nous devrions arriver à La Palma demain midi. »
Classement à 16 h
1 Generali Nicolas Lunven - Eric Peron
2 Interface Concept Jean Le Cam - Gildas Mahé
3 Skipper Macif Fabien Delahaye - Yoann Richomme
4 Gedimat Thierry Chabagny - Erwan Tabarly
5 Safran - Guy Cotten Gwenolé Gahinet - Paul Meilhat
Par la rédaction
Source : Effets Mer