Les 14 équipages de la Transat AG2R LA MONDIALE surfent sous grand spi sur la bordure d’une dépression et plongent cap au Sud-Sud Ouest, en direction des Canaries. C’est la journée du pilotage à grande vitesse sur piste cabossée. Et des placements, à grand renfort d’empannages, pour tenter de conserver du vent, le plus longtemps possible…
Credit : A.Courcoux
« Vous voyez ce que c’est une machine à laver, demande Gwen Gbick (Made in Midi) à la vacation du jour ? Et bien nous sommes dedans ! ». Depuis mardi soir et la sortie du Golfe de Gascogne, les 14 Figaro Bénéteau pratiquent l’art délicat et exténuant du portant, sous grand spi, dans 30 nœuds établis. Les marins se sont réjouis un peu trop tôt ce matin au moment d’une légère accalmie. Quelques heures plus tard, le flux de Nord-Est reprenait de plus belle, obligeant les tandems à repartir au combat.
Sur le pont, l’homme de veille ne tient pas plus d’une heure à la barre et termine sa session rincé. A l’intérieur, l’équipier peut difficilement dormir et ne quitte pas son ciré, prêt à intervenir à l’extérieur, notamment pour empanner. Pour couronner le tout, il fait gris. Quelques marins joints au téléphone confiaient avoir été victimes de « sorties de piste » ou de « beaux vracs ».
On change de leaders
Il y a des changements notoires dans la composition des groupes qui s’étaient formés au passage du cap Finisterre. Les ex-leaders Safran-Guy Cotten, jusqu’à présent proches des « Sudistes », se sont progressivement décalés complètement à l’Ouest, après avoir croisé devant tous leurs adversaires. Même réaction de la part de Gérald Veniard et Jeanne Grégoire (Scutum).
A l’inverse, Yoann Richomme et Fabien Delahaye (Skipper Macif) sont venus rejoindre le clan des méridionaux (Made in Midi, 30 Corsaires et La Cornouaille). Ces derniers misent sur une route plus courte pour rejoindre la marque des Canaries. Ceux du large (dont fait aussi partie le très rapide Bretagne-Crédit Mutuel Performance) n’hésitent pas à rallonger un peu le chemin, pariant sur un vent plus fort, plus longtemps.
Une troisième « communauté d’intérêt » semble se former, dans une position intermédiaire. Et c’est un de ses représentants, Generali, qui a les faveurs du classement de 16 heures.
En distance au but, tout ce petit monde reste très groupé. Les huit premiers tandems se tiennent en moins de 9 milles. Même dans ces conditions de navigation très exigeantes, le niveau d’expérience et de savoir-faire des marins engagés dans cette 12e transat en double à armes égales, permet à la régate de battre son plein.
Nicolas Lunven, le leader, raconte
« Ça va, il y a du vent, plus que prévu. Ça va vite. On est un peu déçu parce qu'on s'est fait avoir par les bateaux qui sont passés à l'intérieur du DST hier après-midi, notamment Safran. Mais la route est encore longue. L'atmosphère sur le pont est plutôt humide. Il fait gris, l'eau est grise et il y a entre 30 et 35 nœuds de vent. On est sous grand spi, le bateau est régulièrement à plus de 15 nœuds.
Tout va bien à bord, Eric mène le bateau d'une main de maitre. On se relaye toutes les heures ou toutes les deux heures. Ça va très très vite. Ça va retomber. Il faut être frais et en alerte pour pouvoir donner un coup de main et intervenir rapidement sur le pont si besoin. Ce serait bien que ça mollisse un peu pour pouvoir un peu se reposer. Depuis que nous sommes partis, nous n'avons pas eu le temps d'enlever les cirés. »
Le trophée de la performance :
Accordé à Generali avec 257,8 milles parcourus entre le 8 avril 12h et le 9 avril 12h.
Classement à 16 h :
1 Generali Nicolas Lunven - Eric Peron
2 Skipper Macif Fabien Delahaye - Yoann Richomme
3 Interface Concept Jean Le Cam - Gildas Mahé
4 30 Corsaires Alexia Barrier - Laurent Pellecuer
5 Safran - Guy Cotten Gwenolé Gahinet - Paul Meilhat
Par la rédaction
Source : Effets Mer