Depuis ses débuts, la Transat AG2R La Mondiale s'est toujours conjuguée au féminin. Ce sera encore le cas cette année avec Jeanne Grégoire, associée à Gérald Véniard, et Alexia Barrier avec Laurent Pellecuer. En cette journée internationale de la femme, c'est ainsi l'occasion de faire un zoom sur "les" femmes de la Transat AG2R La Mondiale.
Credit : E.Allaire
Elles l'ont fait !
Seize femmes ont disputé la Transat AG2R LA MONDIALE. On retrouve parmi elles, beaucoup des grands noms féminins de la voile. Citons Florence Arthaud, Isabelle Autissier, Catherine Chabaud, Christine Briand ou encore Samantha Davies.
Habituées au podium
Surtout, les femmes de la Transat ont toujours joué la gagne comme en témoignent la victoire de Karine Fauconnier avec Lionel Lemonchois en 2000 et les podiums de Florence Arthaud (2e avec Jean le Cam en 1996), Michèle Paret (2e en 1998) ou Jeanne Grégoire.
Les femmes de 2014
Jeanne Grégoire, qui revient cette année, a démontré, s'il en était besoin, la réussite des femmes dans cette course. À 37 ans, le duo qu'elle forme avec Gérald Véniard est considéré comme l'un des favoris.
On suivra également avec attention les deux méditerranéens Alexia Barrier et Laurent Pellecuer.
Rencontre avec Alexia Barrier et Jeanne Grégoire.
Que pensez-vous de la place des femmes dans la voile ?
Alexia Barrier : « Nous ne sommes pas assez nombreuses que ce soit dans la course au large ou d'autres spécialités. Bien sûr, il y a des navigatrices de légende, comme Florence Arthaud ou Ellen Mac Arthur, qui ont marqué profondément notre sport et le grand public, mais ce n'est pas suffisant. Par contre quand nous naviguons, nous sommes considérées par nos pairs comme des marins et pas comme des femmes ».
Jeanne Grégoire : « (long silence puis rire). A vrai dire, cela fait pas mal de temps que l'on ne m'a plus posé cette question et du coup, j'ai perdu mes automatismes. Je pense en définitive que les réponses sont les mêmes que sur la place des femmes dans la société. Jusqu'à 20 ans tout va très bien et puis ensuite vient l'heure des choix : entre des études et poursuite du haut niveau, entre avoir des enfants et la permanence de sa carrière... »
Quel regard le milieu porte-t-il sur vous ?
AR : « Nous sommes parfois moins crédibles qu'un garçon quand nous approchons un sponsor. Mais je remarque qu'une fois le contrat signé, ce regard change totalement. Au centre d'entraînement, j'observe une stricte égalité entre nous. J'ai dirigé des quarts de dix garçons sur des maxi, ils avaient des palmarès énormes, et je peux assurer qu'ils acceptaient cette hiérarchie du fait de mes compétences et rien d'autres ».
JG : « Je me sens tellement dedans que je ne vois plus de différence. Si, peut-être depuis que je suis maman. Là, j'entends de nouveau des blagues liées à ma condition de femmes du style « alors maman tu vas faire du bateau ? ».
Pensez-vous qu'une femme a des qualités spécifiques en voile ?
AR : « Oui justement du fait de notre différence physique ! En général, nous avons moins de force donc nous compensons par une navigation en douceur, plus économe du bateau. Dans la course au large où la force et l'agressivité comptent moins qu'en match race par exemple, c'est un atout. Nous gérons aussi nos projets de façon différente car notre rapport aux autres n'est pas le même ».
JG : « Là encore je ne crois pas que ce soit différent à terre ou en mer. Nous avons un truc dans la « tronche ». On est un peu bornées. Je veux dire par là qu'on subit moins le contrecoup d'une déception, si bien que lorsque cela arrive, on baisse moins vite les bras. C'est peut-être que nous avons moins d'égo : on a coutume de penser que lorsqu'une fille fait moins bien c'est normal, moins surprenant que s'il s'agit d'un homme. Du coup, on intègre cela et nous attendons moins de nous-mêmes. On a un côté moteur à Diesel ».
Vos ambitions sur cette Transat AG2R LA MONDIALE ?
AR : « On se bat pour le podium. Certes nous n'avons pas beaucoup de vécu commun avec Laurent en course mais chacun d'entre nous a une bonne expérience. Elle s'est même traduite pour lui par une victoire avec Jean-Paul Mouren. C'est un gage de qualité ».
JG : « Nous partons dans des conditions matérielles qui nous empêchent par exemple d'avoir un jeu de voiles neuves. Mais nous avons fait trois podiums avec Gérald et j'espère qu'en revenant dans deux ans, on dira de nous « tiens, ils ont décroché 4 podiums ! ». Mais on aimerait bien que ce soit la seule place qui nous manque : la première ! ».
Par la rédaction
Source : Transat AG2R La Mondiale