Il avait dû se résoudre à abandonner son record du Tour du Monde. Ce midi, Thomas Coville est rentré à La Trinité. Quelques minutes après avoir amarré Sodebo, l'émotion a submergé le skipper. Il a ensuite sauté sur le ponton avant de raconter son histoire. ITW.
Credit : E.Allaire
« Un mois de mer… Que ce soit au moment du départ, dans une risée ou dans un grain, il faut décider tout le temps. Il faut continuellement mesurer ce qu’il y a de plus intelligent à faire. Il faut trancher, doser, tenter. Je souhaitais revenir seul et directement jusqu’à La Trinité-sur-Mer, mais il a fallu une fois de plus être lucide et s’arrêter à Vigo.
Au retour de mon dernier Tour du Monde en 2011, j’ai passé ma fameuse ardoise magique qui efface tout car j’avais l’impression d’avoir subi ce tour du monde. Cette fois-ci c’est différent : j’ai choisi, j’ai tranché, j’ai pris une décision qui me regarde et aujourd’hui, je suis droit dans mes bottes.
Ca aurait été de l’orgueil de continuer
L’anticyclone qui se développait sur les Kerguelen nous poussait vers les glaces, ça aurait été de l’orgueil de continuer. C’est une décision sportive de marin et d’homme. Je suis resté lucide et honnête par rapport aux gens que j’aime, par rapport à mon partenaire en étant capable de me mettre des limites face à mon engagement et mes compétences."
Avec Jean-Luc Nélias, l’équipe et Météo France, nous avons aujourd’hui cette maturité d’être capables de prendre du recul sur ce qu’on fait, sur ce qu’on veut faire et surtout sur ce qu’on veut être. Nous avons été maîtres de nos décisions jusqu’au bout et c’est une position agréable."
Il fallait le tenter
« A aucun moment, nous ne nous sommes laissés prendre par l’orgueil et par la motivation. Je n’ai pas l’amertume d’avoir pris une mauvaise décision, seulement l’amertume de ne pas avoir eu la possibilité d’aller jusqu’au bout.
C’est un projet ultime car il va chercher très loin. Un projet qui m’a fait plaisir de bout en bout. Si on reprend l’histoire dès le départ, partir de Brest de nuit, il fallait vraiment oser le faire ! Je crois qu’à ce moment-là, il n’y avait pas beaucoup de volontaires pour me remplacer ! Il fallait le tenter par rapport à tout ce qu’on avait mis en œuvre. Et nous avons bien fait car le temps à l’équateur est honorable.(ndlr: 6 jours et 20 heures)."
Je pensais déjà à La Route du Rhum !
« Quand je suis parti, je pensais déjà à La Route du Rhum ! J’étais mieux en mer à naviguer que de rester à terre. J’étais en totale confiance avec le maxi-trimaran Sodebo, c’est ce qui a motivé également ma décision de faire demi-tour. Je sais où sont mes limites avec ce bateau.
Ce mois de mer, presque un demi-tour du monde me donne confiance par rapport à ce que je vais engager pour la Route du Rhum. Nous avons un nouveau trimaran en chantier, c’est un programme énorme car la mise au point d‘un bateau comme celui-ci est gigantesque. Tout ce que j’ai appris durant ce mois va nourrir la suite du projet. »
Par la rédaction
Source : Maison Link