Il a déjà trois participations au Vendée Globe à son actif, dont un podium en 2000-2001. Après avoir fait l’impasse sur la dernière édition, Roland Jourdain est aujourd’hui on ne peut plus clair : il veut revenir sur le Vendée Globe avec comme unique objectif, la victoire ! Rencontre.
Credit : R.Dobremel-AFP-Nautic2013
Roland, qu'est ce qui te motive à revenir sur le Vendée Globe ?
Roland Jourdain :
« Parce que j’aime cette course (rires) ! J’ai vraiment envie d’y retourner. Dès la fin du Vendée Globe 2008-2009, j’avais décidé de ne pas prendre part à l’édition 2012-2013 car je ne voulais pas être un stakhanoviste du tour du monde. De plus, j’avais un programme de navigation en MOD70 avec Veolia Environnement.
Malheureusement ce projet de sponsoring s’est arrêté brusquement courant 2012. Je sais que le Vendée Globe demande un énorme engagement sportif. Lors de la dernière édition, le duel entre François Gabart et Armel Le Cléac’h était incroyable. C’est aussi éprouvant en amont, la préparation du bateau nécessite un gros travail, et les impondérables sont toujours possibles. Mais aujourd’hui, je me sens prêt à relever le défi une quatrième fois. »
Avec un projet gagnant…
« Bien sûr. Depuis 25 ans, j’ai toujours pris le départ des courses pour les gagner. Je suis bien placé pour savoir que pour l’emporter, il faut d’abord terminer (Roland a abandonné lors des éditions 2004-05 et 2008-09 du Vendée Globe, ndlr). De plus, il est difficile de trouver les financements pour monter un projet gagnant. »
Où en sont tes recherches ?
« Elles avancent. J’ai des partenaires complémentaires mais il me manque le sponsor principal. C’est comme à la pêche : on pose des casiers et on espère que ça va porter ses fruits. Je sens un grand intérêt pour le Vendée Globe, les entreprises apprécient l’image véhiculée par l’épreuve. Mais tout le monde connaît le contexte économique actuel, fait de méfiance et de crispation.
S’engager dans le Vendée Globe n’est pas donné, c’est vrai. Mais il n’y a pas de problèmes de retombées médiatiques et de retour sur investissement : tous les sponsors engagés dans cette course ont des bilans positifs. Il faut « juste » les convaincre de se lancer : pas simple. Tous les montages économiques sont envisageables. Par exemple, avoir deux partenaires principaux me semble une jolie équation car cela réduit les coûts et tout le monde s’y retrouve. »
Concrètement, quelles démarches entreprends-tu pour convaincre d’éventuels partenaires ?
« Je pratique assez peu le porte à porte avec mon petit dossier sous le bras. Dans un monde de surinformation et de surcommunication, les entreprises sont déjà assaillies de propositions. Je profite plutôt des rencontres. Cette année j’ai eu la chance de naviguer avec Jean-Pierre Dick sur le MOD70 Virbac-Paprec (jusqu’au chavirage du trimaran de 70 pieds quelques semaines avant le départ de la Transat Jacques Vabre, ndlr). Cela m’a permis de rester en contact avec le monde de la course au large. Dans ma structure Kaïros, à Concarneau, nous travaillons en recherche et développement sur les biocomposites, entre autres. Cela me permet d’avoir des contacts dans d’autres créneaux que celui de la course au large. En tout cas, il n’y a pas de recettes miracles, il faut se bouger. »
Tu envisages plutôt l’achat d’un bateau ou une construction ?
« Cela va dépendre du budget dont je dispose, et à quel moment je le boucle. Peu de bateaux très performants seront sur le marché, mis à part le MACIF de François Gabart après la Route du Rhum 2014.
La solution idéale serait de construire un nouveau monocoque. 2014 sera une année charnière. Il faudra que tout soit réglé à la fin de l’année. Idéalement, j’aimerais disposer de mon bateau au moins un an avant le départ du Vendée Globe. Je lancerai donc une éventuelle construction au plus tard début 2015. »
On ne te verra donc pas au départ de la prochaine Route du Rhum ?
« J’aimerais tellement défendre mon titre mais à ce jour je ne vois pas de solution pour y parvenir. Dommage, mais c’est la vie. »
Quel est ton programme de navigation pour les mois qui viennent ?
« Je devais participer à la Krys Ocean Race, une transatlantique en MOD70, à bord de Virbac-Paprec avec Jean-Pierre Dick. Mais la course a été reportée. Je vais donc réorganiser mon programme de navigation. Je ne m’inquiète pas car énormément de supports me tentent, du petit monocoque au grand multicoque ! »
Par la rédaction
Source : Vendée Globe