A une très large majorité (85%), l’Assemblée Générale du 17 décembre a validé les derniers ajustements qui permettent d’entériner les décisions prises en avril dernier. Les nouveaux projets, comme les bateaux existants, connaissent maintenant le cadre technologique de leur champ d’action.
Il y avait urgence à fixer les nouvelles règles malgré la complexité du sujet. L’enjeu était clair : laisser la porte ouverte aux innovations permettant aux nouveaux bateaux d’être compétitifs sans pour autant mettre hors circuit les unités existantes. Le tout au sein d’un cahier des charges qui demandait plus de sécurité, de fiabilité, de simplicité pour des budgets stabilisés.
Ce chantier colossal est entamé depuis janvier 2011, date à laquelle l’IMOCA missionnait Eric Levet (cabinet Lombard) pour faire une étude sur l’évolution de la jauge. Quelques mois plus tard, pour répondre à la problématique financière et au souhait de pouvoir cadrer les coûts, l’idée d’un bateau standardisé était lancée. Toute cette démarche s’inscrivait dans une voie ouverte dès 2008 par Luc Talbourdet, Président de la Classe et Vincent Riou, Président du Comité Technique.
A l’aube du Vendée Globe 2008 Jacques Guilbaud, économiste, revenait à la présidence de l’IMOCA et appuyait les actions engagées «Les mesures de modification de jauge qui vont être proposées, bateaux plus simples et moins puissants, devraient les rendre moins couteux. Ce qui irait dans le bons sens pour rassurer et séduire les sponsors… »
En avril 2009, à l’issue du même Vendée Globe, sous la présidence de Dominique Wavre, l’IMOCA entérinait des modifications de jauge qui reprenaient pour partie ce qui avait été proposé neuf mois plus tôt : limitation de la puissance, de la hauteur du mât, augmentation de l’angle de chavirage, augmentation de la solidité des quilles par l’application de coefficient de sécurité et de caractéristiques minimales, mise en place de contrôles sur les mâts et les quilles et limitation du nombre d’appendices.
Ces décisions ont contribué à rendre la flotte plus homogène, tout au moins pour les nouveaux bateaux. Si elles ont limité les excès, notamment en termes de puissance, les performances de nos bateaux n’ont cessé d’augmenter. Les parcours de François Gabart et d’Armel Le Cléach sur le dernier Vendée Globe en témoignent.
Les skippers de l’IMOCA savent aussi que cette performance n’est pas gratuite, elle se gagne par une augmentation des coûts et des prises de risque. La volonté de cadrer au mieux ces deux paramètres est devenue un souhait partagé de tous. Toutes les actions conduites ces deux dernières années vont dans ce sens et sont accompagnées d’une réelle volonté de préserver le sport donc l’homogénéité de la flotte.
Parvenir à ces objectifs conjointement ressemble à la résolution de la quadrature du cercle : comment faire cohabiter anciens et nouveaux bateaux ? Comment maintenir une réelle compétition ? Comment associer sport, aventure et technologie ?
L’épilogue se sera fait attendre et il convient aujourd’hui de remercier tous ceux qui ont contribué à ce travail fastidieux, les administrateurs qui se sont succédés et qui ont su garder le cap, les commissions techniques qui se sont investies pour proposer des solutions, les divers cabinets d’architectes qui ont fait part de leurs avis, Finot-Conq, Owen-Clark, et ces derniers mois, VPLP-Verdier, Farr Yacht Design et Juan Yacht Design qui ont accompagné l’IMOCA dans la construction des dernières propositions présentées à l’Assemblée Générale par le Conseil d’Administration.
Les paramètres de jauge retenus sont bien le fruit d’une démarche collective où les expériences et les compétences de chacun se sont associées pour arriver à ce résultat final.
Le 17 octobre dernier l’IMOCA s’était fixé un délai de deux mois pour affiner ses critères de jauge et faire les ajustements nécessaires. Sans sortir de la route tracée par les assemblées précédentes, il s’agissait de se donner les moyens d’avoir une flotte homogène et de garantir la compétitivité des nouveaux bateaux, jugés trop pénalisés par les architectes.
Le 17 décembre l’IMOCA a validé les décisions suivantes :
Pour plus de fiabilité et un meilleur contrôle des coûts :
la quille et les mâts sont standardisés,
l’usage de matériaux « exotiques » limité.
Pour plus de simplicité :
le critère des 10° (gîte maximum en configuration de jauge, à l’arrêt) est supprimé rendant ainsi les ballasts éventuels plus rentables ;
Les ballasts sont limités au nombre de 4 (contre 8 ou + auparavant), deux de chaque côté, libres en positionnement. Les volumes diminuent et les bateaux s’allègent à puissance équivalente.
Pour contribuer à l’homogénéité de la flotte :
la puissance, c’est à dire le Moment de Redressement (ou RM) est ramené à 25,5 Tonnes-mètre à 25° de gîte ;
Au final, le ratio poids puissance entre les bateaux existants et les nouvelles unités devrait rester sensiblement le même ;
le poids maximum du bulbe de quille est fixé à 3100 kg pour limiter la prise de poids des nouveaux bateaux et rester en harmonie avec les bateaux existants ;
l’AVS wc* est ramené à 110°, soit à sa valeur précédente; à noter que les IMOCA60 n’ont plus chaviré depuis qu’ils respectent cette valeur. Ces 110° deviennent une valeur importante qui limitera le volume des ballasts encadré par ailleurs par la limitation de puissance.
Championnat du Monde
L’avenir c’est aussi son Championnat du Monde qui porte désormais un nom : IMOCA Ocean Masters World Championship. Annoncé à l’occasion du Salon Nautique de Paris, ce nouveau Championnat du Monde est piloté par OSM (Open Sports Management), société crée par Sir Keith Mills à qui l’IMOCA a concédé ses droits commerciaux.
Dès le printemps prochain le Championnat s’étoffe d’une nouvelle course au départ de New York et à destination de Barcelone.
L’arrivée de la Barcelona World Race, dont le départ sera donné le 31 décembre 2014, sera le point d’orgue de l’IMOCA Ocean Masters 2013-2014 qui couronnera pour l’occasion son Champion du Monde. Deux ans plus tard le Vendée Globe en fera autant pour la saison 2015-2016.
*AVSwc : angle de retournement dans la situation la plus défavorable
Par la redaction
Source : Imoca