L'épisode venté d'hier avait laissé ce matin le plan d'eau du golfe de Saint-Tropez hâché et tumultueux. Les orages de la nuit avaient aspiré le vent d'est, laissant le petit port Varois sans souffle, comme étourdi par tant de fureur. La lente reconstitution d'un régime de sud, puis d'ouest a en conséquence occupé une bonne partie de la matinée, mettant à rude épreuve la patience et le sens régatier du Comité de course des Classiques devant le Portalet, et des Modernes à l'orée du golfe, là où la houle du nord venait percuter le vent de sud.
Crédit : G Martin Raget
Tous les groupes prenaient pourtant en début d'après-midi le départ de la dernière manche de ce millésime 2013 des Voiles de Saint-Tropez, qui allait au fil de l'après midi, dans le vent et sous un généreux soleil, au hasard des croisements des groupes, jolis ketchs et yawls bermudiens sur fond de grands voiliers auriques, offrir aux nombreux amateurs et touristes ce que d'aucuns qualifiaient de plus beau spectacle de la semaine. Après 48 heures sans course, l'envie d'en découdre était palpable chez nombre de concurrents encore en lice pour victoires et accessits, tels Chinook (Herreshoff 1916) et Kelpie (Mylne 1903) chez les "petits" auriques, ou Tigris (Mylne 1899) et Runa VI (Ronne 1927), My Song (Proto reichel Pugh) versus Firefly (Hoek) et Aragon (Marten 72), Velsheda vs Hanuman, pour ne citer que les plus empressés aux classements généraux provisoires.
Les Modernes bousculés…
Une quinzaine de milles d'une régate bien équilibrée entre bords de près vers le large et retour au reaching vers Saint-Tropez était au menu des plus petits IRC, tandis que les "gros" enroulaient deux boucles du parcours pour près de 25 milles d'une belle course au contact dans la mer croisée et désordonnée au large de Pampelonne. Le vent bien campé au secteur sud n'a cessé de se renforcer tout au long du début d'après-midi, pour offrir à tous ces régatiers venus de Méditerranée, de Manche et d'Atlantique, un final en apothéose non seulement de leur semaine tropézienne, mais aussi, de leur saison 2013.
Open Season maîtrise..
Le Cento Magic Carpet a une nouvelle fois tenu la dragée haute à l'autre Wally Cento de l'épreuve, Hamilton, qu'il devance en temps réel de plusieurs longueurs sur la ligne d'arrivée mouillée, une fois n'est pas coutume pour la Class Wally, sous le Portalet. C'est pourtant le Wally 94 Open Season qui l'emporte au général, au terme des 7 manches validées cette semaine.
Lionheart en beauté
Le Class J Lionheart, signé Hoek en 2010 termine en beauté avec une victoire une semaine toute en contraste pour le grand ClassJ à la robe noire qui aura trop souvent dû s’incliner face au redoutable Velsheda rompu à l’exercice de ces joutes tropéziennes. Le plan Nicholson de 1933, régulier aux avant postes avec deux victoires de manches, remporte ces Voiles de Saint-Tropez. Hanuman (Dijstra 2009) est un beau second qui en terminant troisième de la manche du jour manque d’un souffle la victoire finale.
Ils ont dit :
Loïck Peyron :
« J'ai un long vécu d'ancien combattant ici à Saint-Tropez (Rires), puisque ma première expérience était en 1985 ; à l'issue du Tour de l’Europe, nous étions arrivé à Toulon, à bord du petit catamaran Lada tout zébré. C'était la Nioulargue, et c'était génial, un grand souvenir. Je suis ensuite revenu assez souvent. Ma dernière expérience date d’il y a quelques années à la barre de Mari Cha IV. C'est un événement exceptionnel. Tout le spectre voile n'est pas là, mais une grande partie, dans un vrai respect des belles choses du passé qui font ce que la voile est aujourd'hui. J'aime beaucoup voir les traits de génie d'il y a plus d'un siècle toujours entretenu et au meilleur de leur forme, grâce à des passionnés. Le mariage entre passionnés d’hier et d’aujourd’hui fonctionne à fond. »
Sébastien Col, Magic Carpet :
"Journée difficile pour nous, avec un OCS (départ prématuré ndlr). Il y avait un méchant clapôt très désagréable. Nous sommes toujours en apprentissage et sommes globalement satisfait de notre semaine tropézienne. Sept manches validées, c'est plutôt bien. Nous progressons par rapport à Hamilton (Wally Cento) et nous continuons de pousser le bateau chaque sortie un peu plus. La saison est à présent terminée, et nous allons procéder à de longs et profonds débriefings, pour définir les travaux à effectuer cet hiver…"
Crédit : G Martin Raget
Source : R.Mira