Hier encore, Morgan Lagravière et Gildas Morvan récusaient l’étiquette de favori de cette neuvième édition du Tour de Bretagne à la Voile et ce malgré le fait que les deux compères affichent un palmarès impressionnant. Il leur manquait, selon leurs dires, quelques navigations communes pour peaufiner leurs automatismes. Une journée aurait donc suffi pour qu’ils prennent leurs marques !
Credit : B.Stichelbaut/TBV
En tête dès la bouée de dégagement, les deux co-skippeurs de Cercle Vert n’ont rien lâché jusqu’à leur arrivée à Perros Guirec, terme de cette première étape. Ni la descente du chenal du Ferlas au vent arrière, ni la remontée au louvoyage dans le chenal du Trieux n’ont entamé la domination du tandem malgré les attaques des Recycleurs Bretons (Simon Troel – Jérémie Beyou) puis de Destination Dunkerque (Thomas Ruyant – Damien Iehl) qui restait le seul à s’accrocher au tableau arrière des deux leaders et même leur voler la première place pendant quelques milles. Derrière eux, c’était la foire d’empoigne pour la troisième place, arrachée finalement de haute lutte par Adrien Hardy et Pierre Leboucher (Agir Recouvrement). Mais les écarts sont si faibles que tous sont conscients que la vérité d’aujourd’hui sera peut-être mensonge demain…
Une entame idéale
Malgré tout, cette première étape a montré combien le niveau était homogène. Dans ces luttes au couteau, il est plus souvent facile de perdre des places qu’en gagner et la moindre erreur de placement peut se payer d’autant plus au prix fort que c’est le classement par points qui compte. Peu importe de savoir que l’on arrive dans un mouchoir de poche, l’essentiel est la place que l’on obtient au final. On a vu ainsi dans le chenal du Ferlas, des équipages se faire griller la politesse par un voilier bord à bord parce que l’un avait réussi à prendre, à quelques mètres près, la bonne veine de courant.
Mais gagnants ou perdants, tous affichaient un grand sourire à l’arrivée à Perros Guirec tant les conditions de navigations s’étaient montrées bonnes filles pour cette entame de course. Le réveil fort matinal était rapidement compensé un ciel sans nuages et la perspective de traverser l’archipel de Bréhat de part en part.
Le salut du Lilas Blanc
Partis très légèrement en retard pour attendre notamment l’équipage de Bretagne Crédit Mutuel Espoir contraint de plonger aux premières heures du jour pour dégager un orin pris dans son hélice, les tandems ont pointé devant le petit port de Loguivy de la Mer à l’heure où démarrait la traditionnelle régate du Lilas Blanc, une des plus importantes compétition d’habitables des Côtes d’Armor. Sportivement, le comité de course demandait aux concurrents du Lilas Blanc de veiller à ne pas gêner les tandems du Tour de Bretagne et décidait de retarder de quelques minutes sa propre procédure. Comme quoi, la fraternité entre marins a encore de beaux jours à vivre sur les côtes de Bretagne.
Ils ont dit :
Gildas Morvan et Morgan Lagravière (Cercle Vert), vainqueurs :
Gildas : « On a essayé de bien réfléchir, de bien dialoguer, d’anticiper ce qui allait se passer. Ensuite, tout s’est déroulé simplement. On ne se connaissait pas beaucoup, et on a l’impression d’avoir navigué depuis longtemps. On est sur la même longueur d’onde. Des fois en double, ça passe bien, d’autres fois moins. A un moment on s’est fait doubler par Dunkerque, on ne s’est pas énervé pour autant.»
Morgan : « Le Figaro est un bateau spécifique. Les gars qui viennent d’autres disciplines savent s’adapter, mais nous on a l’avantage d’avoir tout de suite nos automatismes. Maintenant, c’est amusant, parce que on a chacun nos petits trucs. On peut échanger sur les réglages de génois, sur les manœuvres. Mais le fait d’avoir fait tous les deux du Figaro, ça peut être un plus. Quand tu vas te reposer, tu as totalement confiance dans l’autre, donc tu te reposes mieux. »
Thomas Ruyant et Damien Iehl (Destination Dunkerque), 2e :
Thomas : « Il fallait faire un bon début de course pour bien se placer. On a pris un bon départ, on a bien tricoté au portant, on a une bonne vitesse, c’est bien. On est même passé en tête un moment, mais ils sont revenus sur un bord de reaching (ndr : au travers sous spinnaker). Il faut dire que moi avec mes 64 kilos, je ne rivalise pas au rappel avec Gildas Morvan. On n’avait jamais navigué ensemble avec Damien, donc c’est une bonne entrée en matière. Il faut dire que Damien a une capacité d’adaptation à tous les supports. »
Damien : « Le Tour de Bretagne, c’est une première pour moi et c’est une régate qui m’intéressait vraiment. Je fais du match-racing depuis vingt ans, donc j’ai l’habitude de changer de bateau souvent. Thomas s’est plus occupé de la navigation et j’essayais de mettre un peu de tactique dans cette affaire. Ça a bien fonctionné. L’étape de demain ne m’inquiète pas plus que ça. J’ai fait le Tour de France à la Voile cette année, donc les étapes de nuit, je connais. En plus, on avait gagné l’étape de Brest, alors… »
Adrien Hardy et Pierre Leboucher (Agir Recouvrement), 3e :
Adrien : « On est vraiment content, on a bien navigué, on est resté concentré depuis le début. On a navigué plutôt sereinement, sans jamais s’énerver, ça finit par payer. Pour moi, naviguer avec Pierre, c’est d’abord parce que je sais que l’on s’entend très bien. Ensuite, c’est évident que son expérience et palmarès actuel en 470 sont autant d’atouts pour le bateau. »
Pierre : « Pour moi, c’est vraiment intéressant de venir changer de support. J’apporte mon savoir issu de l’olympisme, mais je suis aussi impressionné par la maitrise d’Adrien. Je crois qu’on se complète bien. »
Classement provisoire de l’étape Paimpol – Perros-Guirec :
1 : CERCLE VERT (Gildas Morvan, Morgan Lagravière)
2 : DESTINATION DUNKERQUE (Thomas Ruyant, Damien iehl)
3 : AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy, Pierre Le Boucher)
4 : SKIPPER MACIF (Fabien Delahaye, Paul Meilhat)
5 : SEIXO HABITAT (Julien Villion, Antoine Koch)
6 : GEDIMAT (Thierry Chabagny, Alexis Littoz-Baritel)
7 : LES RECYCLEURS BRETONS (Simon Troël, Jérémie Beyou)
8 : BERNARD CONTROLS (Jean-Pierre Nicol, Bertrand Pacé)
9 : SEPALUMIC (Frédéric Duthil, Yoann Richomme)
10 : GENERALI (Nicolas Lunven, Maxime Paul)
Source : Kaori