Tour Voile / En route vers Brest, Groupama mène la flotte dans des conditions idéales (ITW)

Les voilà partis. La flotte du Tour de France à la Voile est en route pour l’étape la plus longue de l’épreuve, une Deauville – Brest de 245 milles. Les équipages étaient à 19h en approche du Raz Blanchard. Arrivée à Brest autour de 12h00 demain mercredi.


Arrivée à Brest demain dans la matinée pour le Tour Voile.
Credit : JM Liot/ASO

10 nœuds de vent de nord, 12 M34 impatients et une ligne de départ mouillée dans le sens du parcours, travers au vent : l’étape Deauville – Brest est partie à 11h15 ce matin dans un courant fort et un flux plus léger que prévu (8 nœuds).

Les caps diffèrent
Certains concurrents serrent le vent au près pour toucher de la pression comme Normandie barré par Bertrand Pacé, Martinique BE Brussels, Nantes St Nazaire E.Leclerc et Bretagne Crédit Mutuel Elite, avec Jérémie Beyou à bord. D’autres restent sous le vent sur la route directe vers le cap de Barfleur. C’est le cas de Bienne Voile - SRS et Ville de Genève Carrefour AddictionS menés par un groupe composé de Team OmanSail, Groupama 34 et Sodebo. Trois autres progressent sur une route médiane, Courrier Dunkerque 3 très rapide en tête devant TPM Coych et Iskareen.

Le vent forcit pour atteindre 17 nœuds. Les équipiers sont au rappel et donnent des coups de rein pour passer les vagues. L’ensemble de la flotte abat ensuite pour rejoindre la cardinale nord Basse Renier, première marque de parcours peu après Barfleur. « Un reaching solide et humide mais on a été frustrés par des problèmes avec notre spi de capelage, on a dû monter au mât » confie Leigh McMillan à bord d’OmanSail.

OmanSail, Courrier Dunkerque 3 et Groupama 34 mènent
Ceux qui avaient choisi la droite du plan d’eau au début de l’étape ne sont pas particulièrement bien placés : seul le Bretagne Crédit Mutuel Elite de Nicolas Troussel pointe alors dans le peloton de tête, bord à bord avec Sodebo. OmanSail, Courrier Dunkerque 3 et Groupama 34 mènent.
L’après-midi s’éternise sous les bulles des spis, les M34 avancent à une dizaine de nœuds le long du Cotentin en profitant d’un courant favorable. Ça accélèrera après le Raz Blanchard qu’ils sont libres de franchir ou de contourner par le nord. « On va rater l’étale de basse mer et on va se prendre la renverse de courant, » confie un Jean-Luc Nélias sarcastique à bord de Sodebo, « donc on va passer un peu de temps au Raz Blanchard. Je suis dubitatif : passer du côté de la France ou du côté d’Aurigny, contrôler nos adversaires ou dérouler le jeu ? »

Puis ce sera un long bord ouvert de 100 milles entre La Hague et la pointe de la Bretagne, avec les îles anglo-normandes entre les deux. 15 à 20 nœuds de nord-est sont prévus, fraichissant jusque 25 nœuds à Ouessant. A 19 heures, à l’approche du Raz Blanchard, la flotte poursuivait son jeu d’empannages sous grand spi. Groupama 34 était en tête devant Courrier Dunkerque 3 et Team OmanSail. Bretagne Crédit Mutuel Elite et Sodebo croisaient derrière ce trio. Les bateaux sont attendus demain autour de 12h00 à Brest.


Les marins racontent
Erwan Israël, navigateur de Groupama 34 :
« On est au large de Cherbourg sous spi, le vent a molli et on en profite pour se restaurer et sécher après un bord assez agité au large serré. On arrivera au Raz Blanchard juste pour la renverse de courant. Ça va être un endroit décisif de la course. C’est serré au niveau du timing pour le passer avec le courant, donc on se dépêche. Ensuite, nous allons tous naviguer au milieu des îles anglo-normandes et voir ce que font les uns et les autres. Ce seront des conditions idéales pour les M34, 15 à 20 nœuds au portant avec une arrivée au petit matin au passage du Four. »

Jérémie Beyou, Bretagne Crédit Mutuel Elite :
« C’était difficile de partir de Deauville dans peu de vent et beaucoup de courant. On s’est un peu raté à l’allumage mais on a réussi à bien se dégager. Après, ça a été un bord de reaching humide suivi de vent mollissant, comme prévu, au nord du Cotentin. On contournera bientôt le cap de la Hague avec la renverse du courant. On va se positionner … Du mieux possible ! Le vent se renforcera après le cap. Il y aura des passages entre les îles selon les concurrents, des empannages sous spi … Une nuit assez sympathique ! »

Jean-Luc Nélias, navigateur de Sodebo :
« La baie de Seine était magnifique avec un bon vent de nord-est. Les bateaux filaient sur l’écume. On va rater l’étale de basse mer et on va se prendre la renverse de courant, donc on va passer un peu de temps au Raz Blanchard. Je suis dubitatif : passer du côté de la France ou du côté d’Aurigny ? Je ne sais pas encore si nous allons contrôler nos adversaires ou dérouler le jeu. Puis la nuit s’annonce au portant, à essayer de gérer les bascules de courant en essayant de revenir sur les leaders. »

Leigh McMillan, Team OmanSail :
« On est assez contents de notre place après un départ assez solide. Au reaching, on avançait bien mais on a été frustrés par des problèmes avec notre spi de capelage. On a dû monter au mât et du coup, on a perdu du temps et du terrain sur les leaders. Maintenant, on doit juste revenir et reprendre la tête pendant la nuit ! La transition et la renverse des prochaines heures pourront en être l’occasion. »

Jean-Baptiste Bernaz, co-skipper de TPM-Coych :
« On prend un bon départ mais en vitesse, ce n’était pas terrible. On s’est remis dans le jeu et on a rasé les cailloux en arrivant au cap. Dans les prochaines heures, il va falloir négocier le courant et le renforcement du vent. On se prépare pour une nuit d’enfer. »

Source : ASO