Les conditions s'annoncent beaucoup plus clémentes pour le départ. C'est en effet dans un vent de 7-8 noeuds que les huit multicoques toujours en course s'élanceront en direction de Plymouth, terme de la troisième étape off-shore de l'épreuve qui devrait se jouer essentiellement dans les petits airs. De quoi garantir un maximum de rebondissements, à la fois chez les Multi50 et les MOD70 - qui se tiennent dans un mouchoir de poche au classement général provisoire. Le point avec Sylvie Viant, la Directrice de course.
Credit : M.Mochet
Sylvie, pouvez-vous détailler le parcours de cette troisième étape off-shore entre Dublin-Dùn Laoghaire et Plymouth ?
« Tout d'abord, les équipages vont devoir effectuer un petit parcours préliminaire (un aller et retour de 7,2 milles entre l'East Pier et la bouée Muglins) devant le port de Dùn – Laoghaire et sortir de la baie de Dublin en laissant le DST à bâbord ainsi que la petite cardinale de Kish avant de descendre vers le sud-est sur Bardsey, une petite île située à la pointe du Pays de Galles où sera attribué un premier point de bonus spécial au premier bateau de chaque classe.
Ensuite, les multicoques devront retraverser la mer d'Irlande pour aller enrouler le mythique rocher du Fastnet puis filer en direction des Scilly où ils devront laisser le phare Bishop Rock à bâbord, très tôt mardi matin. A cet endroit, un deuxième point de bonus spécial sera octroyé aux leaders de chaque flotte. Dans la foulée, les marins mettront le cap en direction d'Eddystone via Wolf Rock où nous déciderons de la suite du parcours en fonction des conditions météorologiques.
Nous aurons alors quatre choix : les faire aller jusqu'à Shambles Ouest (640 milles), jusqu'à Fairway dans l'ouest de l'île de Wight (700 milles), jusqu'à Tour Nab un peu plus dans l'est (750 milles) ou carrément jusqu'à Southern Head, à une petite vingtaine de milles de l'entrée du Pas de Calais (850 milles). Dans tous les cas, l'arrivée sera jugée devant Plymouth. A noter par ailleurs que le parcours des Multi50 sera plus petit que celui des MOD70 afin que les deux flottes arrivent en même temps, mercredi dans l'après-midi. »
Quels seront les points clés de ce parcours ?
« Les principales difficultés à gérer dans cette troisième étape off-shore entre Dublin – Dùn Laoghaire et Plymouth seront les courants. Généralement, ils sont importants dans cette zone mais ils le seront particulièrement demain et après-demain en raison des grandes marées. De fait, les coefficients sont très grands en cette période de pleine lune. Tant qu'il y aura du vent, les bateaux ne seront pas trop gênés mais lorsqu'ils aborderont la pointe sud-ouest de l'Angleterre, le vent aura faibli et il est possible que certains soit contraints de mouiller en attendant la renverse. Ce sera également complexe à chaque passage de pointes, comme Lizard par exemple, ou à l'entrée et à la sortie du Solent. A ces endroits, les courants sont redoutables, il faudra vraiment être vigilant. »
Côté météo, qu'est-ce qui attend les équipages entre l'Irlande et la Grande-Bretagne?
« Globalement, ce sera une étape de petit temps. Le départ se jouera dans 7-8 nœuds de vent de nord-ouest qui se renforcera progressivement au cours de la journée pour atteindre 20-25 nœuds en fin d'après-midi. Les bateaux progresseront alors au portant mais une fois l'île de Bardsey enroulée, ils attaqueront un long bord de près jusqu'au Fastnet dans un vent mollissant. Après le célèbre phare, les équipages se retrouveront à nouveau au portant dans un flux de nord-est d'une quinzaine de nœuds en enchainant les empannages. Le retour vers Plymouth se fera logiquement au près dans une dizaine de nœuds de vent. Il va y avoir du jeu, c'est certain. »
Point sur la situation du Team Sprindrit, chaviré samedi
Après une inspection de la monture, le verdict est tombé comme un couperet : la course est terminée pour Sprindrift. Malgré tous les efforts de l’équipe technique, le bateau ne pourra pas prendre le départ ce matin à 11H de la troisième et avant dernière étape offshore en direction de Plymouth. Dénudé de son mât suite au choc du chavirage, il est impossible de remettre la monture en configuration de navigation avec le temps imparti.
C’est évidemment une grande déception pour toute l’équipe, qui a vu toutes ses chances de victoire dans la course s’évanouir en quelques secondes, comme l’explique Yann Guichard “C’est tout d’abord un soulagement de savoir que tout l’équipage est sain et sauf même si mon frère a été blessé. nous sommes très déçus de devoir nous arrêter en si bon chemin. Nous étions bien partis et une victoire potentielle nous tendait les bras sur cette première édition de la Route des Princes. Il ne restait plus beaucoup de points à prendre…
Je souhaite vraiment à tous bon vent sur cette fin de course et nous allons évidemment les suivre sur internet et être présents à l’arrivée en baie de Morlaix. Je voudrais aussi saluer la solidarité des gens de mer qui a encore une fois été démontrée. Toutes les équipes concurrentes se sont mobilisés ce week-end pour nous porter assistance, que ce soit quelques minutes après le chavirage ou pendant toutes les opérations de manutention pour sécuriser le bateau. Alors je voudrais vraiment dire un grand merci à mon équipe d’abord et à tous les autres teams ainsi qu’à l’organisation……”.
Sources : Rivacom et Spindrift