Ce mercredi 5 juin à 16 heures 03 minutes et 26 secondes, Yann Eliès a franchi la ligne d'arrivée de la première étape de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire entre Bordeaux et Porto (Portugal) en première position. Le skipper de Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir a mis 3 jours, 3 heures 3 minutes et 26 secondes pour parcourir les 536 milles (vitesse moyenne théorique de 7,13 noeuds) d'une course qui a connu des extrêmes météorologiques et de très nombreux changements en tête.
Credit : A.Courcoux
Yann Eliès (Groupe Quéguiner - Leucémie Espoir) à l'arrivée à Porto :
A l’arrachée
"Il a fallu aller la chercher à l’arrachée, comme à chaque fois. Je suis content du résultat final parce que j’ai été quasiment tout le temps aux avants postes, sauf au départ, mais ça devient la coutume ! Avec des coups durs aussi. Au cap Finisterre, je pensais avoir fait le trou. Quand le vent a commencé mollir, je me suis dit, c’est bon, je leur ai pris 10 milles. Et puis le temps de ranger le bateau, j’ai vu trois petits feux passer sous mon vent. Je me suis dis « ben voilà, tout à refaire ». C’était dur ! Il y a quelques écarts.
J’ai fait un petit trou sur pas mal de gars, c’est positif. Mais ce n’est que la première étape, il ne faut pas crier victoire tout de suite, il en reste trois. Je suis content, mais lucide et humble parce qu’il peut se passer la même chose dans l’autre sens, notamment sur la deuxième étape.
Les favoris, oui, j’en fais partie. Il faut y croire et je m’estime prêt. Maintenant, je vais d’abord savourer celle là. C’est ma 8e, une de plus, je m’approche d’un de mes objectifs qui est d’accrocher le record de Jean Le Cam".
Sans ordinateur
"J’avais un schéma assez clair dans ma tête, travaillé avec Jean-Yves Bernot et Christian Le Pape. Heureusement car je n’avais pas d’ordi, pas de routage, pas de position des autres concurrents. Mais je savais ce qu’il fallait faire sur chaque tronçon. Ça a marché, sauf au cap Finisterre, j’ai toujours eu un problème pour le passer ce cap. Ça a peut être été salvateur cette histoire d’ordinateur, parce que tu ne sais pas où sont les autres et du coup, ça permet de faire ses propres trajectoires et d’assumer ses choix. C’est peut-être une bonne chose. C’était un peu une nav’ à l’ancienne, j’ai sorti les cartes papier, la règle cras…"
Le coup de vent à Ortegal
" C’état super chaud, tout le monde vous le dira. J’ai enfourné, mais je n’ai pas sanci, j’ai eu le réflexe de choquer au dernier moment mais c’était limite, super chaud ".
Beaucoup dormi
" Sur cette course, on a eu la chance d’avoir deux grandes plages où on a pu dormir beaucoup. La première nuit et la deuxième journée, je n’ai fait quasiment que ça : dormir. Je me forçais presque. Je crois que j’ai dormi 8 heures, c’est énorme. Du coup, j’ai abordé la grosse baston avec la forme. Et puis j’ai aussi dormi cette nuit, au largue serré, ça allait super bien. Il valait mieux parce que sur la fin, j’en avais marre. Les conditions étaient très dures, ça n’arrêtait pas de tourner dans tous les sens, il fallait border, choquer, c’était incessant ".
Le portant, c’est le bonheur
" Faire tout au portant, c’est top. Et puis c’est la première fois de l’année où on a des conditions décentes, il ne fait pas trop froid la nuit, un peu de petit temps, pas trop de clapot. Je me suis régalé, on a eu deux couchers de soleil magnifiques. Des conditions où tu es content d’être là. Je me suis dit là : ça, ça s’appelle le bonheur !"
Retour sur la course
Le marin briochin, vainqueur de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire l'année dernière, signe ici sa huitième victoire d'étape. Dans son sillage, Frédéric Duthil (Sepalumic) et Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) ont complété le podium. Sur les 536 milles de cette étape d'ouverture, plus de 500 se sont déroulés au portant, dans des conditions de vent très contrastées : du médium pour la traversée du golfe de Gascogne, puis 8 heures de baston le temps d'enrouler la pointe occidentale de la péninsule ibérique, avant un final de plus de 24 heures dans la pétole. Il fallait donc être un marin très complet pour s'imposer dans toutes les gammes du jeu ; faire preuve d'anticipation et d'opportunisme pour réussir à bonifier toutes les transitions météo.
La nuit très musclée de lundi à mardi a été un des moments forts et une des grandes difficultés de l'étape. Entre deux surfs à plus de 20 nœuds, plusieurs bateaux se sont retrouvés couchés le mât dans l'eau et certains y ont laissé leur grand spi. Or, cette voile de portant était indispensable pour la dernière portion de parcours.
Car tout s'est finalement joué la dernière nuit au large des côtes espagnoles puis portugaises. C'est dans ces cent derniers milles de pétole, en tout cas, que Yann Eliès, dont c'est la 14ème participation, a réussi à creuser un écart irrémédiable avec ses poursuivants pour remporter au Portugal la 8ème étape de sa carrière, se rapprochant ainsi du record de Jean Le Cam (9 étapes).
Sa victoire n'a rien d'un hold-up de dernière minute. Un peu en retrait dans les trente premiers milles de louvoyage sur la Gironde, le skipper de Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir a ensuite toujours joué aux avant-postes de cette course marquée par de très nombreux changements de leaders.
Jérémie Beyou (Maître CoQ), Paul Meilhat (Skipper Macif 2011), Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), Michel Desjoyeaux (TBS), Adrien Hardy (Agir Recouvrement), Alexis Loison (Groupe Fiva) et Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) ont tous excellé à un moment du parcours et se sont relayés aux commandes. Mais Yann Eliès est le seul à avoir été pointé en tête du classement au moins une fois tous les jours. Il a toujours été rapide et très bien placé pour saisir au vol toutes les opportunités stratégiques. Bref, pour dérouler le fil jusqu’à la ligne...
Les arrivées
1 GROUPE QUEGUINER - LEUCEMIE ESPOIR Yann Elies Arrivé le 05/06/2013 à 16:03:26,
3 jours, 3 heures, 3 minutes et 26 secondes à la vitesse moyenne de 7.13 noeuds.
2 SEPALUMIC Frédéric Duthil Arrivé le 05/06/2013 à 16:47:30, en 3 jours, 3 heures, 47 minutes et 30 secondes à la vitesse moyenne de 7.06 noeuds.
3 BERNARD CONTROLS Jean-Pierre Nicol Arrivé le 05/06/2013 à 16:59:44, en 3 jours, 3 heures, 59 minutes et 44 secondes à la vitesse moyenne de 7.04 noeuds.
4 SKIPPER HERAULT Xavier Macaire Arrivé le 05/06/2013 à 17:08:38, en 3 jours, 4 heures, 8 minutes et 38 secondes à la vitesse moyenne de 7.03 noeuds.
5 CERCLE VERT Gildas Morvan Arrivé le 05/06/2013 à 17:26:06, en 3 jours, 4 heures, 26 minutes et 6 secondes
Source : Rivacom