C'est parti pour une longue, voire très longue étape de Gijon à Roscoff, via l'île d'Yeu ! Car après un départ nettement plus venté que prévu où Vincent Biarnes (Prati'Bûches) a brillé par son audace en s'élançant bâbord amures devant toute la flotte, les 40 solitaires se sont tout de suite éclatés en éventail pour aborder une zone de vents faibles, voire absents en plein milieu du golfe de Gascogne. Un air de rien, ou presque…
Credit : A.Courcoux
Rien n’est plus difficile pour un météorologiste que de prévoir des calmes. Rien n’est plus stressant pour un navigateur que d’élaborer une stratégie quand l’incertitude est totale. Et quand il n’y a rien de sûr, il n’y a pas grand-chose pour s’accrocher à des doutes.
Rien ne va plus…
Déjà ce jeudi matin quand les coureurs faisaient tourner en boucle leurs logiciels et accumulaient les fichiers météo, les visages reflétaient une grosse appréhension quant à un cheminement cohérent pour rallier l’île vendéenne. A 230 milles de Gijon, Yeu semblait aussi invisible que la bruine qui se levait au dernier moment avant le départ de cette troisième étape, pour laisser place à une brise impromptue venue du Nord-Nord Ouest.
Les jeux ne sont pas faits !
Il faudra donc patienter jusqu’à vendredi matin pour savoir si cette insoutenable légèreté de l’air aura perduré durant tous les ténèbres ou si une respiration éolienne aura permis aux 40 solitaires de s’extraire de cette métastase atmosphérique dont personne ne connaît la migration.
Les mots des marins
Vincent Biarnes (Prati’Büches) : " il faut s’attendre à des options très radicales"
« Je suis parti bâbord amures devant toute la flotte : un peu gonflé de ma part, mais je suis super content de ce coup-là parce que je l’avais préparé deux minutes avant ! En plus avec la bascule du vent au Nord-Ouest, j’étais pratiquement en route directe sur la bouée avec seulement un petit contre-bord à faire : je suis passé en tête. Maintenant, on fait route vers l’île d’Yeu et ça attaque de tous les côtés… Il y a beaucoup d’écart latéral en très peu de temps : il faut s’attendre à des options très radicales dès cet après-midi. »
Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) : " J’ai une idée claire en tête"
« J’ai une idée claire en tête : le vent n’était pas dans son secteur « normal » au moment du départ, ce qui signifie que la situation n’est pas la même que celle prévue. Je suis donc parti plus à l’Ouest que le reste de la flotte, mais les derniers fichiers météo me confortent dans mon choix. Je veux contourner la bulle par le Nord et j’ai mis un « way-point » pour ça : il ne faudra toutefois pas oublier de s’adapter en fonction des molles pour aller toujours vite. »
Gildas Morvan (Cercle Vert) : "Cela devrait se stabiliser dans quelques heures"
« On est dans un front qui reste scotché sur le Nord Espagne, alors on a un vent qui se balade dans tous les sens… Il y a du brouillard et il faut s’adapter avec une grosse houle qui rend difficile les réglages et multiplie les manœuvres. On a du vent de Nord-Ouest en ce moment et je vais chercher une brise de Nord-Est, soit une grosse bascule à droite de 90°. Le jeu est donc de glisser rapidement sous la route directe pour bénéficier de la rotation du vent le plus tôt possible. Cela devrait se stabiliser dans quelques heures… »
Source : Rivacom