Figaro / Cap sur Gijon pour La Solitaire. Beyou, Eliès, Le Cléac'h et Duthil racontent

Ce samedi à 13h10, les 41 solitaires ont pris le départ de la 2e étape à destination de Gijón (298 milles), dans une timide brise de sud. La remontée le long des côtes portugaises promet quelques langueurs à la barre cette nuit, dans un vent qui va progressivement s'étioler. Mais en attendant que les calmes emprisonnent la flotte, le plus énervé, en ce début d'après-midi était Jérémie Beyou. 


Etape 2 vers Gijon, Jérémie Beyou en tête à la bouée Radio France.
Credit : A.Courcoux

Le skipper de Maître CoQ prenait l'ascendant au terme du parcours côtier. Mais au classement de 15 heures, Adrien Hardy (Agir Recouvrement), plus proche de la route directe, avait repris la main.

Vers une nuit sans vent et sans visibilité
La flotte s'apprête à entamer un long bord de près bâbord amures, avant d'entrer dans un marasme météorologique : « dans la nuit, le vent faiblira et la pétole deviendra de plus en plus menaçante. La houle de nord-ouest de 1.0 à 1,5 m ne facilitera pas la remontée. Le temps couvert et très humide se traduira par une visibilité devenant très mauvaise, parfois nulle en fin de nuit » prédit Météo Consult. Autant dire, une nuit lente et probablement sans sommeil pour les marins. Ils se sont déjà préparés à ce grand jeu de patience le long des côtes portugaises.

Les 5 premiers à la bouée Radio France :
1- Jérémie Beyou (Maître CoQ) à 14h26
2- Adrien Hardy (Agir Recouvrement)
3- Anthony Marchand (Bretagne-Crédit Mutuel Performance)
4- Morgan Lagravière (Vendée)
5- Thierry Chabagny (Gedimat)


Les marins racontent :
Jérémie Beyou (Maître CoQ), joint après le passage de la bouée Radio France :
« C'est super. J'ai pris mes habitudes sur ces petits parcours et c'est pas mal. Maître CoQ aime bien quand il y a un peu de baston dans la basse-cour. Un bon départ, une bonne carbu, le bon côté au premier bord de près… C'est toujours très sympa de sortir en tête. Pour l'instant, chacun fait son option. On va être sous l'influence d'un grand talweg qui devrait traverser la flotte d'ouest en est et moi, mon idée, c'est de le traverser au plus tôt. Donc, je fais cap très ouest. Les autres ont choisi leur camp ».

Frédéric Duthil (Sepalumic) : Il faudra être philosophe
« Comme d'habitude, il va falloir faire sa course, avant tout. Il est vrai que les modèles météo ne sont pas si simples que ça, mais c'est surtout l'arrivée à Gijón qui est indécise. Pour le reste, je ne suis pas trop inquiet. Même s'il y a des zones de molle, on devrait tous les toucher en même temps. Il faudra évier les dévents côtiers mais je ne suis pas trop inquiet jusqu'à une quarantaine de milles avant le finish où le scénario est très complexe, avec une zone sans champ de pression. On risque d'avoir un regroupement général à quelques milles de la ligne. Il faudra rester très philosophe. Ce ne sera pas une course de vitesse, mais une course d'observation et de placement. »

Yann Eliès (Groupe Queguiner- Leucémie Espoir) : Gagner
« J'ai un scénario bien en tête, défini avec la cellule météo de Port-La-Forêt, je vais essayer de m'y tenir. Il n'y a pas grand chose d'autre à faire, le danger serait de commencer à regarder où sont les autres ou de commencer à marquer. Il est trop tôt dans la course pour passer à ce mode de navigation. Il faudra attendre les 20 derniers milles avant Dieppe pour passer dans ce registre. Alors je vais tenter la gagne. C'est le meilleur moyen pour garder mon avantage au classement général. »

Julien Villion (Seixo Habitat) : Ce sera compliqué et tant mieux
« Ça va être des conditions météo complexes. Avec d'abord un petit talweg orageux à passer. Ensuite, des pièges à éviter le long de la côte nord-espagnole. Une fois de plus, ce sera compliqué et tant mieux. J'ai surtout envie d'attaquer cette deuxième étape et d'oublier la première très vite. Peu importe les conditions météo. Tout me va ».

Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) : Je vais garder ce que je sais faire
« Mon jeu ce sera de faire une meilleure étape que la première en termes de résultat, notamment au classement général parce que ce n'était pas terrible jusqu'à présent. J'ai fait le deuil de cette étape là. Maintenant, on va essayer d'être bon sur l'eau jusqu'au bout. Pour ça, il faudra être vigilant avec ces vents faibles et tenir jusqu'à l'arrivée à Gijón. On connaît bien cette arrivée, on a fait pas mal d'étapes de Figaro là bas et à chaque fois, on sait que ça peut redistribuer les cartes dans un sens comme dans l'autre. Dans ma manière de naviguer, je ne vais pas tout changer. Je vais garder ce que je sais faire, oublier ce qui s'est passé. »

Source : Rivacom