North Sails dresse un joli bilan après le Vendée Globe

Equiper un bateau vainqueur du Vendée Globe, comme ce fut le cas avec Macif, jamais encore la voilerie leader au niveau mondial ne l’avait fait. Elle qui pourtant avait déjà tout épinglé, ou presque, à son "palmarès". En cela, cette édition 2012-2013 s’impose comme un acte fondateur pour la voilerie, qui confirme ainsi son hégémonie sur la planète course au large. Une victoire que North Sails veut désormais faire fructifier, comme l’illustre sa volonté de démocratiser la technologie 3Di®. Une valeur sûre de la course offshore et bientôt de la croisière…


North Sails à Vannes.
Credit : B.Bernard/7e Vague

Vendée Globe : l’heure du (bon) bilan
A l’occasion du Vendée Globe, 122 voiles, sur les 200 embarquées par les 20 bateaux au départ, ont été fabriquées sur le plancher de la voilerie North Sails en France. Au total, 15 bateaux en étaient équipés, dont 10 d’entre eux à 100%. Et sur ces 10 monocoques IMOCA à la garde-robe complète, 7 (si l’on inclut Cheminées Poujoulat, non classé) ont bouclé leur tour du monde, dont 5 des 6 premiers*. Les chiffres parlent d’eux-mêmes…

Mais qu’en est-il d’un point de vue qualitatif ? Dans quel état les voiles ont-elles rallié les Sables d’Olonne, après avoir franchi 3 caps et affronté 3 océans ? Réponse d’un des principaux intéressés, en la personne d’Armel Le Cléac’h : « Les voiles ont très bien vieilli. Je n’ai noté aucune usure anormale, connu aucune déchirure liée à la structure ou à la fabrication des voiles. C’est très positif quand on voit le rythme qu’on a mené et à quel point on a pu tirer dessus… »

Des propos qui trouvent écho chez Maxime Paul, dessinateur en charge du projet Macif à la voilerie : « Les premiers retours techniques sont extrêmement positifs. Les skippers nous ont fait part de leur très grande satisfaction, bien qu’il y ait toujours des petites choses à améliorer pour la suite. » Lorsqu’il s’agit d’évoquer les voiles (3Di® entre autres) d’Armel Le Cléac’h en particulier, Yann Regniau, dessinateur à Vannes depuis 2000, qui a dessiné les voiles du bateau Banque Populaire, se dit lui « impressionné. Visuellement, elles sont impeccables, comme neuves ! La grand-voile n’a pas bougé. Sa forme est presque parfaite. » 

A tel point qu’il verrait bien Jérémie Beyou, le nouveau propriétaire du bateau, prendre le départ de la Transat Jacques Vabre avec à bord une bonne partie de ce jeu de voiles… Mais si les voiles de Banque Populaire sont revenues en aussi bon état, au-delà de leurs qualités intrinsèques, Armel Le Cléac’h y est également pour beaucoup. « Parce qu’il a une grande expérience, qu’il anticipe tout et qu’il est très soigneux avec son matériel », explique Yann Regniau.

Des voiles sur-mesure pour chaque skipper, du premier au dernier…
Macif et Banque Populaire, tous deux 100% North, sont deux « avions de chasse », dixit Maxime Paul, aux caractéristiques très proches. Mais leur jeu de voiles, lui, est unique, adapté à chacun des deux skippers. « François (Gabart) et Armel (Le Cléac’h), comme chaque marin, ont tous les deux leur propre vision, dit ainsi le dessinateur. Ils ont une façon de naviguer et de régler les voiles bien à eux. »

Yann Regniau poursuit : « Avec Armel, on a énormément travaillé en amont du Vendée Globe, au niveau des formes et des triangulations notamment. Je me suis souvent rendu à Lorient pour échanger avec lui et je lui envoyais régulièrement des fichiers 3D. » Une relation qui va donc bien au-delà du simple rapport client-fournisseur et qui permet à la voilerie de concevoir des produits parfaitement adaptés à chaque skipper.

Du premier, jusqu’au dernier. Alessandro Di Benedetto, 11ème et ultime concurrent du Vendée Globe 2012-2013 à rejoindre les Sables d’Olonne, s’est lui élancé avec des voiles certes neuves mais d’ancienne génération, conçues majoritairement en 3DL. Question de budget, principalement. D’objectif aussi : « Nous avons fait le pari de voiles plus lourdes certes, car nous cherchions avant tout la fiabilité », indique le skipper transalpin. « Très satisfait » à l’arrivée des performances de sa grand-voile et de sa trinquette, il a malgré tout connu quelques soucis avec ses voiles (dessinées en France et fabriquées en Italie), surtout sur la dernière partie de course.

« Mon projet s’est construit sur le tard et rapidement. On a donc manqué de temps avant le départ pour optimiser les voiles et les réglages, concède Alessandro Di Benedetto. J’ai fait tous mes entraînements et la qualification avec l’ancien jeu de voiles. Cela explique sans doute en partie les problèmes que j’ai rencontrés sur la fin de course. »

L’Italien, qui souhaite participer à la Transat Jacques Vabre, doit prochainement rencontrer les équipes de North Sails Italie, aux Sables d’Olonne. C’est l’heure du débriefing. « On a maintenant tous les éléments pour échanger, voir ce qui n’a pas fonctionné, afin de progresser ensemble. J’espère en tout cas que l’on pourra continuer à collaborer », conclut le skipper de Team Plastique.

3Di®, l’arme absolue !
3Di®, 3 lettres d’or désormais inscrites au panthéon des courses offshore. Barcelona World Race 2011, Volvo Ocean Race 2012, Vendée Globe 2013, 3 tours du monde en 3 années, autant d’étoiles décrochées par les bateaux ainsi toilés (Virbac Paprec 3, Groupama 4, Macif). Comme une évidence, le 3Di® est donc devenu aujourd’hui LA référence pour les bolides de la course au large. C’est d’ailleurs cette technologie qui a « séduit » Armel Le Cléac’h et son équipe, à l’heure des choix de garde-robe pour Banque Populaire. 

« Durant la Volvo Ocean Race, on a bien vu à quel point ces voiles étaient performantes, en termes d’usure et de tenue notamment. Cela nous a confortés dans notre volonté de travailler avec North Sails, explique le skipper morlaisien. Avec des projets tels que le mien ou celui de François (Gabart), on ne peut pas se permettre de perdre la course à cause d’un problème de structure de voile. Le 3Di® est une valeur sûre. On savait où on allait. »

Stéphane Fauve, dessinateur chez North Sails France, décrypte pour nous les principaux atouts de cette technologie à l’éclosion fulgurante, offrant une résistance homogène à la déformation :
La stabilité de forme : « Le 3Di® est constitué de bandelettes de microfilaments unidirectionnels, qui sont superposées les unes aux autres, dans toutes les directions. Dans les directions principales des efforts donc, mais aussi dans les directions secondaires, dont celles horizontales (couvertes seulement par le film dans les voiles laminées classiques qui sont donc plus élastiques, ndr.). Ce type de voile offre donc un "module" – sorte de raideur – largement supérieur aux autres. Cela a pour effet de préserver la forme de la voile et d’augmenter ainsi sa durée de vie. Et moins de déformation signifie aussi plus de puissance ! Il y a en effet moins de déperdition d'énergie dans la déformation de structure, surtout lorsque la voile travaille en dynamique, avec des conditions de vent changeantes. »

L’effet "Ripstop" : « Avec le 3Di®, si des déchirures peuvent apparaître, elles resteront la plupart du temps minimes et facilement réparables, grâce à la superposition des bandelettes dans toutes les directions. Cela permet en effet de limiter la propagation d’une éventuelle déchirure et confère donc à la voile une résistance immense ! »

Un dosage de fibres sur-mesure : « Selon que l’on souhaite fabriquer une voile 3Di® très durable ou très performante, nous n’utilisons pas les mêmes types de fibres. Sur les voiles 3Di® 760 des IMOCA, nous avons par exemple recours à l’Aramide et au Dyneema. Cette dernière dispose d’un bon module (bonne raideur) mais donne également de la souplesse à la voile, de l’élasticité. Contrairement au carbone (utilisé par exemple pour les voiles des AC 72 de la Coupe de l’America, ndr.), qui se déforme peu et qui est très "tenace", la fibre de Dyneema peut être étirée jusqu’à 3% de sa longueur initiale. Elle est plus "tolérante" et ne casse pas si on la plie. Ce tissu permet donc de renforcer la voile et de la fiabiliser. Par contre, l’inconvénient est qu’il se contracte. Sa forme se dégrade donc assez vite. L’alliance avec d’autres fibres comme l’Aramide nous permet de compenser cet effet. Et puis, sur une voile 3Di®, les fibres travaillent ensemble. »

L’absence de film : « Le 3Di® est une membrane fabriquée à partir de nappes de filaments étalés et pré-imprégnés de colle. Ces nappes ultrafines (à peine 35 microns d’épaisseur, ndr.), superposées les unes aux autres, sont constituantes de la surface totale de la voile. Aucun film n’est donc nécessaire pour former ce laminé (des films de Mylar recouvrent par exemple les voiles 3DL, ndr.). Cela a pour effet de supprimer le point faible que peut représenter le film et empêche les problèmes de délamination. Autrement dit, cela évite que la voile se dégrade dans le temps avec les multiples frottements qu’elle subit. »

3Di®, une technologie à démocratiser, un produit intermédiaire à l’étude, destiné à la croisière
Des dires de Philippe Oulhen, directeur commercial de North Sails en France, « de plus en plus de demandes de clients pratiquant la croisière concernent le 3Di® ». Et si le 3Di® 760, utilisé sur les bateaux du Vendée Globe, est aussi un très bon produit pour la croisière, des tests sont en cours sur un modèle intermédiaire, plus simple en matière de fabrication et plus compétitif en termes de prix pour les plus petits bateaux. « 20 voiles de ce type sont actuellement en test, précise Philippe Oulhen. Si tout se passe bien, nous devrions commercialiser ce nouveau produit d’ici la fin de l’année. » En attendant, les ingénieurs et dessinateurs North Sails s’affairent. « Bien que le 3Di® soit déjà très performant, nous pouvons encore l’optimiser, au niveau des renforts composites, des sanglages, dans une utilisation moindre de la couture, etc. On est dans le détail… »

Un compromis investissement - durabilité
Bien souvent, qui dit démocratisation dit inévitablement baisse des coûts. « Qui sait ? Peut-être vendrons-nous un jour une voile 3Di® au prix d’une voile en Dacron ! Même si, à ce jour, ça me paraît difficilement envisageable, estime le directeur commercial de la voilerie. Le 3Di® est un produit « high tech », qui n’est pour l’instant pas appelé à être produit en gros volume. Mais aujourd’hui notre argument est simple : certes une voile 3Di® va coûter plus cher à l’achat pour un bateau de 35 pieds par exemple, mais sa durée de vie largement supérieure (tenue de forme, résistance à la délamination, ndr.) va permettre de l’amortir sur une période beaucoup plus longue. »

En somme et autrement dit, il peut être, dans certains cas, plus rentable d’investir dans une voile 3Di® haute technologie, équivalente en prix à deux voiles de milieu de gamme… Pour se faire leur propre idée sur la question, les passionnés de croisière et de régate, propriétaires de JPK 110 et autres Sun Fast 3200 – désireux de tirer toute la quintessence de leurs voiles… et de leur bateau ! – peuvent compter sur les précieux conseils des commerciaux North Sails en France. A Vannes, Cannes, Dunkerque, Cherbourg, La Rochelle, ou encore Marseille, des équipes dédiées se tiennent à leur disposition, pour une prestation adaptée aux besoins de chacun. L’avis est en tout cas lancé !

* Macif (1er), Banque Populaire (2e), Virbac-Paprec 3 (4e), SynerCiel (5e), Gamesa (6e), Akena Vérandas (8e), Cheminées Poujoulat (non classé) ont bouclé leur tour du monde équipés d’un jeu de voiles 100% North Sails France. Groupe Bel, PRB et Bureau Vallée, autres bateaux à la garde-robe complète signée North, ont été contraints à l’abandon, sans que leurs voiles ne soient mises en cause.

Source : La 7e Vague