Figaro / Hommes et bateaux souffrent sur la Transat Bretagne Martinique !

Cette nuit, les marins en ont bavé. Dans les grains, le vent est monté jusqu'à 42 noeuds au plus fort, obligeant les solitaires à tenir la barre douze heures durant. Départs au lof et à l'abattée, spis déchirés, winches hors d'usage, les bateaux sont amochés, les skippers à bout de souffle. Il reste encore 800 milles à parcourir avant la délivrance… 800 milles dans des conditions similaires. Seul point positif : la distance est avalée à vitesse grand V. Record battu par Anthony Marchand (Bretagne - Crédit Mutuel Performance) : 268 milles parcourus ces dernières 24 heures !


Gildas Morvan toujours en embuscade sur la Transat Bretagne Martinique.
Credit : A.Courcoux

Nuit blanche sur mer noire. Les gueules salées étaient pourtant prévenues d'un alizé qui risquait de se renforcer. Dès hier soir, le vent a pris de la vigueur et n'a cessé de grimper, rythmé par de violents grains et une pluie horizontale. « C'était la nuit noire, on ne voyait rien du tout. On barrait au feeling, seulement avec les chiffres sur l'écran. Faire ça de 20 h à 8 h du matin, c'est dur. J'étais attaché, j'avais la banane de sécurité, car c'était trop dangereux. » commentait Yoann Richomme (DLBC – Module Création) à la vacation ce matin. Avec un winch en vrac et plusieurs pièces à bricoler, le skipper lorientais n'est pas au mieux de sa forme. Rincé par ces 17 jours de navigation, il avoue avoir hâte d'arriver à Fort-de-France. Il n'est pas le seul d'ailleurs…

Pour autant, les régatiers du grand large continuent d'attaquer. Simon Troël (Les Recycleurs Bretons), affaibli par une insolation, et Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) ont tout deux déchiré leur grand spi, ce qui ne les empêchent pas d'être, au classement de 16 heures, les plus rapides de la flotte (12,6 nœuds) avec leur spi lourd, parfaitement adapté dans ces conditions musclées. « J'ai navigué sous grand spi jusqu'à 1h30 du matin, puis j'ai du mettre le petit spi car le grand a éclaté. J'ai barré toute la nuit, je n'ai pas dormi. Je savais que c'était chaud, en bas d'une vague, le bateau s'est arrêté, le spi a continué, j'ai du le garder un peu trop longtemps. J'ai fait des pointes à 20 nœuds, ça bombardait. » racontait Damien.

Dans la série des pépins, Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises) tremble à l'idée de perdre son mât. Le choc contre le cargo (hier matin) a endommagé son hauban tribord. Il lui tarde d'empanner pour se retrouver sur le bon bord, cap sur la ligne d'arrivée.

La flotte de la Transat Bretagne-Martinique plie mais ne rompt pas. Les skippers demeurent toujours aussi offensifs pour garder leur place sur le podium ou gratter celle du concurrent le plus proche. Anthony Marchand, en embuscade sur sa trajectoire nord depuis plusieurs jours, récolte les fruits de son audace en prenant la place de 5e à Yoann Richomme. A quatre jours de l'arrivée, tout va se jouer à coups d'empannages, d'anticipation des manœuvres et de la bonne gestion de la fatigue. Car le secret pour bien finir demeure sans doute « de ne jamais se mettre dans le rouge, faire attention à soi, se reposer et savoir calmer le jeu ». C'est Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) qui le dit…

Les cinq premiers à 16 h 
1 : Armor Lux – Comptoir de la Mer (Erwan Tabarly) à 840,92 milles de l'arrivée
2 : Cercle Vert (Gildas Morvan) à 49,26 milles
3 : Skipper Macif 2012 (Fabien Delahaye) à 74,30 milles
4 : Agir Recouvrement (Adrien Hardy) à 105,73 milles
5 : Bretagne – Crédit Mutuel Performance (Anthony Marchand) à 122,85 milles

Source : Rivacom