Figaro / Damien Guillou en tête au près, la flotte sous spi. ITW des marins de Bretagne Martinique

Erwan Tabarly (Armor Lux - Comptoir de la Mer) se situe en milieu d'après-midi à 5 milles des côtes du Sahara Occidental. Du jamais vu dans l'Histoire de la Transat Bretagne - Martinique. Rarement ils ne sont allés flirter si près des côtes africaines ! Désormais à la queue-leu-leu, le groupe des sudistes se paie un long bord de vitesse sous spi, cap au sud pour aller chercher les alizés. Tandis qu'au nord de l'anticyclone, Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises) continuent de tricoter au près. 


Gildas Morvan, bien installé dans le groupe de tête de la Transat Bretagne Martinique.
Credit : G.Morvan

Il y a ceux qui glissent sous spi et ceux qui rongent leur frein, au près dans du petit temps. Les choix tactiques sont déterminants et parfois osés. Voilà donc Damien Guillou et Arnaud Godart-Philippe contraints de poursuivre leur drôle de trajectoire en attendant que la bulle se déplace vers l'est pour les laisser passer et rejoindre ces alizés tant espérés. Mais le vent faiblard a aussi ses avantages. Il permet aux marins de s'atteler à des réparations improbables.

De l'autre côté, on joue aux petits chevaux, ou au petit train. La locomotive se nomme Erwan Tabarly, le wagon de tête, Gildas Morvan (Cercle Vert), lequel tente un coup. Le vieux briscard aux 14 transatlantiques se décale légèrement plus à l'ouest qu'Erwan. Dans les prochaines 24 heures, il va y avoir du jeu, le petit train va dérailler pour sans doute se transformer en deux groupes : ceux qui mettront le clignotant à droite plus tôt, et ceux qui continueront un peu plus au sud. Tous les marins ont désormais récupéré de leur folle semaine de tempête. Tous sont aux réglages fins, à la barre le plus possible, à la tactique, aux fichiers météo, bref à leur vie de régatier solitaire.

Les marins racontent
Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) : "Le plus dur pour moi a été de prendre la décision"
« Je suis parti seul, il y a Arnaud Godart Philippe (Régates Sénonaises) à côté. Le plus dur pour moi a été de prendre la décision de l'option. J'ai changé brutalement de direction pour prendre cette option. Maintenant que j'y suis, je regarde les autres et je me dis que je suis obligé d'aller jusqu'au bout. Ce qui me préoccupe c'est le passage de la dorsale mais ça devrait aller. Par rapport à la position de la dorsale, on a un regroupement de trajectoires près des alizés sur lequel je me base, pour voir si une option peut passer ou pas à ce niveau. Quoi qu'il en soit, je suis parti et je n'ai pas le choix. »

Fabien Delahaye (Macif 2012) : "que du bonheur !"
« Ca va très bien, ce n'est que du bonheur. Je n'ai pas besoin de barrer, ça va tout seul dans l'axe des vagues donc c'est parfait. J'ai fait une nuit entière, j'ai dormi toute la nuit dans une couette, avec mon oreiller, dans ma bannette. Je me réveillais toutes les 30 minutes quand même pour regarder ce qu'il se passait mais j'ai fait un non-stop du coucher au soleil au lever du soleil. Plus ça va, plus on se rapproche du but parce que ce n'est pas encore « folichon » là ! Au moins, quand on va traverser, on va faire route vers Fort-de-France, on aura le soleil en face en fin de journée et on saura que nous allons dans la bonne direction. »

Adrien Hardy (Agir Recouvrement) : "On attend les classements avec impatience"
« Après le Portugal, le Maroc et la Mauritanie, il va falloir que l'on traverse d'ici 24 ou 48 heures, mais on ne va pas se plaindre, nous avons du vent. C'est la première fois que je passe aussi près des côtes. Pour le moment ça ne fait que quelques heures que je suis le long de la côte, il faut être attentif par rapport aux autres bateaux, il faut jeter un œil. C'est vraiment une activité prenante de télécharger les classements. On regarde tout le temps, gagné, perdu, gagné, perdu … On attend les classements avec impatience, car nous n'avons pas de nouvelles des autres de toute la nuit. Là je suis content je ne suis pas très loin derrière Yoann. »

Eric Baray (Tektôn/AGM – Région Martinique) en mode bricolage
« Les 12 premières heures ont été dures car il a fallu gérer sans pilote, même le petit pilote n'a pas tenu. Dans la nuit, j'ai eu 30 nœuds régulièrement. On repart, on est en course mais je pensais que ça aurait tenu plus longtemps que cela. Ensuite le serveur central a commencé à moins bien marcher. J'ai passé le reste de la journée d'hier à démonter les capteurs, vérifier l'électronique point par point et de façon méthodique. Quand tout a été bien réparé, tout a recommencé à fonctionner. Depuis ça marche super, ca m'a permis de dormir, manger, bien sécher le bateau et repartir comme en 40 ! »


Les cinq premiers au classement de 16 h 
1 : La Solidarité Mutualiste (Damien Guillou) à 2 493,34 milles de l'arrivée
2 : Régates Sénonaises (Arnaud Godart-Philippe) à 51,62 milles
3 : Armor Lux – Comptoir de la Mer (Erwan Tabarly) à 209,03 milles
4 : Cercle Vert (Gildas Morvan) à 219,47 milles
5 : Skipper Macif 2012 (Fabien Delahaye) à 245,53 milles

Source : Rivacom