50 noeuds dans les rafales, une mer forte, de la grêle, les quinze solitaires affrontent depuis ce matin un golfe de Gascogne démonté. Thierry Chabagny sur Gedimat a annoncé ce midi son abandon à la direction de course suite à une avarie de grand-voile trop importante pour tenter une réparation en mer. Avarie de grand-voile également pour Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises) qui continue de faire route. Pendant ce temps, Fred Duthil (Sepalumic) prend les commandes de la course et maintient l'écart avec ses concurrents les plus proches.
Credit : A.Courcoux
Pour les quinze skippers, bizuths ou vieux briscards, le début de la Transat Bretagne-Martinique n'a rien d'une partie de plaisir. Comme annoncé par Météo Consult, le ticket d'entrée dans le golfe de Gascogne est pour le moins salé. Le vent n'a cessé de monter depuis ce matin, et les marins, malgré une légère accalmie prévue dans les heures à venir, se préparent à affronter une deuxième grosse dépression de sud-ouest juste après le cap Finisterre.
Derrière Fred Duthil (Sepalumic) en tête depuis le classement de 5 heures ce matin, et très rapide à plus de 9 noeuds de moyenne, ça bataille ferme. Yoann Richomme (DLBC – Module Création) ne lâche rien et conserve une belle deuxième place depuis la sortie du goulet de Brest. Trois compères se tiennent dans un mouchoir de poche : Anthony Marchand (Bretagne-Crédit Mutuel Performance), Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) et Erwan Tabarly (Armor Lux - Comptoir de la Mer).
Ils ont dit :
Yoann Richomme (DLBC – Module Création) :
« On sera après le Cap Finisterre quand le coup de vent arrivera. Normalement on doit avoir une dorsale donc des conditions meilleures à partir de demain soir. On pourra souffler un peu avant le gros temps. Mais, là c'est un bord de sanglier, c'est incontestable. Il y a 3 à 4 mètres de creux, avec les déferlantes de 5 à 6 mètres de temps en temps ça passe par dessus le bateau. Depuis que je vous parle ce n'est pas tombé en dessous de 45 noeuds. »
Yann Eliès (Groupe Queguiner – Leucémie Espoir) :
« Maintenant, c‘est en train de grossir et l'état de la mer devient de plus en plus impressionnant. 40 nœuds, c'est difficile à gérer en Figaro, ce sont des petits bateaux. Là, j'ai deux ris et le solent, mais ça m'énerve car je fais pas mal d'aller et retour à l'intérieur quand il y a des variations de vent, du coup j'ai de l'eau dans le bateau. »
Simon Troël (Les Recycleurs Bretons):
« C'est bien instable. Je suis un peu malade donc j'ai mis le pilote, le bateau fait un peu sa vie. Je me vois au cap Finisterre demain, pour le moment je n'ai pas trop regardé car je suis plus occupé à me refaire une santé. Je suis à 230 miles du cap Finisterre et ça devrait mollir un peu. J'ai des bateaux à côté, comme Corentin, je l'ai bien largué cette nuit et c'est plutôt une bonne nouvelle. C'est un peu la survie pour moi là. Je pensais vraiment que ça serait moins fort que ça quand même. »
Gildas Morvan (Cercle Vert) :
« J'ai Bretagne-Crédit Mutuel à deux milles à mon vent et Agir Recouvrement qui est à vue. Je me fais valdinguer quand je suis à la barre, je m'attache depuis hier soir. J'ai le harnais très court pour ne pas tomber. Cette nuit en prenant le deuxième ris, je me suis cogné la tête sur la bôme. Rien de grave, mais je m'attache. J'attends un peu avant de pouvoir me mettre à la table à cartes. Tout est un peu en vrac, il y a un peu tout qui tombe. Ce n'est pas facile d'allumer l'ordinateur.
J'ai tout de même réussi à manger les paupiettes de ma maman et du gâteau au chocolat donc je suis calé, le ventre est plein ! »
Coup dur pour Thierry Chabagny : dans la tempête du golfe de Gascogne où le vent a soufflé à 50 nœuds, la grand-voile de Gedimat s'est déchirée sur toute sa chute, soit une déchirure de près de 10 mètres. Irréparable en mer, a fortiori dans les conditions actuelles très dures. Quant à un éventuel arrêt technique, il signifiait l'impossibilité de jouer les premiers rôles ensuite. En accord avec son sponsor, le skipper de Gedimat a décidé de faire demi-tour et d'abandonner la course.
L'incident a eu lieu ce lundi matin, au beau milieu du golfe de Gascogne, dans une mer et des vents très violents. "J'ai voulu nous donner le temps de la décision, je continuais donc vers le cap Finisterre sous solent seul, et ne pas prendre cette décision dans la précipitation.
Mais une réparation en mer était très illusoire et 'un bricolage n'aurait de toutes façons pas tenu " explique-t-il. Après avoir longuement échangé avec son sponsor, la décision est prise : abandon. Gedimat se dirige vers son port d'attache de Port La Forêt où il devrait arriver demain mardi.
Les cinq premiers à 16 heures
1 : Sepalumic (Fred Duthil) à 3 290,90 milles de l'arrivée
2 : DLBC – Module Création (Yoann Richomme) à 0,43 mille
3 : Bretagne – Crédit Mutuel Performance (Anthony Marchand) à 2,35 milles
4 : Armor Lux - Comptoir de la Mer (Erwan Tabarly) à 2,44 milles
5 : Skipper Macif 2012 (Fabien Delahaye) à 2,57 milles
Sources : Rivacom et J.Cornille