Francis Joyon a calé cette nuit son maxi trimaran IDEC sur les rails d'un alizé tendance nord est, bien établi, constant en force comme en direction. La magie de son multicoque de l'extrême ne tarde pas à s'exprimer en chiffres, et le déficit de la nuit enregistré à 212 milles sur le record de 2008 entame depuis une vertigineuse dégringolade.
Sur une trajectoire beaucoup moins nord qu'en 2008, Francis compte aujourd'hui faire en sorte que chaque mille compte sur une route directe vers San Salvador, et à très grande vitesse.
Il aura fallu toute l'après midi et une bonne partie de la soirée d'hier au grand trimaran IDEC pour s'extirper des vents instables, perturbés par les sommets des îles de l'archipel des Canaries. "Le vent rentrait, puis disparaissait…. des conditions peu propices à la performance" analysait avec le recul, un Francis Joyon totalement entré dans sa tentative de record contre lui-même. "Je suis depuis le milieu de nuit entré dans ce que l'on va appeler l'"alizé", mais qui, avec son axe dominant au nord est, n'en est pas réellement un."
Qu'importe les termes, le rythme de la course a, grâce à ces flux bien établis, pris des allures de record avec déjà une vitesse moyenne sur 24 heures qui tutoie les 23 noeuds. S'il reconnait naviguer avec un poil d'agressivité en moins que lors d'une Route du Rhum, il veille à tenir" 95 ou 98% des polaires du bateau". L'idée est d'aller vite, en permanence, toute en demeurant vigilant à ne pas casser.
"Je suis sous pilote en permanence, ce qui me permet de régler à chaque instant la GV ou le solent. J'ai en effet abandonné ce matin le petit gennaker, pour le solent plus efficace. J'abats (je m'écarte du lit du vent) sous les grains, et dès que je l'ai dépassé, je reborde à fond et lofe pour réaccélérer. » L'art de naviguer facile selon Maître Joyon, qui nous ferait presque oublier qu'il est bien seul à bord d'un maxi multicoque de 29 mètres.
Absence de routage
"Je fais tourner un routage le matin, qui me donne la tendance pour ma journée…" L'absence de son routeur "historique" Jean-Yves Bernot s'est surtout faite sentir lors de la pénible traversée de l'archipel des Canaries ; "je pense qu'avec Jean-Yves, j'aurais eu une trajectoire plus efficace, et j'aurais évité les nombreux pièges sans vent sous les sommets. Je dois ainsi pouvoir améliorer encore un peu ce record… »
NDLR :
A 16 h TU, Francis Joyon comptait 132 milles de retard.
Source : Idec