ITW / Neuvième du Vendée Globe, Bertrand de Broc raconte (images)

Bertrand de Broc a franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe à 18h 12mn 14s, heure française. Il prend la neuvième place de la course derrière Arnaud Boissières. Son temps de course est de 92j 17h 10mn 14s.





Credit : O.Blanchet/DPPI/Vendee Globe

Son départ malgré un projet sur le tard
Même moi je n’y croyais pas trop. Mais au salon nautique il y a un an et demi, j’avais rencontré les gens de la communication du Vendée Globe en leur disant que j’essayais de monter un projet, certes tardif et sans savoir comment m’y prendre, mais le 21 janvier, à l’anniversaire d’un ami, on m’a redonné l’idée de Votre Nom autour du Monde et d’acheter Brit’air. 

Et j’ai annoncé à la presse que je repartais le 23 janvier. Je ne sais pas comment ça s’est fait mais on a fait des rencontres dans tous les sens et ça s’est fait. Je pense que les choses devaient se faire.


"Je suis content"
J’avais fini avec Yves Parlier en 1997 quand j’avais chaviré. Il m’avait proposé de remonter le chenal avec lui sur son bateau. J’avais accepté mais ce n’est pas pareil quand même. Mais si j’ai fait le VG ce n’est pas que pour le chenal, c’est un défi à relever, il y a un projet à monter... Il faut déjà décider de le faire. C’est extraordinaire de se dire qu’on va remonter le chenal, profiter des bons moments, se faire plaisir et faire plaisir aussi. Je suis content, car tout le monde est content. Quand on a la chance de pouvoir participer à cette épreuve, qu’on arrive à le faire et qu’on la termine...


"Ma première remontée du chenal"
Après avoir fini la course oui, c’est la première fois. Car je l’avais déjà emprunté sur d’autres courses. Mais le chenal, bien qu’on ait été arrosés, est un moment assez sympa. Ça se mérite, il faut faire le tour. Et ça, c’est fait. Maintenant, ce que je vais faire... Je ne sais pas.


"c’est vraiment un challenge"
Le Vendée Globe, pour moi, c’est vraiment un challenge. Ce n’est pas juste un tour du monde en solitaire, il faut aller vite, on use le matériel. C’est une course. Il ne faut pas casser, il faut gérer le bonheur et le bateau. C’est pour ça que cette course me plaît. 

J’avais inscrit le règlement dans le bateau : « Départ des Sables d’Olonne et retour aux Sables d’Olonne ». Et on l’a fait, avec un temps plutôt correct en plus. J’ai le 13ème meilleur temps autour du monde, le 11ème sur le Vendée Globe. C’est un certain truc, c’est pas mal non ?


"La course a changé"
Elle est devenue plus professionnelle, il y a tout un travail d’équipe derrière. J’avais des espions internes alors qu’avant on entendait les autres concurrents à la radio. On savait tout. Mais tout change, c’est très bien, c’est une autre épreuve aussi avec les portes des glaces. Mais c’est une question de sécurité des concurrents. 

Par contre ça a beaucoup changé au niveau du sommeil car on scrute plus le radar. C’est plus rassurant mais ça change la configuration de la course. Elle devient un peu plus tactique pour les régatiers qui font de bonnes trajectoires. Avant on étudiait plus la météo à long terme. C’était à celui qui descendait le plus au sud.


"Des photos avec les noms sur la coque"
Je m’amusais à faire des photos avec les noms. C’est un projet qu’on a imaginé en 96 et qu’on a relancé cette année, pour voir si la voile est vraiment un vecteur qui fonctionne, qui fait rêver, qui transporte les gens, qui est aussi technique... Il y en a pour tous les goûts dans la voile.


"Pas mal de bricoles sur le bateau"
J’ai eu pas mal de bricoles sur le bateau : des problèmes de pilote notamment où je me suis retrouvé plusieurs fois avec le bateau parti au tas. J’entendais le pilote bipper et en sortant je voyais le bateau sur la tranche. Mais petit à petit il a mieux marché. Il a dû se dire qu’il allait me mettre en colère. 

Mais c’est aussi comme ça que je me suis rendu compte que c’est un bateau extrêmement solide. Autrement, j’ai réalisé que je n’étais pas assez prêt physiquement, je m’étais un peu négligé en cherchant mes sponsors. Les deux premières semaines, j’ai souffert. Là, aujourd’hui, je pourrais partir faire un Vendée Globe. Peut-être qu’un jour on fera deux tours !


"Je vois des milliers de dauphins !"
Il y en a pas mal... Mais j’ai un moment sympa en tête. Juste après le cap de Bonne Espérance, je sors et je vois des milliers de dauphins. Je n’avais jamais vu ça, d’habitude on en voit 10, 20 ou 30. Là j’avais un champ. J’ai voulu prendre une photo mais je n’avais pas la carte dedans. J’ai donc pris la caméra pour filmer ce ballet de dauphins. 

Mais avec ces bateaux-là, mon passage entre le 12ème sud et l’équateur, tous les soirs sous la pleine lune, le bateau glisse. On met de la musique, on sort du schéma du sud où il y a du bruit sans arrêt. Et quand on se fait 2 ou 3 jours comme ça, sur une mer lisse avec des bateaux qui avancent à 10-12 nœuds c’est fabuleux. Ce sont de sacrées machines, c’est déjà quelque part une chance de pouvoir naviguer là-dessus.

Pour info :
Bertrand de Broc a été pénalisé de 12 heures pour avoir déplombé un de ses bidons de survie, suite à la panne de son dessalinisateur.
Il aura parcouru 27 912 milles sur l’eau à la vitesse moyenne de 12,6 nœuds. Rappel : la distance théorique du parcours est de 24 394 milles.

Source : Vendée Globe