Le remontée de l’Atlantique Sud se fait en ce moment au près. Remue-méninges à la table à cartes, matossages, virements de bord, réglages fins, les marins passent à l’ouest d’un anticyclone et sont quelque peu ralentis (7 à 8 noeuds de moyenne ces dernières 24 heures !). François Gabart (Macif) mène toujours la danse, mais derrière ça pousse.
Credit : JM Liot/DPPI
Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), décalé à l’ouest, pourrait toucher en premier la dépression en provenance de l’Uruguay. Dans tous les cas, les navigateurs vont naviguer de plus en plus penchés.
La belle affaire de Jean-Pierre Dick
Le skipper de Virbac Paprec 3 navigue avec un peu plus de vent que le duo de tête. Cette nuit, il a grignoté 30 milles. Depuis 24 heures, Jean-Pierre Dick a réduit l’écart de 124 milles… Il risque de surcroît d’être moins gêné que ses petits camarades de tête par l’anticyclone qui se déplace vers l’est. Alex Thomson (Hugo Boss) lui aussi comble son retard (43 milles de gagnés en 24 heures). L’Anglais a frôlé l’est des Malouines et fait une trajectoire plus ouest que ceux de devant.
Dur pour le reste de la flotte !
Depuis Jean Le Cam (Synerciel) jusqu’à Cali, les conditions de navigation répondent à celles du Grand Sud. 45 nœuds dans les claques, une mer démontée, le cerveau aux aguets, les marins vivent des jours compliqués. Avec deux ou trois ris dans la grand-voile, trinquette ou solent à l’avant, les solitaires emmitouflés dans leurs cirés trempés sont parés à choquer la grand-voile pour préserver le matériel et éviter de partir au tas. Ecouter le bruit des vagues, faire corps et esprit avec son bateau, somnoler, boire un café… froid, et tenir jusqu’à ce cap Horn tant espéré. « C’est la guerre ! » soulignait le skipper de Synerciel hier soir, qui devrait trouver la paix demain dans la journée au Horn.
Collision avec un OFNI pour Cheminées Poujoulat
Cette nuit, le choc a arraché l'hydrogénérateur babord et l'autre ne charge plus. Situation très compliquée pour Bernard Stamm, qui ne dispose plus d'énergie à bord. L'inquiétude domine.
Les marins racontent
François Gabart :
"Ça manque de vent, on est au près. On remonte l'Atlantique tranquillement. Nos routes vont converger dans quelques jours avec Armel . Je pense que l'écart d'aujourd'hui sera le maximum"
JP Dick :
"La bonne nouvelle est le gain sur les leaders. Il y a une dépression assez forte qui arrive. Je passe pas mal de temps aussi à étudier la stratégie. Je vous laisse pour me replonger dans mes fichiers. »
Alex Thomson :
"Tant que j’étais à l’abri au large des Iles Malouines hier, les conditions étaient plus calmes mais tout ça, c’est derrière moi maintenant. Désormais, je navigue au près, c’est beaucoup plus agité, bien moins confortable et évidemment, je n’avance plus aussi vite que quand j’étais au portant ces dernières semaines."
Dominique Wavre :
"Ce sont des conditions grandioses ; le voilier fait des surfs immenses sur les vagues ; il fait encore nuit mais ça va très, très vite. La lutte est très intense en ce moment au sein de notre groupe de cinq compétiteurs. C’est une phase de la course très intéressante car l’approche du Horn est délicate : nous allons encore subir des rafales très fortes puis nous atteindrons le Horn alors que la dépression sera passée."
Classement à 12 h
1 MACIF François Gabart
2 Banque Populaire Armel Le Cléac´h à 42.6 nm
3 Virbac Paprec 3 Jean-Pierre Dick à 225.8 nm
4 HUGO BOSS Alex Thomson à 626.9 nm
5 SynerCiel Jean Le Cam à 1801.9 nm
Source : Vendee Globe / Dominique Wavre / JP Dick