Vendée Globe / François Gabart ralenti, Armel Le Cléac'h joue sa dernière carte

Redouté par certain, espéré par d’autres, le franchissement de la dorsale qui se prolonge dans le sud-ouest des Açores va, petit à petit, ralentir les deux leaders du Vendée Globe. Pour François Gabart (MACIF) comme pour Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), l’objectif premier est de contenir les assauts éventuels de leurs poursuivants.


A quelques jours de l'arrivée, Armel Le Cléac'h ne lâche rien.
Credit : V.Curutchet/Dark Frame/DPPI

L’un comme l’autre savent qu’ils disposent d’atouts sérieux, mais qu’il ne faudra pas gâcher par excès de confiance ou manque de concentration. Devant eux, se profile le dernier obstacle sur la route des Sables d’Olonne, cette dorsale anticyclonique qui occupe tous les esprits depuis une semaine. En la traversant, les leaders devraient être ralentis mais, si la logique est respectée, ils devraient aussi en sortir les premiers et s’ouvrir la voie royale vers l’arrivée. Il reste que ce type de situation est idéal pour redistribuer les cartes. S’il existe encore une chance à saisir, hors souci matériel, c’est peut-être ici. En attendant d’être au cœur du problème, Armel le Cléac’h (Banque Populaire) ainsi qu’Alex Thomson (Hugo Boss) savent qu’il leur faut continuer de naviguer proprement, sans se désunir et attendre l’éventuelle opportunité de passer à l’attaque.

Ras-le-bol pour le club des cinq
Jean Le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa), Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered), Dominique Wavre (Mirabaud) tous avouent en avoir plein les bottes. Pour tenir bon, chacun a ses recettes.
Les conditions se sont calmées depuis deux jours, ça fait du bien de tenir plus facilement debout dans le bateau.

Les marins racontent
Armel Le Cléac'h :"Rien de très compliqué pour les heures à venir"
"Le vent va mollir régulièrement, on va se rapprocher de l’anticyclone et on va pouvoir envoyer des voiles de portant dans les jours à venir. Rien de très compliqué pour les heures à venir, c’est un peu tout droit avec un vent pas très soutenu. Par contre ça va s’accélérer derrière.

On ne va pas faire n’importe quoi pour gagner des milles, on ne va pas se mettre dans le rouge. On va rester prudent sur cette fin de course, la mer va être assez difficile. On va être vigilant, ne pas faire de bêtises et trouver les bonnes configurations de voiles."

Dominique Wavre : "La remontée de l’Atlantique la plus pénible que j’ai pu faire !"
"Là je suis au près, 20 nœuds de vent, secoué, ciel couvert, pluie, mer grise, 2,50 mètres de creux. Cette nuit ça a été très moche, des trombes d’eau sont venues sur le bateau. C’est de loin la remontée de l’Atlantique la plus pénible que j’ai pu faire. Quand il y a du vent, c’est au près et quand c’est au portant, le vent est très faible.

Quand il fait nuit noire, sous des trombes d’eau, tu ne vois absolument pas s’il y a un grain ou autre chose. Et quand tu es sur le pont, tu ne vois pas les vagues arriver non plus. Ce n’est pas simple et en plus les fichiers météo ne sont pas très pertinents. On espère que bientôt, ils seront un peu plus en accord avec la réalité."

Arnaud Boissières :"En fait c’est un peu stressant"
"Au début c’est rigolo de se dire qu’on va longer les côtes mais en fait c’est un peu stressant. Il y a des plateformes que je ne vois pas tout le temps à l’AIS et il y a les bateaux de pêche aussi. Hier j’ai pris une longue ligne de pêche dans le safran et l’hydro. C’est un peu stressant du coup je n’ai pas beaucoup dormi mais j’ai la satisfaction d’avoir avancé. La navigation brésilienne n’est pas si facile que ça."

Alessandro Di Benedetto se casse une côte. Il raconte
« J'étais en train de me reposer quand le bateau s'est couché d'un coup sur le côté bâbord (je pense à une vague qui a provoqué un empannage). J'étais sous solent et deux ris grand-voile. Je suis sorti pour remettre en place les choses. J'étais en train de mettre à l'eau le safran bâbord quand une autre vague a secoué le bateau et a fait passer la grand-voile sur tribord, j'ai reçu l'écoute de grand-voile sur le côté droit du visage et je suis retombé sur le thorax côté gauche. 

Bilan : une petite coupure à la base de la narine gauche que j'ai refermée avec du stéril-strip et une côte cassée selon le Docteur Chauve. Malheureusement, j'ai perdu une autre voile (le petit spi) car elle était à l'extérieur dans un sac pour compenser la gîte et elle a été balayée quand le bateau s'est couché. Il sera difficile de manœuvrer avec la douleur. ».

Classement à 16 h
1 - FRANCOIS GABART [ Macif ] à 1806,9 milles de l’arrivée
2 - ARMEL LE CLEAC'H [ Banque Populaire ] à 117.7 milles du leader
3 - JEAN PIERRE DICK [ Virbac Paprec 3 ] à 424.9 milles du leader
4 - ALEX THOMSON [ Hugo Boss ] à 689.8 milles du leader
5 - MIKE GOLDING [ Gamesa ] à 2310.4 milles du leader

Source : Vendée Globe