Statu quo. François Gabart a endigué l’hémorragie de milles concédés à son dauphin dans le pot au noir. Avec une dizaine d’heures d’avance, le skipper de MACIF est dans une situation éminemment favorable, mais se refuse à chanter victoire trop tôt. A mesure qu’il approche de la ligne d’arrivée, François Gabart semble perdre une part de son insouciance des premières semaines de course. Il raconte.
Credit : F.Gabart/Macif
Passer progressivement du statut d’outsider à celui de favori désigné n’est pas forcément si simple. D’autant qu’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), lancé à ses trousses, n’a pas la réputation de renoncer facilement. Calé à une centaine de milles dans le tableau arrière du leader, il attend son heure. Si la moindre opportunité se présente, nul doute que le navigateur de Saint-Pol de Léon la saisira. Encore faut-il que François Gabart laisse une ouverture.
Car à l’approche des Açores, la situation est toujours aussi complexe. La barrière anticyclonique est particulièrement délicate à négocier et peut encore relancer la donne. A surveiller pourtant, un petit front, issu des basses pressions de Terre-Neuve, qui pourrait ouvrir un chemin au travers des hautes pressions. En contournant l’archipel par l’ouest, les premiers pourraient espérer récupérer ensuite un flux perturbé jusqu’à l’arrivée.
« Il y a 36 heures, les prévisions étaient très mauvaises pour moi, avec une barrière qui m’empêchait de passer et permettait à Armel de revenir à une dizaine de milles. Aujourd’hui, les scénarios semblent un peu meilleurs, j’espère que cette bonne dynamique va se poursuivre. Je suis prêt à faire un peu de match-racing dans le Golfe de Gascogne, mais si je peux avoir un petit peu d’avance sur lui, cela ne me déplairait pas… »
Plus que jamais, tu dois regarder sa trajectoire, comptes-tu adopter une stratégie de marquage en vue du sprint final ?
« Evidemment ! Depuis quelques jours, quand je fais mes points météo, je fais systématiquement tourner les routages pour moi et pour Banque Populaire, afin de voir quelle route il va emprunter à priori et adapter la mienne en fonction. Je ne vais pas me mettre à créer des écarts latéraux énormes, ce serait stupide. »
Tu disais avant le départ que tu pensais au Vendée Globe tous les jours en te rasant, aujourd’hui, est-ce à la victoire que tu penses tous les jours ?
« Cela doit m’arriver une fois par jour, mais je pense plus à l’arrivée qu’à la victoire. C’est évidemment une source de motivation à une dizaine de jours de l’arrivée de penser au plaisir de terminer cette belle course. Mais je passe beaucoup plus de temps à m’occuper du bateau et de la météo qu’à penser à ce qui va m’arriver dans une dizaine de jours ! »
N’est-ce pas usant nerveusement d'être constamment concentré sur la course, de ne jamais pouvoir se relâcher ?
« Usant, je ne sais pas, mais exigeant, oui ! Cela fait plus de deux mois que cela dure et il reste dix jours pendant lesquels il va falloir être à fond, cela demande effectivement beaucoup d’énergie et de concentration. »
La fin de course s’annonce-t-elle éprouvante physiquement ?
« Forcément. Depuis 36 heures, je change très peu de voiles, mais comme le vent est très instable, je règle MACIF en permanence pour ne pas concéder un seul mille à Armel. Et cela va continuer jusqu’au bout, parce qu’à l’approche de l’anticyclone, il y aura du vent très variable qui m’obligera à être dessus constamment, puis, sur la fin, du vent assez fort qui nécessitera de la conduite. Mais je suis prêt et suffisamment frais pour affronter cela. »
Classement à 16 h
2 - Armel Le Cléac’h [Banque Populaire] à 112,8 milles du leader
3 - Jean Pierre Dick [ Virbac-Paprec 3 ] à 462,4 milles du leader
4 - Alex Thomson [ Hugo Boss ] à 672,9 milles du leader
5 - Jean Le Cam [ SynerCiel ] à 2174,0 milles du leader
Sources : Vendée Globe et Macif