Vendée Globe / Hommes et bateaux en souffrance derrière les leaders (ITW)

Armel le Cléac’h (Banque Populaire), crédité depuis deux jours d’une vitesse légèrement supérieure, a fini par reprendre la tête de course à François Gabart (MACIF). En glissant sous le vent de son adversaire, Banque Populaire a fini par reprendre l’avantage. Mais rien n’est joué, d’autant plus que les allures de reaching qui avaient fait le bonheur de François Gabart semblent être au programme à partir de demain et qu’il devrait toucher en premier les vents de nord annoncés.


Credit : JM Liot/DPPI

Armel Le Cléac'h :"Avec François, nous nous sommes séparés plus par opportunité météorologique"
« Je sors d’une période « hivernale » ! L’empannage par 53° Sud, c’est frais… Surtout que le ciel était très chargé de grains jusqu’à 35 nœuds avec parfois de la grêle. Ce n’était pas très facile de trouver la bonne configuration de voiles. En fait, j’ai empanné un peu plus tard que François (Gabart) et il a dû avoir du vent plus Sud-Ouest que moi : cela explique le décalage latéral que nous avons aujourd’hui mais qui n’est que de trente milles. Il a fallu aller chercher la porte australienne orientale et avec François, nous nous sommes séparés plus par opportunité météorologique que par une décision stratégique. Nous avons chacun suivi notre vent et il n’était pas tout à fait pareil… Maintenant, il fait moins froid, et c’est toujours aussi humide ! Mon huile d’olive a dégelé. Mais le ciel est encore très chargé de grains. »

JP Dick :"C'est juste magique, beau, enivrant, angoissant"
« L'entrée en matière est assez vive dans l'Océan Indien, il faut prendre des résolutions de sagesse. La mer est de plus en plus dure et plus « casse-bateau ». Les tempêtes sont potentiellement plus fortes et les vents cisaillés rendent la mer chaotique. Le plus impressionnant ? Au milieu du Pacifique, tu es au milieu de nulle part à 3000 ou 4000 km de toutes côtes. Ici, c'est juste magique, beau, enivrant, angoissant... Une sauvagerie superbe mais effrayante avec le risque de rencontrer des morceaux de glaces dérivantes. Tu as aussi la chance de croiser les animaux des mers australes. C'est un privilège rare ! »

Bernard Stamm :"On sent le mois et demi de course."
"Il y a 30 nœuds de vent mais par contre la mer est mauvaise. Il y a des grandes vagues abruptes et le bateau part en survitesse dedans et au fond de la vague, il fait des plantés magistraux. Ce n'est pas facile. On sent le mois et demi de course. Il y a de la fatigue mais ça ne va pas trop mal. J'arrive à gérer à peu près mes temps de sommeil, ma nourriture"

Jean Le Cam :"J’en ai fait des plantés mais jamais des comme celui-là !"
« J’ai fait le planté de ma vie ! Arrêt buffet alors que j’avançais à plus de 20 nœuds. La mer était grosse, vraiment très grosse avec plus de 6 mètres de houle et le vent soufflait à 40 / 45 nœuds. SynerCiel a descendu une vague vertigineuse et s’est planté en bas ! Un peu comme si tu venais t’encastrer avec ta voiture dans une motte de beurre à pleine vitesse ! Je me suis explosé sur la cloison du vérin de quille. Je suis parti avec le siège de la table à cartes qui s’est arraché. Le bonhomme va bien et le bateau aussi. Je n’ai rien de cassé mais j’ai le genou, la main, le dos et la joue un peu équimosés et je me suis pris un sacré coup sur la tête. Donc je me suis mis dans mon lit pour reprendre un peu mes esprits et me remettre de mes émotions. J’en ai fait des plantés mais jamais des comme celui-là ! Vu de l’extérieur, je pense que les safrans devaient être hors de l’eau ! »

Arnaud Boissières : "Quand tu navigues avec 50 nœuds de vent, tu relativises beaucoup de choses "
« On devrait garder entre 25 et 30 nœuds de vent pour les heures à venir. On navigue sous un ciel de traine avec des grains et une houle qui se range. Cela va favoriser la glisse. La grosse dépression que nous avons eue à gérer m’a fait du bien étonnamment ! Quand tu navigues avec 50 nœuds de vent, tu relativises beaucoup de choses. Et j’étais au final content de ma navigation dans la brise. Ça m’a boosté pour la suite de la course »

Classement à 16 h
1 - ARMEL LE CLEAC'H [ Banque Populaire ] à 12392 milles de l’arrivée
2 - FRANCOIS GABART [ Macif ] à 6,3 milles du leader
3 - JEAN-PIERRE DICK [ Virbac Paprec 3 ] à 382,9 milles du leader
4 - ALEX THOMSON [ Hugo Boss ] à 821,9 milles du leader
5 - BERNARD STAMM [ Cheminées Poujoulat ] à 849,6 milles du leader

Sources : Synerciel / Banque Populaire / Poujoulat / Akena / JP Dick