Le Vendée Globe est la course la plus intransigeante qui soit. C’est ce qui fait sa beauté mais aussi sa dureté. On peut ainsi passer du chaud au froid en quelques minutes au sens propre comme au sens figuré. Vendredi, alors qu’il animait la tête de course en troisième position derrière Armel Le Cleac’h et François Gabart, Vincent décrivait une situation idyllique. « C’est la belle vie » nous disait-il alors. Son PRB n’avait connu aucun problème technique depuis le départ des Sables d’Olonne. Il démontrait toute sa capacité à bien figurer dans la course pour laquelle il a été imaginé. Hier, le ciel s’est assombri d’un coup au-dessus du monocoque orange.
Le matin (6h45 heure française), alors que Vincent était à la table à cartes, le 60’ entrait en collision avec une énorme bouée à la dérive en plein milieu de l’Atlantique Sud. Vincent a immédiatement constaté que ce choc avait déchiré la coque de PRB sur environ 1m30 avec une zone délaminée de un m².
Dès lors, Vincent mettait tout en œuvre avec notamment l’aide de Guillaume Verdier, architecte de PRB, pour pouvoir trouver une solution fiable et sécurisante pour aborder les mers du Sud. A peine le temps de se remettre de ses émotions que deux heures plus tard, en faisant une nouvelle vérification, Vincent découvrait que le tirant de l’outrigger avait lui aussi été abimé. Ce câble de carbone est une pièce maitresse du gréement. Abîmé sur environ 50 cm, le tirant ne permet plus d’assurer la bonne tenue du mât. Vincent s’appuie alors sur l’expertise de l’ingénieur Denis Glehen (calculateur du mât de PRB) pour évaluer les dégâts et envisager les possibilités de réparer.
Si le skipper de PRB a vite entrevu une issue pour la réparation de la coque, celle du tirant d’outrigger posait davantage de problème. Alors qu’il met en œuvre une solution de réparation dès hier après-midi pour colmater la déchirure de la coque, à terre, Denis Glehen et son équipe cogitent pour apporter une solution à Vincent. Malheureusement, hier soir tard, le skipper de PRB a dû se rendre à l’évidence : il est impossible pour lui d’assurer seul ce tirant d’outrigger avec les éléments dont il dispose à bord. Aborder les mers du Sud avec un mât qui risque à tout moment de s’effondrer n’est pas raisonnable. Le diagnostic de Vincent est donc tombé ce matin : il rend les armes sur ce Vendée Globe 2012. Il abandonne.
Mort dans l'âme et larmes aux yeux
Cette décision est murement réfléchie. C’est la mort dans l’âme et les larmes aux yeux que Vincent annonce son retrait sur son troisième Vendée Globe. « Pouvoir poursuivre la course dans les conditions de sécurité nécessaires pour les mers du Sud, c’est ce qui guidera mon choix » avait expliqué Vincent avec beaucoup de lucidité quelques minutes après le choc. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies. Le skipper de PRB est contraint de faire route vers le Brésil pour réparer son monocoque. Il pourrait rejoindre Salvador de Bahia d’ici trois jours, 500 milles le séparant de la baie brésilienne.
Déception et injustice
Se résoudre à l’abandon en raison d’une collision avec un objet flottant, qui plus est une bouée de port, est une situation particulièrement dure. Pour Vincent, la déception s’est mêlée d’un sentiment d’injustice. Le compétiteur qu’il est avait jusque-là mené son 60’ avec beaucoup de prudence. Lui qui a remporté ce Vendée Globe en 2004-2005, savait que la route était longue et voulait justement aborder le Sud avec un bateau intact, capable de gérer des conditions de mer et de vent extrêmes. La course est finie pour Vincent, le skipper de PRB, l’un des grands favoris de ce Vendée Globe, ne sera pas de la partie dans le Sud !
Le Vendée Globe est la course la plus intransigeante qui soit. La plus belle certainement, la plus dure parfois. Ce week-end elle se révèle injuste, forcément injuste, pour Vincent et son bateau PRB.
Interview de Vincent Riou :
« C’était une décision très dure à prendre mais c’est la plus raisonnable. Je m’étais fixé cet objectif de Vendée Globe depuis plusieurs années. J’y ai mis énormément d’énergie. Je suis profondément déçu mais je le suis aussi et surtout pour mes partenaires, PRB et aussi Bouyer Leroux et Mercedes. PRB m’accompagne depuis 10 ans. Ils me font une grande confiance. Même si je n’y suis pour rien dans cette collision et les dégâts que cela a entrainé, je ne peux m’empêcher de culpabiliser. Je me sentais vraiment bien dans la course. Ces bateaux ont un potentiel impressionnant et je sais que la course dans le Sud va cette année prendre une autre tournure. La barre sera très haute et j’aurais bien aimé être de la partie. Ce jeu-là, j’avais vraiment envie d’y participer ! »
Interview de Jean-Jacques Laurent, Président du Directoire de PRB :
« Toute l’équipe de PRB est derrière Vincent. La course de Vincent était très bien partie mais la nature en a décidé autrement. Cette avarie laisse un goût d’inachevé car Vincent s’apprêtait à aborder le Sud avec beaucoup de détermination. Nous sommes de tout cœur avec lui. »
Les concurrents de Vincent Riou réagissent à son abandon
Jean Le Cam :" La course sans Vincent ? C’est pas pareil"
« Je l’ai eu hier au téléphone. On a discuté. De toute manière, voila quoi, c’est comme ça, ça arrive. C’est vraiment dommage et triste pour Vincent. La faute à pas de chance. Il y a un moment, il faut pas faire le con non plus, là où on va il faut que le bateau soit en bonne état sinon… La course sans Vincent ? C’est pas pareil c’est sûr que Vincent c’est une figure, et puis c’est un copain.»
François Gabart :"S’il y avait quelqu’un capable de trouver une solution c’était bien lui"
"J’ai découvert l’abandon de Vincent tout à l’heure, c’est affligeant, c’est triste et malheureux. Il faisait partie d’un des grands favoris de ce Vendée Globe. Il aurait amené plein de choses jusqu’à la fin de la course. C’est dur car c’est un concurrent que j’apprécie et que je respecte beaucoup. J’aurais vraiment aimé me bagarrer avec lui jusqu’à la fin ! Ca fait partie du Vendée Globe malheureusement ! C’est dur ce que je vais dire, mais Vincent était sûrement celui qui avait la meilleure capacité de bricoler et de réparer. S’il y avait quelqu’un capable de trouver une solution c’était bien lui car il connait à merveille le composite !"
Jean-Pierre Dick :"Abandonner sur un truc aléatoire comme ça, c’est vraiment dur"
"Je suis vraiment triste pour Vincent. On sait tous les efforts que chacun met pour monter son projet et quand il y a un abandon, c’est vraiment triste. C’est sûr qu’abandonner sur un truc aléatoire comme ça, c’est vraiment dur. Surtout que Vincent est chef de projet et entrepreneur à part entière. Il n’est pas juste skipper, il a aussi une grosse part dans la construction de son bateau donc c’est d’autant plus triste car il est impliqué de A à Z dans son projet."
Mike Golding :"Le destin ne lui a pas été favorable, c’était écrit"
"Franchement, quand j’ai vu de quel type de problème il s’agissait, je me suis dit que s’il existait une personne dans la flotte qui puisse réparer ce genre de chose, c’était bien lui. Mais même pour quelqu’un comme lui, ça aurait été extrêmement compliqué. C’était l’un des grands favoris. Notre sport est un sport où les problèmes techniques peuvent vous trahir mais là, c’est d’autant plus frustrant qu’il s’agissait d’un tout petit objet comparé à la grandeur des océans. S’il était passé 10 mètres plus à gauche ou plus à droite, il serait encore en course. Le destin ne lui a pas été favorable, c’était écrit."
Message de Bernard Stamm : "Ce n'est pas juste ce qui t'arrive."
Le matin (6h45 heure française), alors que Vincent était à la table à cartes, le 60’ entrait en collision avec une énorme bouée à la dérive en plein milieu de l’Atlantique Sud. Vincent a immédiatement constaté que ce choc avait déchiré la coque de PRB sur environ 1m30 avec une zone délaminée de un m².
Dès lors, Vincent mettait tout en œuvre avec notamment l’aide de Guillaume Verdier, architecte de PRB, pour pouvoir trouver une solution fiable et sécurisante pour aborder les mers du Sud. A peine le temps de se remettre de ses émotions que deux heures plus tard, en faisant une nouvelle vérification, Vincent découvrait que le tirant de l’outrigger avait lui aussi été abimé. Ce câble de carbone est une pièce maitresse du gréement. Abîmé sur environ 50 cm, le tirant ne permet plus d’assurer la bonne tenue du mât. Vincent s’appuie alors sur l’expertise de l’ingénieur Denis Glehen (calculateur du mât de PRB) pour évaluer les dégâts et envisager les possibilités de réparer.
Si le skipper de PRB a vite entrevu une issue pour la réparation de la coque, celle du tirant d’outrigger posait davantage de problème. Alors qu’il met en œuvre une solution de réparation dès hier après-midi pour colmater la déchirure de la coque, à terre, Denis Glehen et son équipe cogitent pour apporter une solution à Vincent. Malheureusement, hier soir tard, le skipper de PRB a dû se rendre à l’évidence : il est impossible pour lui d’assurer seul ce tirant d’outrigger avec les éléments dont il dispose à bord. Aborder les mers du Sud avec un mât qui risque à tout moment de s’effondrer n’est pas raisonnable. Le diagnostic de Vincent est donc tombé ce matin : il rend les armes sur ce Vendée Globe 2012. Il abandonne.
Mort dans l'âme et larmes aux yeux
Cette décision est murement réfléchie. C’est la mort dans l’âme et les larmes aux yeux que Vincent annonce son retrait sur son troisième Vendée Globe. « Pouvoir poursuivre la course dans les conditions de sécurité nécessaires pour les mers du Sud, c’est ce qui guidera mon choix » avait expliqué Vincent avec beaucoup de lucidité quelques minutes après le choc. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies. Le skipper de PRB est contraint de faire route vers le Brésil pour réparer son monocoque. Il pourrait rejoindre Salvador de Bahia d’ici trois jours, 500 milles le séparant de la baie brésilienne.
Déception et injustice
Se résoudre à l’abandon en raison d’une collision avec un objet flottant, qui plus est une bouée de port, est une situation particulièrement dure. Pour Vincent, la déception s’est mêlée d’un sentiment d’injustice. Le compétiteur qu’il est avait jusque-là mené son 60’ avec beaucoup de prudence. Lui qui a remporté ce Vendée Globe en 2004-2005, savait que la route était longue et voulait justement aborder le Sud avec un bateau intact, capable de gérer des conditions de mer et de vent extrêmes. La course est finie pour Vincent, le skipper de PRB, l’un des grands favoris de ce Vendée Globe, ne sera pas de la partie dans le Sud !
Le Vendée Globe est la course la plus intransigeante qui soit. La plus belle certainement, la plus dure parfois. Ce week-end elle se révèle injuste, forcément injuste, pour Vincent et son bateau PRB.
Interview de Vincent Riou :
« C’était une décision très dure à prendre mais c’est la plus raisonnable. Je m’étais fixé cet objectif de Vendée Globe depuis plusieurs années. J’y ai mis énormément d’énergie. Je suis profondément déçu mais je le suis aussi et surtout pour mes partenaires, PRB et aussi Bouyer Leroux et Mercedes. PRB m’accompagne depuis 10 ans. Ils me font une grande confiance. Même si je n’y suis pour rien dans cette collision et les dégâts que cela a entrainé, je ne peux m’empêcher de culpabiliser. Je me sentais vraiment bien dans la course. Ces bateaux ont un potentiel impressionnant et je sais que la course dans le Sud va cette année prendre une autre tournure. La barre sera très haute et j’aurais bien aimé être de la partie. Ce jeu-là, j’avais vraiment envie d’y participer ! »
Interview de Jean-Jacques Laurent, Président du Directoire de PRB :
« Toute l’équipe de PRB est derrière Vincent. La course de Vincent était très bien partie mais la nature en a décidé autrement. Cette avarie laisse un goût d’inachevé car Vincent s’apprêtait à aborder le Sud avec beaucoup de détermination. Nous sommes de tout cœur avec lui. »
Les concurrents de Vincent Riou réagissent à son abandon
Jean Le Cam :" La course sans Vincent ? C’est pas pareil"
« Je l’ai eu hier au téléphone. On a discuté. De toute manière, voila quoi, c’est comme ça, ça arrive. C’est vraiment dommage et triste pour Vincent. La faute à pas de chance. Il y a un moment, il faut pas faire le con non plus, là où on va il faut que le bateau soit en bonne état sinon… La course sans Vincent ? C’est pas pareil c’est sûr que Vincent c’est une figure, et puis c’est un copain.»
François Gabart :"S’il y avait quelqu’un capable de trouver une solution c’était bien lui"
"J’ai découvert l’abandon de Vincent tout à l’heure, c’est affligeant, c’est triste et malheureux. Il faisait partie d’un des grands favoris de ce Vendée Globe. Il aurait amené plein de choses jusqu’à la fin de la course. C’est dur car c’est un concurrent que j’apprécie et que je respecte beaucoup. J’aurais vraiment aimé me bagarrer avec lui jusqu’à la fin ! Ca fait partie du Vendée Globe malheureusement ! C’est dur ce que je vais dire, mais Vincent était sûrement celui qui avait la meilleure capacité de bricoler et de réparer. S’il y avait quelqu’un capable de trouver une solution c’était bien lui car il connait à merveille le composite !"
Jean-Pierre Dick :"Abandonner sur un truc aléatoire comme ça, c’est vraiment dur"
"Je suis vraiment triste pour Vincent. On sait tous les efforts que chacun met pour monter son projet et quand il y a un abandon, c’est vraiment triste. C’est sûr qu’abandonner sur un truc aléatoire comme ça, c’est vraiment dur. Surtout que Vincent est chef de projet et entrepreneur à part entière. Il n’est pas juste skipper, il a aussi une grosse part dans la construction de son bateau donc c’est d’autant plus triste car il est impliqué de A à Z dans son projet."
Mike Golding :"Le destin ne lui a pas été favorable, c’était écrit"
"Franchement, quand j’ai vu de quel type de problème il s’agissait, je me suis dit que s’il existait une personne dans la flotte qui puisse réparer ce genre de chose, c’était bien lui. Mais même pour quelqu’un comme lui, ça aurait été extrêmement compliqué. C’était l’un des grands favoris. Notre sport est un sport où les problèmes techniques peuvent vous trahir mais là, c’est d’autant plus frustrant qu’il s’agissait d’un tout petit objet comparé à la grandeur des océans. S’il était passé 10 mètres plus à gauche ou plus à droite, il serait encore en course. Le destin ne lui a pas été favorable, c’était écrit."
Message de Bernard Stamm : "Ce n'est pas juste ce qui t'arrive."
"Salut Vincent,
Vraiment désolé et triste pour toi, ce n'est pas juste ce qui t'arrive. Il faut réussir à surmonter ce sentiment de merde qui vient quand on est obligé d'arrêter une course. Dis-toi que tu as fait tout ce que tu pouvais et que tu prends les bonnes décisions et les gens qui t'entourent ne peuvent que être derrière toi. A bientôt
Bernard"