Ils en sortent. Après 48 heures particulièrement difficiles, les premiers solitaires commencent à toucher les alizés de l’hémisphère sud. Tous en sortent rincés, au propre comme au figuré. Et pour ajouter un peu de tension supplémentaire, ils sont cinq à naviguer à vue. Mais surtout, pour tous, un Pot-au-Noir particulièrement actif. Pétole, grains violents, orages, déluges de pluie. Même les plus aguerris n'avaient jamais vu cela !
Point sur la course
Vincent Riou (PRB), Alex Thomson (Hugo Boss), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et François Gabart (MACIF) tentent de ronger le même os.
Plus à l’arrière, la flotte goûte à plein le plaisir de naviguer dans des alizés bien établis. Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) monte en puissance au fil de la prise de la mesure de sa machine quand Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) témoigne de son bonheur et navigue à bonne vitesse sous spi et grand-voile haute sous un chaud soleil. Ces moments-là Gutek (Energa) aimerait bien les vivre aussi. Mais le navigateur polonais n’a toujours pas résolu ses problèmes de pilote et cherche en liaison avec le fabricant comment revenir à une situation normale.
Le Pot-au-Noir des leaders
Bernard Stamm :"Une nuit d'enfer, c'était fou"
"On a passé une nuit d'enfer. Nuit noire, déluge et grains incroyables avec des bascules de vent incessantes. C'était fou. Là, ça se calme un peu car on voit enfin la mer et les nuages mais ça reste un exercice. Ca va dans tous les sens et faire de la vitesse là dedans, ce n'est pas bon. Je suis très sous toilé, mais ça tape quand même, le matériel souffre. Il est tombé des trombes d'eau donc ça a plutôt rafraîchi. Il fait 25 - 30 ° ce n'est pas la canicule. C'est incroyable ce que ca demande d'énergie, c'est incessant, il faut vraiment pouvoir se reposer et se nourrir. Il faut s'imaginer, nuit noire, on ne voit pas l'avant du bateau et le vent passe de 0 à 35 nœuds en peu de temps et tout cela sous une pluie battante ".
Vincent Riou : "Jamais vécu un Pot-au-Noir comme ça"
« Je n’avais jamais vécu un pot au noir comme ça, la nuit dernière a été dantesque avec des grains dans tous les sens et une pluviométrie incroyable. C’était chaud ! En plus, il a avancé avec nous vers le Sud. Je n’ai jamais vu ça. Nous avons pris des litres et des litres d’eau sur la tête ! C’était hallucinant ! Il y avait en permanence 3 à 4 centimètres d’eau sur le pont qui n’arrivaient pas à s’écouler. Nous avons fait des runs de folie mais trop courts. Tu n’es jamais bien réglé. Tu essayes de progresser vent arrière sinon tu casses tout ! C’était vraiment casse bateau car en plus, nous avons eu beaucoup de mer de face. Je suis crevé là. En plus, là il fait très très chaud à l’extérieur comme dans le bateau»
Armel Le Cléac'h :"Je dois en être sorti"
« Je pense que c’est bon : je dois être sorti du Pot depuis cette nuit ! Je navigue dans du vent de Sud-Est variant de 10 à 16 nœuds sous un ciel encore chargé. Je suis rentré dans la ZCIT lundi avant le lever du jour : j’ai découvert une grosse masse nuageuse devant moi avec plein d’éclairs partout. En fait, le Pot au Noir s’est activé dans la journée. Ce n’était pas facile : la brise tournait dans tous les sens avec pas mal de près finalement et il m’a fallu tirer des bords pour m’extirper. J’ai perdu un peu de terrain, mais je suis toujours devant avec une marge quasiment identique sur le deuxième. Ce n’est pas dans les heures qui viennent qu’il y aura du changement. »
Fraçois Gabart : :"Quelle violence. Ca fait peur"
"La soirée arrive avec un gros nuage. Bascule à 180°. Pluie. Grosse pluie. Bateaux partent dans un bon flux de 15 nœuds de SE. Parfait. Je me dis qu'on doit commencer à être du bon côté.... Baf, allez risée à 35 nœuds dans la nuit noire. Tu l'avais pas eu celle-là ? Non, c'est vrai. Bateau couché. Génois, GV haute à poste. Puis quand tout est bien rangé, 5 minutes plus tard, flap flop : 0 nœud. Mais des vagues... Ben oui, c'était tempête juste avant, ou juste à côté. Quelle violence. Il faut s'imaginer dans la plus pure pétole 0 nœud de vent avec des grosses vagues qui viennent DEFERLER sur le bateau. Ça fait mal. Ça fait peur. Allez un peu de tonnerre pour l'ambiance. Puis de la pluie, de la pluie comme jamais, j'avais vu. En une nuit, il est tombé tout ce qui tombe sur la Bretagne en une année ! Vous rajoutez quelques alternances 30 nœuds / 0 nœud et vous imaginez la nuit. Au niveau direction du vent, préférez le Nord ou le Sud, histoire de tirer des bords, ce serait trop facile. Je n'ai pas beaucoup d'expérience de pot au noir (mon seul pot au noir était sur la Barcelona et c'était vraiment passé super facilement sans qu'on s'en rende compte) mais celui-là, j'ai l'impression qu'il est plutôt "niveau expert" "4 étoiles" "réservé aux initiés".
Jean-Pierre Dick :"C'était carrément dangereux"
"J'ai passé une nuit de dingue ! Dans la nuit noire, tu ne vois pas grand-chose, tout à coup, le vent se lève à 30 nœuds, tu ne sais pas d'où cela vient, c'est de la folie. Il y avait de l'orage très fort, des grains violents. J'ai fait un empannage rock n' roll dans 30 nœuds sous un orage. C'était carrément dangereux. Quand tu es tout seul face à cela, ce n'est pas évident, il faut gérer l'ensemble des manœuvres et veiller à ne pas casser le matériel. »
Quant à son positionnement Ouest
« Ce n'était pas vraiment un choix, je me suis retrouvé sous un orage violent avec beaucoup de toile. Le bateau est parti à fond en dévalant les vagues avec de l'eau partout sur le pont. C'était impossible d'empanner dans ces conditions sans casser du matériel. Tu respires un grand coup et tu agis. J'ai affalé la voile d'avant en catastrophe et pris un ris. J'ai rarement vu un pot au noir aussi actif !»
Classement à 16 h
1 Banque Populaire Armel Le Cléac´h
2 PRB Vincent Riou à 26.6 nm
3 Virbac Paprec 3 Jean-Pierre Dick à 26.9 nm
4 Cheminées Poujoulat Bernard Stamm à 27.7 nm
5 MACIF François Gabart à 28.4 nm
Sources : Poujoulat/PRB/Banque Populaire/Macif/Virbac Paprec
Credit : JM Liot/DPPI/Vendée Globe
Point sur la course
Vincent Riou (PRB), Alex Thomson (Hugo Boss), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et François Gabart (MACIF) tentent de ronger le même os.
Plus à l’arrière, la flotte goûte à plein le plaisir de naviguer dans des alizés bien établis. Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) monte en puissance au fil de la prise de la mesure de sa machine quand Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) témoigne de son bonheur et navigue à bonne vitesse sous spi et grand-voile haute sous un chaud soleil. Ces moments-là Gutek (Energa) aimerait bien les vivre aussi. Mais le navigateur polonais n’a toujours pas résolu ses problèmes de pilote et cherche en liaison avec le fabricant comment revenir à une situation normale.
Le Pot-au-Noir des leaders
Bernard Stamm :"Une nuit d'enfer, c'était fou"
"On a passé une nuit d'enfer. Nuit noire, déluge et grains incroyables avec des bascules de vent incessantes. C'était fou. Là, ça se calme un peu car on voit enfin la mer et les nuages mais ça reste un exercice. Ca va dans tous les sens et faire de la vitesse là dedans, ce n'est pas bon. Je suis très sous toilé, mais ça tape quand même, le matériel souffre. Il est tombé des trombes d'eau donc ça a plutôt rafraîchi. Il fait 25 - 30 ° ce n'est pas la canicule. C'est incroyable ce que ca demande d'énergie, c'est incessant, il faut vraiment pouvoir se reposer et se nourrir. Il faut s'imaginer, nuit noire, on ne voit pas l'avant du bateau et le vent passe de 0 à 35 nœuds en peu de temps et tout cela sous une pluie battante ".
Vincent Riou : "Jamais vécu un Pot-au-Noir comme ça"
« Je n’avais jamais vécu un pot au noir comme ça, la nuit dernière a été dantesque avec des grains dans tous les sens et une pluviométrie incroyable. C’était chaud ! En plus, il a avancé avec nous vers le Sud. Je n’ai jamais vu ça. Nous avons pris des litres et des litres d’eau sur la tête ! C’était hallucinant ! Il y avait en permanence 3 à 4 centimètres d’eau sur le pont qui n’arrivaient pas à s’écouler. Nous avons fait des runs de folie mais trop courts. Tu n’es jamais bien réglé. Tu essayes de progresser vent arrière sinon tu casses tout ! C’était vraiment casse bateau car en plus, nous avons eu beaucoup de mer de face. Je suis crevé là. En plus, là il fait très très chaud à l’extérieur comme dans le bateau»
Armel Le Cléac'h :"Je dois en être sorti"
« Je pense que c’est bon : je dois être sorti du Pot depuis cette nuit ! Je navigue dans du vent de Sud-Est variant de 10 à 16 nœuds sous un ciel encore chargé. Je suis rentré dans la ZCIT lundi avant le lever du jour : j’ai découvert une grosse masse nuageuse devant moi avec plein d’éclairs partout. En fait, le Pot au Noir s’est activé dans la journée. Ce n’était pas facile : la brise tournait dans tous les sens avec pas mal de près finalement et il m’a fallu tirer des bords pour m’extirper. J’ai perdu un peu de terrain, mais je suis toujours devant avec une marge quasiment identique sur le deuxième. Ce n’est pas dans les heures qui viennent qu’il y aura du changement. »
Fraçois Gabart : :"Quelle violence. Ca fait peur"
"La soirée arrive avec un gros nuage. Bascule à 180°. Pluie. Grosse pluie. Bateaux partent dans un bon flux de 15 nœuds de SE. Parfait. Je me dis qu'on doit commencer à être du bon côté.... Baf, allez risée à 35 nœuds dans la nuit noire. Tu l'avais pas eu celle-là ? Non, c'est vrai. Bateau couché. Génois, GV haute à poste. Puis quand tout est bien rangé, 5 minutes plus tard, flap flop : 0 nœud. Mais des vagues... Ben oui, c'était tempête juste avant, ou juste à côté. Quelle violence. Il faut s'imaginer dans la plus pure pétole 0 nœud de vent avec des grosses vagues qui viennent DEFERLER sur le bateau. Ça fait mal. Ça fait peur. Allez un peu de tonnerre pour l'ambiance. Puis de la pluie, de la pluie comme jamais, j'avais vu. En une nuit, il est tombé tout ce qui tombe sur la Bretagne en une année ! Vous rajoutez quelques alternances 30 nœuds / 0 nœud et vous imaginez la nuit. Au niveau direction du vent, préférez le Nord ou le Sud, histoire de tirer des bords, ce serait trop facile. Je n'ai pas beaucoup d'expérience de pot au noir (mon seul pot au noir était sur la Barcelona et c'était vraiment passé super facilement sans qu'on s'en rende compte) mais celui-là, j'ai l'impression qu'il est plutôt "niveau expert" "4 étoiles" "réservé aux initiés".
Jean-Pierre Dick :"C'était carrément dangereux"
"J'ai passé une nuit de dingue ! Dans la nuit noire, tu ne vois pas grand-chose, tout à coup, le vent se lève à 30 nœuds, tu ne sais pas d'où cela vient, c'est de la folie. Il y avait de l'orage très fort, des grains violents. J'ai fait un empannage rock n' roll dans 30 nœuds sous un orage. C'était carrément dangereux. Quand tu es tout seul face à cela, ce n'est pas évident, il faut gérer l'ensemble des manœuvres et veiller à ne pas casser le matériel. »
Quant à son positionnement Ouest
« Ce n'était pas vraiment un choix, je me suis retrouvé sous un orage violent avec beaucoup de toile. Le bateau est parti à fond en dévalant les vagues avec de l'eau partout sur le pont. C'était impossible d'empanner dans ces conditions sans casser du matériel. Tu respires un grand coup et tu agis. J'ai affalé la voile d'avant en catastrophe et pris un ris. J'ai rarement vu un pot au noir aussi actif !»
Classement à 16 h
1 Banque Populaire Armel Le Cléac´h
2 PRB Vincent Riou à 26.6 nm
3 Virbac Paprec 3 Jean-Pierre Dick à 26.9 nm
4 Cheminées Poujoulat Bernard Stamm à 27.7 nm
5 MACIF François Gabart à 28.4 nm
Sources : Poujoulat/PRB/Banque Populaire/Macif/Virbac Paprec