« On dit que les grands champions sont ceux qui se relèvent. Je vais me relever, mais là, il va me falloir un peu de temps… » : colère et tristesse mêlées dans la voix de Jérémie Beyou ce matin au téléphone. Il est impossible de réparer seul, même provisoirement, le vérin de quille de son Maître CoQ. Il ne peut continuer sa route dans des conditions sécuritaires minimum. Il n’y a pas d’autre issue que l’abandon.
Un cordage ne peut remplacer du titane
La réparation provisoire effectuée hier par le skipper Maître CoQ pour lui permettre de rallier le Cap Vert ne peut tenir très longtemps. Du textile ne peut remplacer du titane. Et un cordage ne pourra pas résister aux tonnes de charges qui se répercutent dans la tête de quille du monocoque Maître CoQ. Avec les moyens du bord (le règlement du Vendée Globe n’autorise aucune assistance extérieure), il est tout simplement impossible de réparer, même provisoirement.
Et quand bien même Jérémie Beyou aurait pu trouver une solution viable mécaniquement pour fixer sa quille à la verticale, il n’aurait pas pu effectuer un tour du monde dans une telle configuration. Son bateau, comme une majorité des 60 pieds Imoca, est en effet conçu pour naviguer avec une quille basculante, et donc basculée. La répartition des poids et des forces qui s’exercent sur la quille comme sur le gréement est calculée avec un appendice qui n’est jamais dans l’axe du mât. Contrer cela, c’est aller contre l’équilibre du bateau, c’est s’exposer à d’autres soucis techniques.
La seule décision raisonnable à prendre est celle que Jérémie a prise : s’arrêter pour, avec l’aide de son équipe technique, tenter de réparer provisoirement ce vérin de quille et rentrer en France préparer la saison 2013.
Jérémie Beyou a travaillé d’arrache-pied depuis quatre ans pour participer au Vendée Globe. Contraint à l’abandon en 2008 pour avarie technique, il était revenu, cette année, en toute humilité, prendre sa revanche et réaliser son rêve et celui des milliers de salariés Maître CoQ qui le suivent.
Les paroles de Jérémie Beyou
« Le diagnostique est clair : la façon dont j’ai amarré la tête de quille hier, c’est la meilleure des façons de l’amarrer, cela m’a permis de ramener le bateau à l’abri des côtes. En revanche, l’analyse que l’on a pu faire de cette attache hier soir et jusqu’en début de nuit, c’est que cela ne permet pas de mettre quelque charge que ce soit sur la tête de quille. On risque de la casser. Cela ne permet donc pas de faire un Vendée Globe, d’aller dans les mers du sud... Et même en naviguant sous-toilé, cela ne fonctionnerait pas. Donc pour être très clair, j’ai fait sauter mon plomb de moteur et je me dirige vers l’île Saint Vincent où mon équipe technique m’attend. La course est finie.
Il y a beaucoup de frustration et de déception… Je suis déçu aussi pour toutes les personnes qui m’ont fait confiance, Stéphane Sallé (Directeur général de Maître CoQ) en premier lieu et toutes les personnes qui m’envoient des messages depuis hier, les éleveurs partenaires de Maître CoQ… tous sont derrière moi. Je suis en colère. Cela n’aurait pas dû arriver. Est-ce que l’on a tapé quelque chose ? Il y a des butées de jauge sur le vérin de quille : est-ce que cela a pu fragiliser la pièce ? Est-ce la pièce elle-même ? Il est beaucoup trop tôt pour le dire.
Lorsque c’est arrivé, j’étais tellement nerveux que j’étais mort de rire, tellement je n’y croyais pas. Après j’étais dans un énervement total, complètement concentré sur la réparation. Hier, toute la journée, j’ai été incapable de dormir. Je me suis jeté sur la nourriture, il y a de quoi faire… et j’ai fini par m’écrouler de sommeil. Ce matin, ça va mieux, j’ai l’esprit plus clair.
Dans l’immédiat, la première difficulté va être de rentrer dans le port, il y a juste ce qu’il faut en tirant d’eau. Ensuite, il va falloir tout démonter et ça ne va pas être une mince affaire, car tout est un peu tordu. Un fournisseur en hydraulique va venir, on va expertiser tout cela. Ça va prendre pas mal de temps. »
Rappel de la chronologie des événements
- Samedi 17 novembre à 23h35 la tête de vérin de quille de Maître CoQ casse net.
- Il était à une centaine de milles du Cap Vert, il y avait 25 nœuds de vent et une mer formée.
- Après trois heures d’efforts, il sécurise et bloque sa tête de quille à l’aide de cordages.
- L’avarie a également endommagé un joint d’étanchéité : le bateau prend l’eau, Jérémie doit pomper en permanence.
- Il décide de s’abriter au Cap Vert.
- Dimanche soir, 18 novembre, Jérémie est à l’abri.
- Au lever du jour, ce lundi, après avoir longuement réfléchi à toutes les solutions possibles, la mort dans l’âme le skipper Maître CoQ décide de jeter l’éponge, il n’y pas d’autre choix possible.
- Son équipe technique est déjà à Mindelo, prête à intervenir.
- Le travail de réparation sera long, mais Jérémie tient à ramener son bateau en France par la mer.
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Source : Maitre CoQ
Un cordage ne peut remplacer du titane
La réparation provisoire effectuée hier par le skipper Maître CoQ pour lui permettre de rallier le Cap Vert ne peut tenir très longtemps. Du textile ne peut remplacer du titane. Et un cordage ne pourra pas résister aux tonnes de charges qui se répercutent dans la tête de quille du monocoque Maître CoQ. Avec les moyens du bord (le règlement du Vendée Globe n’autorise aucune assistance extérieure), il est tout simplement impossible de réparer, même provisoirement.
Et quand bien même Jérémie Beyou aurait pu trouver une solution viable mécaniquement pour fixer sa quille à la verticale, il n’aurait pas pu effectuer un tour du monde dans une telle configuration. Son bateau, comme une majorité des 60 pieds Imoca, est en effet conçu pour naviguer avec une quille basculante, et donc basculée. La répartition des poids et des forces qui s’exercent sur la quille comme sur le gréement est calculée avec un appendice qui n’est jamais dans l’axe du mât. Contrer cela, c’est aller contre l’équilibre du bateau, c’est s’exposer à d’autres soucis techniques.
La seule décision raisonnable à prendre est celle que Jérémie a prise : s’arrêter pour, avec l’aide de son équipe technique, tenter de réparer provisoirement ce vérin de quille et rentrer en France préparer la saison 2013.
Jérémie Beyou a travaillé d’arrache-pied depuis quatre ans pour participer au Vendée Globe. Contraint à l’abandon en 2008 pour avarie technique, il était revenu, cette année, en toute humilité, prendre sa revanche et réaliser son rêve et celui des milliers de salariés Maître CoQ qui le suivent.
Les paroles de Jérémie Beyou
« Le diagnostique est clair : la façon dont j’ai amarré la tête de quille hier, c’est la meilleure des façons de l’amarrer, cela m’a permis de ramener le bateau à l’abri des côtes. En revanche, l’analyse que l’on a pu faire de cette attache hier soir et jusqu’en début de nuit, c’est que cela ne permet pas de mettre quelque charge que ce soit sur la tête de quille. On risque de la casser. Cela ne permet donc pas de faire un Vendée Globe, d’aller dans les mers du sud... Et même en naviguant sous-toilé, cela ne fonctionnerait pas. Donc pour être très clair, j’ai fait sauter mon plomb de moteur et je me dirige vers l’île Saint Vincent où mon équipe technique m’attend. La course est finie.
Il y a beaucoup de frustration et de déception… Je suis déçu aussi pour toutes les personnes qui m’ont fait confiance, Stéphane Sallé (Directeur général de Maître CoQ) en premier lieu et toutes les personnes qui m’envoient des messages depuis hier, les éleveurs partenaires de Maître CoQ… tous sont derrière moi. Je suis en colère. Cela n’aurait pas dû arriver. Est-ce que l’on a tapé quelque chose ? Il y a des butées de jauge sur le vérin de quille : est-ce que cela a pu fragiliser la pièce ? Est-ce la pièce elle-même ? Il est beaucoup trop tôt pour le dire.
Lorsque c’est arrivé, j’étais tellement nerveux que j’étais mort de rire, tellement je n’y croyais pas. Après j’étais dans un énervement total, complètement concentré sur la réparation. Hier, toute la journée, j’ai été incapable de dormir. Je me suis jeté sur la nourriture, il y a de quoi faire… et j’ai fini par m’écrouler de sommeil. Ce matin, ça va mieux, j’ai l’esprit plus clair.
Dans l’immédiat, la première difficulté va être de rentrer dans le port, il y a juste ce qu’il faut en tirant d’eau. Ensuite, il va falloir tout démonter et ça ne va pas être une mince affaire, car tout est un peu tordu. Un fournisseur en hydraulique va venir, on va expertiser tout cela. Ça va prendre pas mal de temps. »
Rappel de la chronologie des événements
- Samedi 17 novembre à 23h35 la tête de vérin de quille de Maître CoQ casse net.
- Il était à une centaine de milles du Cap Vert, il y avait 25 nœuds de vent et une mer formée.
- Après trois heures d’efforts, il sécurise et bloque sa tête de quille à l’aide de cordages.
- L’avarie a également endommagé un joint d’étanchéité : le bateau prend l’eau, Jérémie doit pomper en permanence.
- Il décide de s’abriter au Cap Vert.
- Dimanche soir, 18 novembre, Jérémie est à l’abri.
- Au lever du jour, ce lundi, après avoir longuement réfléchi à toutes les solutions possibles, la mort dans l’âme le skipper Maître CoQ décide de jeter l’éponge, il n’y pas d’autre choix possible.
- Son équipe technique est déjà à Mindelo, prête à intervenir.
- Le travail de réparation sera long, mais Jérémie tient à ramener son bateau en France par la mer.
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Source : Maitre CoQ