Figaro / Premier bizuth à Saint-Gilles, Corentin Horeau :"Du baume au coeur"

Handicapé par une avarie de vanne de ballasts au départ de Gijon, Corentin Horeau a pourtant superbement géré cette deuxième étape. En particulier à la pointe de Bretagne où il a négocié le courant mieux que les autres bizuths pour finir premier "rookie" de cette deuxième étape de La Solitaire, la nuit dernière à St-Gilles-Croix-de-Vie. Après quelques courtes heures de repos, le skipper de Bretagne - Crédit Mutuel Espoir revient sur cet épisode avec "happy end".

Corentin Horeau, 1er bizuth à Saint-Gilles Croix de Vie
Credit :B.Stichelbaut / Bretagne CMB


Corentin, premier bizuth à St Gilles, voilà qui doit faire du bien au moral !
« C'est sûr ! Surtout que je n'étais pas bien parti parce que j'ai eu un vrai souci technique au départ de Gijon : au premier virement de bord, la poignée de vanne de transfert m'est restée dans la main ! Du coup je ne pouvais plus transférer normalement l'eau d'un ballast à l'autre, ce qui est très handicapant… En clair je mettais 15 minutes au lieu de 15 secondes. C'est ce qui fait que je ressors dans les derniers après le parcours côtier au départ d'Espagne. Là, c'est dur pour le moral… Je me suis accroché en me disant qu'au moins ce n'était pas une étape de près avec des transferts à faire tout le temps. Heureusement, je savais qu'on aurait surtout du portant et juste un peu de près à faire à la pointe de Bretagne. »

Handicapé par cette avarie, tu pars sur la traversée du golfe de Gascogne derrière les autres bizuths…
« Oui et l'écart se creuse dans le passage de la dorsale, où forcément les premiers entrés sont aussi les premiers à en sortir. Je suis un peu distancé. La situation n'est donc pas très brillante ! Alors, j’ai décidé de bien me reposer la première nuit car je savais qu'il pouvait y avoir des coups à jouer à la pointe de Bretagne. Et je sais aussi que le vent arrière 'en descente' comme on dit, est un de mes points forts. Je suis serein sur ma vitesse à cette allure. J'ai réussi à revenir sur les autres bizuths juste avant l'occidentale de Sein. »

Et c'est là, dans le courant de la pointe bretonne, que l'étape se joue…
"Oui. Il y avait un peu de courant à jouer sur l'occidentale de Sein. Il fallait bien placer de petits empannages dans le petit temps et grâce à ça je suis revenu sur les autres. Je passe devant Julien (Villion) et Thomas (Normand) en gardant plus de "jus", en restant plus longtemps au milieu dans la veine de courant principal. C'est assez jouissif, quand tu sens que tu es au bon endroit du tapis roulant comme ça ! Ensuite, il restait Nick Cherry. Sur les 80 milles au reaching jusqu'à St-Gilles je me suis bagarré avec deux Anglais, Nick Cherry et Sam Goodchild, dans une espèce de jeu à trois où tour à tour nous servions de lièvre aux deux autres. Un gars seul dans cette situation serait allé moins vite, mais en concurrence rapprochée comme ça, il fallait être dessus ! J'ai tout essayé : au vent, sous le vent… et ça s'est joué finalement à 25 milles de l'arrivée, après Noirmoutier, quand on a renvoyé le spi. Là, je me suis bien placé au vent des deux et j'ai essayé de les 'gazer' (déventer, ndr), ça a fonctionné et je me suis échappé jusqu'à l'arrivée."

Tu consolides ta place sur le podium des bizuths (3e) et surtout tu as signé une superbe navigation, ce qui n’était franchement pas gagné au départ d’Espagne …

"Oui, je me suis fait plaisir ! Et ça remet du baume au coeur après la frustration de la première étape, où le passage de dorsale m'avait plombé alors que j'avais fait un très bon début de course. Malheureusement, il n'y a pas beaucoup d'écart en temps cette fois-ci, mais il peut encore se passer des choses. Si jamais il n'y a pas d'air sur la dernière étape (St-Gilles-Cherbourg via la côte anglaise, départ dimanche), il peut encore y avoir des coups à jouer dans les courants, par exemple à nouveau dans le raz de Sein et le chenal du Four, mais aussi le long de la côte sud de l'Angleterre. En tout cas, je vais tout faire pour aller chercher les autres ! "

Le podium bizuth de l'étape 2 :
1. Corentin Horeau / Bretagne - Crédit Mutuel Espoir en 2 jours 12 h 42 minutes et 43 secondes
2. Julien Villion / Seixo Promotion en 2 j 12h45'36''
3. Nick Cherry / Artemis 77 en 2 j 12h45'53''

Le classement général bizuths après 2 étapes :
1. Thomas Normand / Financière de l'échiquier en 5 j 17h35'46''
2. Julien Villion / Seixo Promotion à 0h29'22
3. Corentin Horeau / Bretagne - Crédit Mutuel Espoir à 1h13'37''