Figaro / L'homme fort de cette Solitaire, Yann Eliès "Je me fais mal et ca paye"

Il était désigné, au départ de la Solitaire du Figaro 2012 à Paimpol, il y a deux semaines, comme le grand favori pour la victoire finale. Loin de porter cette étiquette comme un fardeau, Yann Eliès assumait d'entrée des objectifs ambitieux, lui qui n'a jamais encore inscrit son nom au palmarès de cette prestigieuse épreuve. Vainqueur du premier acte à Gijon, le skipper de Groupe Quéguiner - Le Journal des Entreprises est arrivé troisième la nuit dernière à Saint Gilles Croix de Vie, à 10 minutes et 25 secondes du premier, Gildas Morvan. 

Leader de La Solitaire, Yann Eliès a accentué son avance au général
Credit : A.Courcoux

Affichant une régularité de métronome malgré la perte de son pilote principal dès les premières heures de course, le Costarmoricain conforte sa place de leader au classement général provisoire avec 30 minutes et 17 secondes d'avance sur son dauphin et s'affirme définitivement comme l'homme en forme du moment.

Heureux ! Le sourire communicatif et l'œil rieur du marin de Groupe Quéguiner - Le Journal des Entreprises étaient de sortie la nuit dernière sur les pontons vendéens. En coupant la ligne d'arrivée en troisième position, à 00 heure 08 minutes et 53 secondes, 30 minutes et 17 secondes dans le sillage de Gildas Morvan, il mettait un terme à un sprint de 451 milles entre les côtes espagnoles et la Vendée. Un parcours passant par le raz de Sein ne laissant que peu de place à l'improvisation et aux choix tactiques. Mais un chemin finalement plus tortueux qu'il n'aurait pu y paraitre pour Yann Eliès.

Se ménageant une difficile entrée en scène, il aura du cravacher pour revenir, composant avec une panne du pilote principal et l'obligation de s'appuyer sur celui de secours, forcément moins fiable. "Je me suis retrouvé avec un pilote en mode dégradé. Toute la partie au portant, j'ai pas mal galéré et chaque fois que je dormais, je voyais que je perdais sur Erwan Tabarly. Il y avait surtout des moments où j'étais un peu à tâtons : pas de vitesse, pas d'angle de vent. Tant qu'il y avait de l'air, j'avais à peu près mes repères et quand ça a commencé à mollir, c'était plus difficile. J'ai été à peu près chanceux, je n'ai pas eu de conditions trop compliquées à aborder sans électronique. Ce qui est sûr c'est que l'expérience paie. Quand tu connais le bateau par cœur, les réglages, tous les repères visuels, sensitifs que j'ai depuis treize ans, naviguer sans électronique ça s'est fait naturellement".

Pas d'assurance tout risques !
Exprimant à merveille son tempérament accrocheur, restant jusqu'au bout un des acteurs clés de la tête de flotte et contenant les assauts de ses poursuivants jusqu'à s'assurer une belle marche sur le podium, le skipper de Groupe Queguiner - Le Journal des Entreprises aura pu consolider sa belle place de leader. Désireux de marcher sur les traces d'un Jérémie Beyou impérial l'année passée, Yann Eliès est l'homme fort de cette Solitaire.

Serein, il approche chaque jour un peu plus de cet état de grâce qui pourrait le faire entrer dans l'histoire de la course : "Tant qu'il y a des opportunités je les saisis et quand c'est du tout droit je me fais mal pour aller vite et ça paie! Je crois que je suis entrain de toucher du doigt l'osmose avec le bateau, les éléments. J'ai de la chance quand il faut , je fais les bons choix. J'espère que ça va durer jusqu'au bout !", et d'ajouter : "Il y a un bout qui est fait. Quand on regarde le menu de la dernière étape, avec plein de passages à niveau et de difficultés, une demie heure d'avance sur le deuxième, c'est bien mais ce n'est pas une assurance tout risques !"


Pas de garanties de s'installer définitivement dans le fauteuil de vainqueur, mais un statut de leader qu'il n'a jamais aussi bien porté. Dimanche prochain, à 13 heures, la flotte quittera Saint Gilles Croix de Vie pour l'ultime volet de l'épreuve. Un dernier parcours semé d'écueils vers la Normandie sur lequel le stratège qu'il est entend bien faire savoir que nul ne peut le priver de son rêve de victoire !

Source : Rivacom