Ça y est, la flotte a heurté le thalweg annoncé, ce creux barométrique qui la freine à l’est de l’arc antillais. Les cinq concurrents ont ralenti et prennent des options différentes. Partisans du nord-nord-est, PUMA et Groupama. Décalés le long des îles, CAMPER, Telefónica et Abu Dhabi. Tous se méfient du calme qui peut bouleverser les positions.
« Les choses se tendent à bord, » confie Tom Addis d’une voix stressée, « c’est évident. Un front arrive du nord et perturbe les alizés : on va tous se rapprocher les uns des autres, c’est infortuné mais c’est la vie. On a encore 10 nœuds de brise mais on en a pour une bonne journée et demi avant de vraiment retrouver du vent. »
Cette météo imprévisible fait le bonheur des poursuivants, Groupama sailing team, quatrième, et Abu Dhabi Ocean Racing, cinquième : ils espèrent reprendre des milles au trio de tête. Lequel est forcément inquiet, PUMA en tête, CAMPER with Emirates Team New Zealand en deuxième et Telefónica en troisième position.
PUMA et Groupama ont donc choisi de rester sur une route nord-nord-est plus proche du prochain vent. CAMPER et Telefónica ont empanné pour se rapprocher de l’arc antillais et tenter de toucher le flot d’une dépression au sud-ouest. Abu Dhabi, sous le vent de la flotte depuis plusieurs jours, est lui aussi du côté des îles.
Addis toujours : « On va sans doute enrouler les Caraïbes par l’extérieur. À travers les îles, il y a beaucoup d’eau mais c’est plein de dévents. Elles sont très hautes et créent ces grands dévents, vous devez faire attention en les traversant. De toute façon, les 1000 prochains milles vont être peu ventés et alambiqués. »
Une légère compression
« Le vent a molli ces dernières heures comme prévu, mais nous espérions que le ralentissement s'effectuerait d'abord pour les premiers : en fait, la molle a touché tout le monde en même temps... Nous naviguons au portant sous spinnaker avec quinze noeuds de vent, parfois douze sur la route directe : c'est beaucoup moins humide sur le pont ! Sur ces bateaux, avec 5 noeuds de vent en plus et 15° d'angle de différence, ça change énormément la donne puisqu'on passe de 15 noeuds de vitesse à 25 noeuds en pointe en lofant un peu. La vie à bord est un peu plus confortable puisqu'on peut ouvrir l'intérieur et donner un peu d'air frais là où il faut très chaud. C'est mieux pour l'hygiène et pour se reposer. » indiquait Laurent Pagès ce vendredi matin.
Force est de constater que Groupama 4 a sensiblement réduit son delta vis à vis du leader américain qui n'est plus qu'à environ 85 milles devant son étrave. Quant à Camper et Telefonica, ils ont choisi d'empanner ce vendredi en milieu de matinée (locale) pour piquer vers le Nord de l'arc antillais, à approximativement 75 milles du voilier français. Et Abu Dhabi est toujours à une cinquantaine de milles sous le vent de Franck Cammas et ses hommes avec une trentaine de milles de retard par rapport à l'arrivée.
Un système météo complexe
« L'alizé est en train de s'écrouler comme prévu, ça va devenir un chemin de croix vers Miami ! C'est une nouvelle chance pour nous, ce système de « n'importe quoi » : il y a des coups à faire sans doute, et les fichiers météo ne sont pas clairs. C'est une étape importante pour le classement général, mais elle ne correspond pas du tout aux statistiques habituelles puisque normalement, c'étaient des alizés du cap Frio à Miami. Le rythme est dur parce qu'il n'y a pas vraiment de moment pour décompresser et là, cela fait déjà des mois que nous sommes en course et il y a probablement un peu de lassitude. C'est plus difficile pour monter prendre son quart... Mais cela doit être la même impression sur les autres bateaux. Maintenant, il y a du resserrement dans la flotte et ça va être intense jusqu'à l'arrivée ! » déclarait Jean-Luc Nélias, navigateur de Groupama 4 ce vendredi midi.
En fait, une succession de bulles sans vent s'installe entre les Îles Vierges et les Bahamas et les navigateurs vont devoir zigzaguer entre ces calmes avant de rentrer dans un minimum barométrique en cours de formation au large de la Floride. Dès ce week-end, la flotte va subir un flux faible à modéré de secteur Nord d'une dizaine de noeuds, pratiquement jusqu'à l'arrivée. Cette importante rotation de plus de 120° du vent s'accompagne de plusieurs zones de transition où la brise est erratique, volage, éphémère, variable, inconstante, irrégulière, aléatoire... Bref, les fichiers météorologiques ne peuvent pas préciser correctement le comportement du vent sur plusieurs dizaines, voire centaines de milles car tout dépendra de l'extension et du déplacement de ce minimum barométrique dans les heures à venir.
En tous cas, cette dispersion de la flotte inattendue il y a encore 48h, offre un nouveau champ stratégique pour Groupama 4. La fin de cette sixième étape de la Volvo Ocean Race s'annonce extrêmement tendue et incertaine car la brise va rester faible jusqu'à Miami...
Dernière ETA : arrivée des premiers bateaux prévue autour de midi le 9 mai.
Un problème technique empêche actuellement l’organisation de la course d’afficher toutes les données habituelles des bateaux.
Sources : Volvo Ocean Race et Groupama
Credit : Y.Riou/Groupama/VOR
« Les choses se tendent à bord, » confie Tom Addis d’une voix stressée, « c’est évident. Un front arrive du nord et perturbe les alizés : on va tous se rapprocher les uns des autres, c’est infortuné mais c’est la vie. On a encore 10 nœuds de brise mais on en a pour une bonne journée et demi avant de vraiment retrouver du vent. »
Cette météo imprévisible fait le bonheur des poursuivants, Groupama sailing team, quatrième, et Abu Dhabi Ocean Racing, cinquième : ils espèrent reprendre des milles au trio de tête. Lequel est forcément inquiet, PUMA en tête, CAMPER with Emirates Team New Zealand en deuxième et Telefónica en troisième position.
PUMA et Groupama ont donc choisi de rester sur une route nord-nord-est plus proche du prochain vent. CAMPER et Telefónica ont empanné pour se rapprocher de l’arc antillais et tenter de toucher le flot d’une dépression au sud-ouest. Abu Dhabi, sous le vent de la flotte depuis plusieurs jours, est lui aussi du côté des îles.
Addis toujours : « On va sans doute enrouler les Caraïbes par l’extérieur. À travers les îles, il y a beaucoup d’eau mais c’est plein de dévents. Elles sont très hautes et créent ces grands dévents, vous devez faire attention en les traversant. De toute façon, les 1000 prochains milles vont être peu ventés et alambiqués. »
Une légère compression
« Le vent a molli ces dernières heures comme prévu, mais nous espérions que le ralentissement s'effectuerait d'abord pour les premiers : en fait, la molle a touché tout le monde en même temps... Nous naviguons au portant sous spinnaker avec quinze noeuds de vent, parfois douze sur la route directe : c'est beaucoup moins humide sur le pont ! Sur ces bateaux, avec 5 noeuds de vent en plus et 15° d'angle de différence, ça change énormément la donne puisqu'on passe de 15 noeuds de vitesse à 25 noeuds en pointe en lofant un peu. La vie à bord est un peu plus confortable puisqu'on peut ouvrir l'intérieur et donner un peu d'air frais là où il faut très chaud. C'est mieux pour l'hygiène et pour se reposer. » indiquait Laurent Pagès ce vendredi matin.
Force est de constater que Groupama 4 a sensiblement réduit son delta vis à vis du leader américain qui n'est plus qu'à environ 85 milles devant son étrave. Quant à Camper et Telefonica, ils ont choisi d'empanner ce vendredi en milieu de matinée (locale) pour piquer vers le Nord de l'arc antillais, à approximativement 75 milles du voilier français. Et Abu Dhabi est toujours à une cinquantaine de milles sous le vent de Franck Cammas et ses hommes avec une trentaine de milles de retard par rapport à l'arrivée.
Un système météo complexe
« L'alizé est en train de s'écrouler comme prévu, ça va devenir un chemin de croix vers Miami ! C'est une nouvelle chance pour nous, ce système de « n'importe quoi » : il y a des coups à faire sans doute, et les fichiers météo ne sont pas clairs. C'est une étape importante pour le classement général, mais elle ne correspond pas du tout aux statistiques habituelles puisque normalement, c'étaient des alizés du cap Frio à Miami. Le rythme est dur parce qu'il n'y a pas vraiment de moment pour décompresser et là, cela fait déjà des mois que nous sommes en course et il y a probablement un peu de lassitude. C'est plus difficile pour monter prendre son quart... Mais cela doit être la même impression sur les autres bateaux. Maintenant, il y a du resserrement dans la flotte et ça va être intense jusqu'à l'arrivée ! » déclarait Jean-Luc Nélias, navigateur de Groupama 4 ce vendredi midi.
En fait, une succession de bulles sans vent s'installe entre les Îles Vierges et les Bahamas et les navigateurs vont devoir zigzaguer entre ces calmes avant de rentrer dans un minimum barométrique en cours de formation au large de la Floride. Dès ce week-end, la flotte va subir un flux faible à modéré de secteur Nord d'une dizaine de noeuds, pratiquement jusqu'à l'arrivée. Cette importante rotation de plus de 120° du vent s'accompagne de plusieurs zones de transition où la brise est erratique, volage, éphémère, variable, inconstante, irrégulière, aléatoire... Bref, les fichiers météorologiques ne peuvent pas préciser correctement le comportement du vent sur plusieurs dizaines, voire centaines de milles car tout dépendra de l'extension et du déplacement de ce minimum barométrique dans les heures à venir.
En tous cas, cette dispersion de la flotte inattendue il y a encore 48h, offre un nouveau champ stratégique pour Groupama 4. La fin de cette sixième étape de la Volvo Ocean Race s'annonce extrêmement tendue et incertaine car la brise va rester faible jusqu'à Miami...
Dernière ETA : arrivée des premiers bateaux prévue autour de midi le 9 mai.
Un problème technique empêche actuellement l’organisation de la course d’afficher toutes les données habituelles des bateaux.
Sources : Volvo Ocean Race et Groupama