Gildas Morvan et Charlie Dalin ont remporté la onzième Transat AG2R-La Mondiale en double, celle du 20e anniversaire de l’épreuve. Sous le soleil, au milieu de dizaines de bateaux suiveurs, Cercle Vert a coupé la ligne d'arrivée à l’entrée du port de Gustavia à 21h55’45'' heure française, après 22 jours, 8 heures, 55 minutes et 45 secondes de mer. Une forme de consécration pour Gildas Morvan que cette victoire à Saint Barth', pour sa huitième participation.
Car le skipper de Cercle Vert avait déjà connu les honneurs, en enchaînant des places de 4e, 3e et 2e sur cette course... mais jamais la victoire. Charlie Dalin, lui, ne pouvait rêver meilleur cadeau après avoir fêté son 28e anniversaire voilà trois jours en pleine mer. C’était au moment où Cercle Vert prenait une avance définitive sur Nacarat, avec qui le duel durait depuis... Concarneau. Les deux hommes succèdent à des tandems prestigieux au palmarès de cette course. Après Jacques Caraës et Michel Desjoyeaux en 92, Roland Jourdain et Jean Le Cam en 94, Alain Gautier et Jimmy Pahun en 96, Bruno Jourdren et Marc Guessard en 98, Karine Fauconnier et Lionel Lemonchois en 2000, Hervé Laurent et Rodolphe Jacq en 2002, Armel Le Cléac'h et Nicolas Troussel en 2004, Kito de Pavant et Pietro D'Ali en 2006, Laurent Pellecuer et Jean-Paul Mouren en 2008, Armel Le Cléac'h et Fabien Delahaye en 2010, il faut donc désormais inscrire sur les tablettes de l'histoire de la course au large les noms de Gildas Morvan et Charlie Dalin. Voici les réactions des deux hommes de Cercle Vert.
Gildas quel est ton premier sentiment, toi qui avais si souvent frôlé la victoire dans cette course ?
"Très heureux, très content, forcément ! Je crois que c'est une belle victoire, encore au terme d'un duel de tous les instants avec Erwan (Tabarly), un peu comme nous avions eu sur la Transat BPE en solitaire. Avec Charlie, nous avons le sentiment d'avoir bien navigué depuis le départ de Concarneau, d'avoir eu une belle trajectoire, toujours au moins dans le trio de tête, dès les Glénans. C'était une bataille rude, souvent très proche avec Nacarat. Il y a juste eu un petit bord pas très heureux à Madère qui nous a fait perdre 10 milles, mais tout le reste était bon. Nous avions une très bonne vitesse, nous étions en phase, on anticipait bien."
Où la course s'est-elle jouée ?
"Dans le contournement de la dorsale, quand Nacarat décide d'aller au sud-ouest et que de notre côté nous poussons un peu plus loin notre bord avant d'y aller aussi. C'est l'affaire de trois heures. Clairement, eux ont joué la recherche de pression (du vent plus sur et plus fort en théorie au sud, ndr) et nous avons joué l'angle au vent. Et ce petit décalage de 5 milles se transforme en 30 milles à la fin."
N'était-ce pas risqué de rester près de l'anticyclone ? N'avez vous pas joué avec le feu ?
"Non je ne crois pas, j'ai déjà vu des Nicolas Troussel et d'autres couper plus court que ce que nous avons fait. Dans le centre de l'anticyclone, bien sûr il n'y a pas de vent du tout. Mais sur la bordure où nous étions, le vent ne s'arrête pas d'un coup comme ça, ce n’est pas ‘on/off’. Je pense que les fichiers de vent sont pessimistes dans les bordures et que si tu as un meilleur angle, ça peut compenser l'éventuel vent plus faible. Là, non seulement nous avions un angle extraordinaire pour aller vite… mais en plus nous n'avions pas moins de vent qu’au sud de la flotte. C'était tout bénéf' !"
Comment étiez-vous organisés avec Charlie ?
"Comme deux solitaires, vraiment ! Chacun faisait son boulot. J'avais entière confiance en Charlie pour gérer le bateau seul. Il a beaucoup travaillé à la requête des fichiers météo et aux routages sur l'ordinateur. Ensuite, tous les deux nous étions vraiment en phase sur la stratégie et les trajectoires. Charlie est quelqu'un de calme et ça s'est vraiment bien passé. On ne s'est pas engueulés une seule fois !"
Les meilleurs et les pires moments de cette course ?
"Mais il n'y a que des bons (rires) ! Le passage au cap Finisterre, celui à La Palma, le fait de ne quasiment rien casser à bord (une latte de GV). Les seules galères finalement c'était la chaleur et les algues qui s'accrochaient aux safrans pendant 48 heures infernales. J'ai juste eu une petite frayeur en pleine nuit quand une baleine a soufflé à 5 mètres de Cercle Vert, j'ai pensé à la mésaventure de Kito de Pavant qui avait cassé son bateau comme ça. Sinon, c’est simple : que du bonheur !"
Les mots de Charlie Dalin :
"Je suis super content ! C'est une victoire magnifique, la première de Gildas sur la Transat AG2R... alors j'espère que je lui ai apporté un peu (rires) ! J'espère aussi que cette victoire va m'ouvrir des portes pour la suite de ma carrière. La course a été incroyable en ce sens que nous étions à vue pendant les 10 premiers jours et que du début à la fin, le rythme à été celui d'une régate à la journée ! La première semaine, tu as vraiment l'impression de faire la Solitaire du Figaro à deux, tellement le rythme est intense, toujours entouré d'autres bateaux. Je pense que c'est la seule série où tu vois ça : c'est vraiment de la régate mais à l'échelle de l'Atlantique. Pas étonnant que les meilleurs du Vendée Globe viennent du Figaro !
Côté organisation, j'ai passé beaucoup de temps sur l'ordinateur à récupérer des fichiers, à faire des simulations de routages. En fait, je débroussaillais, je faisais la première moulinette et ensuite il y avait la moulinette Gildas, qui me citait des expériences sur des courses précédentes et nous décidions en alliant les deux. L'épisode de la dorsale est un très bon exemple : Gildas était persuadé que c'était mal modélisé et que le vent faible indiqué par les fichiers était en fait davantage à l'intérieur (de l'anticyclone, ndr) que ce qu’ils nous indiquaient. Deux ou trois fois c'est arrivé de déclencher comme ça des empannages… et quand on refaisait les routages deux heures plus tard, ils confirmaient que nous avions déclenché l’empannage pile au bon moment ! C'était un mix de raisonnement et d'expérience... et j'ai beaucoup appris, forcément ! Tout se joue sur des détails comme ça, puisque nous avons les mêmes outils, les mêmes informations, les mêmes polaires de vitesses. Un autre avantage que nous avions je pense est que nous sommes de grands gabarits et que nous n'avons pas été malades pendant le mauvais temps des dix premiers jours de course. On a bien tenu le choc. On va savourer cette belle victoire."
Source : Mer et Media
Credit : A.Courcoux
Car le skipper de Cercle Vert avait déjà connu les honneurs, en enchaînant des places de 4e, 3e et 2e sur cette course... mais jamais la victoire. Charlie Dalin, lui, ne pouvait rêver meilleur cadeau après avoir fêté son 28e anniversaire voilà trois jours en pleine mer. C’était au moment où Cercle Vert prenait une avance définitive sur Nacarat, avec qui le duel durait depuis... Concarneau. Les deux hommes succèdent à des tandems prestigieux au palmarès de cette course. Après Jacques Caraës et Michel Desjoyeaux en 92, Roland Jourdain et Jean Le Cam en 94, Alain Gautier et Jimmy Pahun en 96, Bruno Jourdren et Marc Guessard en 98, Karine Fauconnier et Lionel Lemonchois en 2000, Hervé Laurent et Rodolphe Jacq en 2002, Armel Le Cléac'h et Nicolas Troussel en 2004, Kito de Pavant et Pietro D'Ali en 2006, Laurent Pellecuer et Jean-Paul Mouren en 2008, Armel Le Cléac'h et Fabien Delahaye en 2010, il faut donc désormais inscrire sur les tablettes de l'histoire de la course au large les noms de Gildas Morvan et Charlie Dalin. Voici les réactions des deux hommes de Cercle Vert.
Gildas quel est ton premier sentiment, toi qui avais si souvent frôlé la victoire dans cette course ?
"Très heureux, très content, forcément ! Je crois que c'est une belle victoire, encore au terme d'un duel de tous les instants avec Erwan (Tabarly), un peu comme nous avions eu sur la Transat BPE en solitaire. Avec Charlie, nous avons le sentiment d'avoir bien navigué depuis le départ de Concarneau, d'avoir eu une belle trajectoire, toujours au moins dans le trio de tête, dès les Glénans. C'était une bataille rude, souvent très proche avec Nacarat. Il y a juste eu un petit bord pas très heureux à Madère qui nous a fait perdre 10 milles, mais tout le reste était bon. Nous avions une très bonne vitesse, nous étions en phase, on anticipait bien."
Où la course s'est-elle jouée ?
"Dans le contournement de la dorsale, quand Nacarat décide d'aller au sud-ouest et que de notre côté nous poussons un peu plus loin notre bord avant d'y aller aussi. C'est l'affaire de trois heures. Clairement, eux ont joué la recherche de pression (du vent plus sur et plus fort en théorie au sud, ndr) et nous avons joué l'angle au vent. Et ce petit décalage de 5 milles se transforme en 30 milles à la fin."
N'était-ce pas risqué de rester près de l'anticyclone ? N'avez vous pas joué avec le feu ?
"Non je ne crois pas, j'ai déjà vu des Nicolas Troussel et d'autres couper plus court que ce que nous avons fait. Dans le centre de l'anticyclone, bien sûr il n'y a pas de vent du tout. Mais sur la bordure où nous étions, le vent ne s'arrête pas d'un coup comme ça, ce n’est pas ‘on/off’. Je pense que les fichiers de vent sont pessimistes dans les bordures et que si tu as un meilleur angle, ça peut compenser l'éventuel vent plus faible. Là, non seulement nous avions un angle extraordinaire pour aller vite… mais en plus nous n'avions pas moins de vent qu’au sud de la flotte. C'était tout bénéf' !"
Comment étiez-vous organisés avec Charlie ?
"Comme deux solitaires, vraiment ! Chacun faisait son boulot. J'avais entière confiance en Charlie pour gérer le bateau seul. Il a beaucoup travaillé à la requête des fichiers météo et aux routages sur l'ordinateur. Ensuite, tous les deux nous étions vraiment en phase sur la stratégie et les trajectoires. Charlie est quelqu'un de calme et ça s'est vraiment bien passé. On ne s'est pas engueulés une seule fois !"
Les meilleurs et les pires moments de cette course ?
"Mais il n'y a que des bons (rires) ! Le passage au cap Finisterre, celui à La Palma, le fait de ne quasiment rien casser à bord (une latte de GV). Les seules galères finalement c'était la chaleur et les algues qui s'accrochaient aux safrans pendant 48 heures infernales. J'ai juste eu une petite frayeur en pleine nuit quand une baleine a soufflé à 5 mètres de Cercle Vert, j'ai pensé à la mésaventure de Kito de Pavant qui avait cassé son bateau comme ça. Sinon, c’est simple : que du bonheur !"
Les mots de Charlie Dalin :
"Je suis super content ! C'est une victoire magnifique, la première de Gildas sur la Transat AG2R... alors j'espère que je lui ai apporté un peu (rires) ! J'espère aussi que cette victoire va m'ouvrir des portes pour la suite de ma carrière. La course a été incroyable en ce sens que nous étions à vue pendant les 10 premiers jours et que du début à la fin, le rythme à été celui d'une régate à la journée ! La première semaine, tu as vraiment l'impression de faire la Solitaire du Figaro à deux, tellement le rythme est intense, toujours entouré d'autres bateaux. Je pense que c'est la seule série où tu vois ça : c'est vraiment de la régate mais à l'échelle de l'Atlantique. Pas étonnant que les meilleurs du Vendée Globe viennent du Figaro !
Côté organisation, j'ai passé beaucoup de temps sur l'ordinateur à récupérer des fichiers, à faire des simulations de routages. En fait, je débroussaillais, je faisais la première moulinette et ensuite il y avait la moulinette Gildas, qui me citait des expériences sur des courses précédentes et nous décidions en alliant les deux. L'épisode de la dorsale est un très bon exemple : Gildas était persuadé que c'était mal modélisé et que le vent faible indiqué par les fichiers était en fait davantage à l'intérieur (de l'anticyclone, ndr) que ce qu’ils nous indiquaient. Deux ou trois fois c'est arrivé de déclencher comme ça des empannages… et quand on refaisait les routages deux heures plus tard, ils confirmaient que nous avions déclenché l’empannage pile au bon moment ! C'était un mix de raisonnement et d'expérience... et j'ai beaucoup appris, forcément ! Tout se joue sur des détails comme ça, puisque nous avons les mêmes outils, les mêmes informations, les mêmes polaires de vitesses. Un autre avantage que nous avions je pense est que nous sommes de grands gabarits et que nous n'avons pas été malades pendant le mauvais temps des dix premiers jours de course. On a bien tenu le choc. On va savourer cette belle victoire."
Source : Mer et Media