VOR / Yann Riou (Groupama 4) :"Elle est quand même mal barrée, cette Leg"

Réalistes, mais pas résignés. 100 milles derrière les leaders, les Français de Groupama reconnaissent que l’étape « est mal barrée » mais savent que la Volvo Ocean Race réserve souvent de gros retournements de situation. Carnet de bord par Yann Riou.

Dur, Dur pour Groupama 4
Credit : Y.Riou/Groupama/VOR


À la réflexion :
« Elle est quand même assez mal barrée, cette leg …»

Laurent Pagès m’a répondu :
« Oui, c’est une façon assez optimiste de dire les choses. »

Et encore, ça, c’était avant la séance de virements qu’on s’est payés hier après midi. Il faut nous imaginer, à tirer des bords carrés, collés à la piste, pendant que nos concurrents avancent gentiment sur la route dans une petite brise d’une dizaine de nœuds. Ambiance …

Alors même si cette nuit, il semble qu’on ne soit pas les seuls à évoluer dans du tout petit temps, il n’empêche. Le mal est fait. Quelques mauvais choix le jour du départ, quelques problèmes de vitesses, et deux ou trois milles de perdus. Deux ou trois milles qui se sont transformés en 10, puis 50, et maintenant 100 !

Pour le coup, on n’a pas souvent été derrière, mais cette fois-ci, ce n’était pas le bon moment ! Ça fait un peu mal.

Malgré tout, la réaction de l’équipage est plutôt bonne. Tout le monde continue à faire marcher le bateau au mieux. L’atmosphère est quelque fois pesante, mais quelques traits d’humour fusent régulièrement et détendent un peu tout le monde. On a heureusement quelques spécialistes de la discipline.

Et puis nous ne sommes pas résignés. On a vu notamment sur d’autres étapes que les retournements de situation les plus improbables peuvent arriver. On n’a plus vraiment notre destin entre nos mains sur cette leg, mais on fera tout pour saisir la première occasion venue si elle se présente.

C’est de nouveau de la plage avant que j’écris ces lignes. Pour les mêmes raisons que l’autre jour. Si on avait un doute, il est levé, on est bien sous les tropiques ! A l’intérieur, c’est ambiance four en carbone, thermostat entre 30 et 35 selon l’heure.

À l’extérieur, c’est assez chaud, mais très supportable dès que l’on est à l’abri du soleil. Généralement l’après-midi, quand on n’a pas besoin de virer toutes les 10 minutes et que l’on reste sagement en tribord amure.

On a perdu les albatros depuis un bon moment déjà, mais on a retrouvé les poissons volants. Et même si on les a beaucoup côtoyés ces derniers mois, je reste assez impressionné par les engins.

En plus, par ici, c’est le modèle XXL Tu imagines un gros maquereau, tu lui colles des ailes, et le truc s’envoie en l’air. Et pas toujours où il veut. Il n’y a qu‘à demander à Laurent, qui s’en est pris un en pleine figure la nuit dernière. Limite dangereux !

Mais tout aussi impressionnants qu’ils soient, ils ne suffiront pas à nous distraire bien longtemps. Il est temps qu’on retrouve un peu d’action.

Bonne journée,

Yann