Carnet de Bord / "Groupama s'accroche" par Yann Riou le Média Crew Member


Au gré des changements de voile et des réglages, Groupama s’accroche. Dans des alizés mal établis, les Français bordent, choquent, sortent le code zéro, hésitent, l’envoient, enchainent les manœuvres. Et ils aiment ça !

 
Crédit : Yann Riou/Groupama Sailing Team/Volvo Ocean Race


 " Depuis hier dans un régime d’alizés, mais toujours vers l’arrière de la flotte. Et pour le moment, il n’y a pas franchement de raisons que ça change.

En effet, la flotte étant toujours sous l’influence de la dorsale qui nous a barré la route hier, les bateaux les plus au nord, et dans une moindre mesure les plus à l’est devraient toucher un vent plus fort et plus adonnant. Autant dire que le bateau américain est plutôt bien placé ! Entre 20 et 30 degrés d’ado pour lui hier après-midi. Rien que ça !

Alors il y a un petit sentiment d’impuissance qui se met en place à chaque classement qui tombe. On a beau se concentrer tout ce qu’on veut sur la conduite et les réglages, on va toujours un peu moins vite.

Et pourtant, il faut se concentrer sur les réglages ! Les alizés qui sont en effet particulièrement instables nécessitent toute l’attention des hommes de quart, et imposent de nombreux changements de voiles.

En fin de journée, on a failli envoyer trois ou quatre fois le code zéro, avant de se raviser à chaque fois, pour finalement l’envoyer un peu plus tard en début de soirée. Et depuis le début de nuit, c’est la valse du peeling* ! Pas moins de quatre changements entre le code zéro et le J1 !

Cela dit, on aime autant ça ! D’une part, ça nous permet de focaliser notre attention sur un truc utile à la marche du bateau.

Et puis, s’il y a instabilité pour nous, il est fort probable qu’il en soit de même pour les autres. Ce qui ouvre un tout petit peu plus le jeu et nous laisse l’espoir de nous rapprocher de certains de nos concurrents! Au gré d’un arrêt buffet sous un nuage, ou bien à la faveur d’un surf en bordure de grain … Après tout, ce ne serait pas le premier retournement de situation de cette Volvo Ocean Race.

En attendant, et malgré toute cette instabilité, cela reste des conditions de navigation faciles et confortables. La chaleur qui a fait son apparition avant-hier soir s’est pour le moment effacée pour laisser place à une douceur très agréable. La mer est plate, et le pont est sec, la plupart du temps.

On s’approche de la latitude de Salvador de Bahia, bien connue de certains d’entre nous pour avoir été ville d’arrivée d’un certain nombre de jolies courses. Mais cette fois ci, pour nous, l’arrivée est encore loin, et il peut se passer plein de choses d’ici là. Du moins, c’est ce qu’on souhaite.

Bonne journée, "

Yann

*Peeling : manoeuvre qui consiste à envoyer un deuxième spi alors que le premier est encore établi.

Source : Volvo Ocean Race