Volvo Ocean Race / Telefonica passe à l'attaque

Ca remue derrière Groupama, toujours en tête à moins de trois jours d'Auckland.  Telefónica vient de prendre la deuxième place à PUMA, passé troisième après une série de nuages malchanceux. La dépression qui s'est installée sur la route directe vers Auckland oblige la flotte à contourner cette zone de calmes. Si Groupama 4 a maintenu son avance, les 500 derniers milles devraient s'effectuer contre un vent de Sud-Est à Est soutenu, mollissant en atterrant sur la Nouvelle-Zélande. Il y aurait donc du regroupement dans l'air….

Credit : D.Fructuoso/Telefonica/VOR

Depuis qu'ils ont débordé la Nouvelle-Calédonie par l'Ouest, Franck Cammas et ses hommes ont pu conserver leur marge de sécurité vis-à-vis des Américains. Il semble que Ken Read ait trop serré le centre dépressionnaire et que Puma soit tombé dans une zone de brises faibles pendant que Telefonica déboule à plus de 18 nœuds vent de travers ! Avec Camper dans le sillage des Espagnols, les Américains sont en passe de rétrograder très fortement en termes de milles. D'ailleurs Ian Walker a vu le danger et Abu Dhabi s'écarte de cette zone pour aller contrôler le voilier chinois devenu menaçant…

Ce mercredi soir, l'avance de Groupama 4 devrait donc se réduire comme c'est le cas depuis ce matin : dix milles perdus en six heures. Car Franck Cammas et son équipage sont maintenant en bordure de la perturbation dans un flux qui doit s'orienter au Sud-Est à moins de dix nœuds alors que les Espagnols naviguent encore avec plus de quinze nœuds d'Est. Mais cette situation est passagère, car une fois sur le 31° Sud, le voilier français sera passé sous la dépression et devrait ainsi toucher une nouvelle brise d'Est de 18 nœuds minimum.

Dans un flux d'est-nord-est qui bascule progressivement à droite, la flotte fait route vers le nord de la Nouvelle-Zélande. Pour tous, les conditions sont changeantes et les changements de voile nombreux. Pour certains, elles sont fatales : comme PUMA Ocean Racing, stoppé par plusieurs nuages depuis hier soir.


« On vient d'atteindre un gros nuage sans vent et on est garés ! » Au téléphone à 10h30 UTC, Kelvin Harrap rit jaune. Barreur à bord de Mar Mostro, il rage un peu : « à l'est de la flotte, on a récupéré plus de nuages que les autres, ça ne nous a pas été favorable. On essaye de les éviter en utilisant le radar et en les contournant, mais on ne comprend pas. »

À 13h UTC, Telefónica a pris la deuxième place du bateau américain. Depuis leur passage au milieu des îles Salomon ce week-end, les Espagnols d'Iker Martínez sont passés à l'attaque.

« PUMA, CAMPER with Emirates Team New Zealand et nous sommes très proches, » écrit ce matin l'équipier média Diego Fructuoso. « On va se battre pour les places de deux à quatre. À bord, on ne s'arrête jamais : toujours un changement de voile pour aller le plus vite possible et du matossage. On navigue au près ou au reaching serré en fonction du vent. Les milles, ou « le speedo » comme l'appelle Ñeti, défilent très vite. »

Quant aux hommes d'Abu Dhabi Ocean Racing, ils sont tombés à la cinquième place à cause d'un nuage mal placé et d'un dévent inattendu sous la Nouvelle-Calédonie.
 Hier, ils ont perdu au moins 100 milles en ralentissant sous l'île alors que Groupama et PUMA sont passés au même endroit sans problème. Sans compter les problèmes techniques à bord d'Azzam, quille et autres, heureusement réparés mais pénalisants. 


« Groupama a presque une journée d'avance sur nous maintenant, » écrit l'équipier média, Nick Dana, « et PUMA et Telefónica ne sont pas loin d'eux. Pas besoin de dire qu'il y a un goût amer à bord aujourd'hui - et c'est pas mon café ! »

En queue de flotte, Sanya s'accroche mais accuse 400 milles de retard sur les leaders. L'équipage de Mike Sanderson a joué de malchance : passage entre les îles Salomon au près au lieu du reaching de ses concurrents, système météo différent...

Avec le refus d'est-sud-est que les concurrents commencent à toucher, va venir le moment de virer pour rejoindre au près le Cap Nord, à l'extrême nord-est de la Nouvelle-Zélande.

Groupama, 150 milles devant Telefónica, devra placer le premier ce virement crucial. Puis il faudra remonter au près dans plus de 20 nœuds, des vagues abruptes et un fort courant lié à la marée. Alors les hommes de Franck Cammas, beaux leaders depuis le 26 février, profitent de leurs dernières heures au reaching.

ETA du premier bateau : 10 mars 2012 à entre 06 et 12h UTC à Auckland

Classement à 17 heures :
1 Groupama 0.00
2 Telefonica 149.50
3 Puma 168.10
4 Camper 211.90
5 Abu Dhabi 322.80
6 Sanya 385.30

Sources : Volvo Ocean Race et Groupama