ITW / Franck Cammas :"Les vents sont changeants et rien n’est facile"

Aux avant-postes depuis le départ de Sanya le week-end dernier, les Français de Groupama sailing team sont en confiance. Météo, tactique, stratégie : en plein Pacifique nord, le skipper Franck Cammas ne crie pas victoire.

Credit : Y.Riou/Groupama/VOR


Dans son blog ce matin, Yann Riou décrit des conditions un peu spéciales. Peux-tu nous en dire plus ?
« On est repartis au près dans du vent extrêmement changeant depuis ce matin, avec de gros grains. Il faut suivre, essayer d’avancer avant que le vent stable ne s’installe demain ou demain soir.

« À partir de demain, on a des prévisions de vent plus stable de nord, puis de nord-est. Il nous permettra de faire un premier long bord bâbord amure, sans virement. Quand ce vent va tourner au nord-est, on va descendre dans le sud et arriver à la latitude des alizés. Ce sont des vents d’est assez forts, à 400 milles plus au sud. Pour l’instant, on n’y est pas ! »

Que se passe-t-il d’un point de vue stratégique ?
« Les prévisions sont rarement justes en ce moment – la preuve, elles n’ont jamais annoncé le vent qu’on a eu ! On fait plutôt une stratégie statistique : dans un premier temps, il fallait juste aller vers Taïwan en utilisant le vent qu’il y avait. Il n’y avait pas de besoin stratégique si ce n’était être sur le bord le plus rapprochant en attendant la future rotation.

« Depuis qu’on a passé Taïwan, on fait du gain vers l’est tant qu'on peut. C’est bien pour la suite, pour les alizés. C’est aussi le bon moment pour le faire car le vent, dans son instabilité, nous permet de gagner dans l’est. À un moment ou à un autre, le nouveau vent va venir par le nord. Il ne faut pas donc être trop au sud pour être parmi les premiers à le toucher. »

Que penses-tu de la position de PUMA Ocean Racing ? (NDLR : PUMA Ocean Racing est parti au nord. Pour toucher du vent frais avant les autres, il se décale à plus de 200 milles de Team Sanya, son adversaire le plus sud.)

« Tout la flotte suit une direction moyenne vers l’est – sauf PUMA, qui est parti au nord pour chercher ce nouveau vent avant les autres. Ça va peut-être payer demain ou après-demain mais pour l’instant, il investit beaucoup. Nous, on attend en gagnant dans l’est en utilisant le vent sous les grains et les grosses rotations. »

Selon les autres équipages, surtout CAMPER, quand vous passerez au reaching, vous allez les déposer en vitesse. Tu dois avoir hâte d’y être !
« C’est sûr qu’au reaching, on se sent assez à l’aise, notamment par rapport à CAMPER. Si en plus, il le croit, c’est tant mieux : il nous laissera passer d’autant plus facilement !

« On est contents de ne pas être trop loin de lui. Les bons bateaux de reaching – dont Telefónica – sont pour l’instant en retrait. Ce n’est pas plus mal. »

Groupama a l’air en confiance sur ce début d’étape, on vous sent sereins et contents de votre position. Impression ou réalité ?
« Oui, je trouve qu’on a bien navigué ! On a tiré les bons bords. Sans forcément être les plus rapides, on a toujours été contents des bords qu’on a choisis. Ce n’est jamais négatif et c’est le bilan qu’on peut faire de cette première partie.

« Je pense que sur tous les bateaux, tout le monde se bat énormément pour garder une bonne position car les vents sont changeants et rien n’est facile.

« On se bat beaucoup, nous aussi : c’est ce qui nous permet de nous accrocher à notre bonne position. On est contents d’être là et moralement, ça nous permet de forcer encore un peu plus. On sait qu’on tient le bon bout ! »

Classement à 17 heures :
1 Camper 0.00
2 Groupama 13.00
3 Sanya 44.80
4 Abu Dhabi 47.10
5 Telefonica 69.30
6 Puma 264.10

Source : Volvo Ocean Race