En moins de 24h, la hiérarchie a radicalement changé quand la flotte a dû s'engouffrer dans le rétrécissement du détroit de Malacca : trois options se sont dessinées et les plus spectaculaires retours ont été le fait de Groupama 4 désormais deuxième derrière Telefonica, et d'Abu Dhabi Ocean Racing qui a recollé à Camper ! Mais la situation pourrait bien changer de nouveau dans le goulet de Melaka...
Depuis deux jours quand la flotte s'est glissée dans l'entonnoir séparant la Malaisie de Sumatra, le vent joue les filles de l'air et joue avec les nerfs ! Passant de moins de cinq noeuds à une quinzaine sans que rien ne puisse prédire une telle saute d'humeur, la brise est encore plus complexe à appréhender quand le soleil a rendez-vous avec la lune... « Avec CAMPER et PUMA, nous sommes arrivés dans une zone de grains qui s’était créée sur la Malaisie, » raconte un Jean-Luc Nélias enrhumé – un comble dans la moiteur tropicale, par 40 degrés de température !
Le navigateur de Groupama 4 parle d’ « un peu de chance » et explique « avoir réussi à garder plus longtemps que PUMA le vent qu’exhalent ces grains devant eux. Ça nous a permis de revenir sur eux. Puis on a choisi de retourner vers le milieu du détroit avec eux. Apparemment, c’était le bon choix car CAMPER s’est enlisé dans du tout petit temps le long de la côte. Là, ça nous a permis de se faire la malle sur CAMPER. Ce matin, PUMA et nous sommes revenus avec du vent sur Telefónica. Nous sommes maintenant trois bateaux côte à côte : PUMA un peu derrière nous et Telefónica juste devant. »
Mais une panne de vent menace désormais les trois premiers. Ralentis depuis plusieurs heures, ils voient CAMPER et Abu Dhabi revenir sur eux, classement après classement. « On peut imaginer une jonction complète de toute la flotte avant la sortie, » confirme Nélias. « On avance à tâtons : les fichiers météo sont flous et il n’y a pas de carte de courant. On essaye d’avoir le nez creux pour ne pas aller se foutre dans des pièges. »
En début d'après-midi (heure française) ce dimanche, la nuit venait de s'installer au large de Kuala-Lumpur et il faut s'attendre à nombre de retournements de situation dans une brise qui est programmée, d'après les fichiers météo, comme inexistante... Entre la ville de Malacca (Malaisie) et l'île de Rupat (Sumatra), il n'y a que vingt milles et l'amplitude de la marée atteint plus d'un mètre, ce qui génère des courants importants dans cet étroit passage. Or c'est justement là, dans ce chenal de Melaka, que toute cette étape peut se jouer : si l'un des cinq équipages crée l'échappée dans ces cinquante prochains milles fatidiques (Sanya étant déjà trop décroché), il risque fort d'avoir un boulevard ouvert jusqu'à la Chine. Car une fois cette zone avalée, les reliefs côtiers ne sont plus perturbateurs de la mousson et la longue remontée au près n'offrira pas autant de surprises qu'en ce goulet névralgique...
En ce milieu de nuit indonésienne (15h heure française), les Espagnols n'avaient qu'un petit mille d'avance sur Groupama 4, lui-même devançant Puma de deux milles. Mais les vitesses avaient sensiblement chuté à cinq noeuds environ alors qu'à une vingtaine de milles, Abu Dhabi tenait tête à Camper, tout deux aussi sérieusement ralentis. Dans l'obscurité totale puisque la lune n'offre qu'un maigre croissant, il faut imaginer que cette nuit va être extrêmement agitée à bord de Groupama 4 : non seulement il faut veiller au trafic maritime, aux pêcheurs, aux objets flottants et aux pièges dans les appendices (plastiques, filets, troncs...), mais aussi surveiller ses deux concurrents à portée de vue et les nuages au comportement improbable. L'objectif de Franck Cammas et de ses hommes est avant tout de ne pas se faire décrocher en entrant dans la mer de Chine, d'ici 36 heures... Et pour l'instant, le voilier français remplit parfaitement son contrat !
Poursuivants tenaces, Abu Dhabi et CAMPER s’accrochent à 17 à 18 milles des leaders.
« On évolue dans une brise de mer qui se développe, » explique le skipper d’Azzam, Ian Walker. « La matinée a été rude, à jouer à la côte avec la brise. On a choisi de coller à la côte alors que ceux qui ont choisi le milieu du détroit s’en sortent bien. On verra ce qui se passe dans les prochaines heures. On marche bien en ce moment, 15 nœuds directement vers notre objectif. Après une mâtinée vraiment lente, les choses ont l’air de s’améliorer. CAMPER est devant nous, à 1,8 ou 2 milles de distance depuis au moins trois ou quatre heures. C’est bien d’avoir un bateau à proximité – pour nous, c’est la première fois de la course ! C’est marrant. »
C’est moins marrant pour Team Sanya, qui est passé à proximité d’un cargo hier. Le navire, l’un des nombreux bateaux à croiser dans ce couloir maritime surchargé, faisait route de collision à 18 nœuds. Sanya avait la priorité et le navigateur Aksel Magdahl lui a demandé par radio de se détourner … Peine perdue. Au dernier moment, il a accéléré, évitant aux hommes de Mike Sanderson d’empanner vers un mauvais nuage. L’équipage a pu rester dans un vent stable et continue de s’accrocher pour reprendre des milles aux premiers.
Classement à 17 heures :
1 Telefonica 0.00
2 Groupama 1.20
3 Puma 4.40
4 Camper 27.20
5 Abu Dhabi 27.60
6 Sanya 107.40
Sources : VOR et Groupama
Credit : Y Riou / Groupama /VOR
Depuis deux jours quand la flotte s'est glissée dans l'entonnoir séparant la Malaisie de Sumatra, le vent joue les filles de l'air et joue avec les nerfs ! Passant de moins de cinq noeuds à une quinzaine sans que rien ne puisse prédire une telle saute d'humeur, la brise est encore plus complexe à appréhender quand le soleil a rendez-vous avec la lune... « Avec CAMPER et PUMA, nous sommes arrivés dans une zone de grains qui s’était créée sur la Malaisie, » raconte un Jean-Luc Nélias enrhumé – un comble dans la moiteur tropicale, par 40 degrés de température !
Le navigateur de Groupama 4 parle d’ « un peu de chance » et explique « avoir réussi à garder plus longtemps que PUMA le vent qu’exhalent ces grains devant eux. Ça nous a permis de revenir sur eux. Puis on a choisi de retourner vers le milieu du détroit avec eux. Apparemment, c’était le bon choix car CAMPER s’est enlisé dans du tout petit temps le long de la côte. Là, ça nous a permis de se faire la malle sur CAMPER. Ce matin, PUMA et nous sommes revenus avec du vent sur Telefónica. Nous sommes maintenant trois bateaux côte à côte : PUMA un peu derrière nous et Telefónica juste devant. »
Mais une panne de vent menace désormais les trois premiers. Ralentis depuis plusieurs heures, ils voient CAMPER et Abu Dhabi revenir sur eux, classement après classement. « On peut imaginer une jonction complète de toute la flotte avant la sortie, » confirme Nélias. « On avance à tâtons : les fichiers météo sont flous et il n’y a pas de carte de courant. On essaye d’avoir le nez creux pour ne pas aller se foutre dans des pièges. »
En début d'après-midi (heure française) ce dimanche, la nuit venait de s'installer au large de Kuala-Lumpur et il faut s'attendre à nombre de retournements de situation dans une brise qui est programmée, d'après les fichiers météo, comme inexistante... Entre la ville de Malacca (Malaisie) et l'île de Rupat (Sumatra), il n'y a que vingt milles et l'amplitude de la marée atteint plus d'un mètre, ce qui génère des courants importants dans cet étroit passage. Or c'est justement là, dans ce chenal de Melaka, que toute cette étape peut se jouer : si l'un des cinq équipages crée l'échappée dans ces cinquante prochains milles fatidiques (Sanya étant déjà trop décroché), il risque fort d'avoir un boulevard ouvert jusqu'à la Chine. Car une fois cette zone avalée, les reliefs côtiers ne sont plus perturbateurs de la mousson et la longue remontée au près n'offrira pas autant de surprises qu'en ce goulet névralgique...
En ce milieu de nuit indonésienne (15h heure française), les Espagnols n'avaient qu'un petit mille d'avance sur Groupama 4, lui-même devançant Puma de deux milles. Mais les vitesses avaient sensiblement chuté à cinq noeuds environ alors qu'à une vingtaine de milles, Abu Dhabi tenait tête à Camper, tout deux aussi sérieusement ralentis. Dans l'obscurité totale puisque la lune n'offre qu'un maigre croissant, il faut imaginer que cette nuit va être extrêmement agitée à bord de Groupama 4 : non seulement il faut veiller au trafic maritime, aux pêcheurs, aux objets flottants et aux pièges dans les appendices (plastiques, filets, troncs...), mais aussi surveiller ses deux concurrents à portée de vue et les nuages au comportement improbable. L'objectif de Franck Cammas et de ses hommes est avant tout de ne pas se faire décrocher en entrant dans la mer de Chine, d'ici 36 heures... Et pour l'instant, le voilier français remplit parfaitement son contrat !
Poursuivants tenaces, Abu Dhabi et CAMPER s’accrochent à 17 à 18 milles des leaders.
« On évolue dans une brise de mer qui se développe, » explique le skipper d’Azzam, Ian Walker. « La matinée a été rude, à jouer à la côte avec la brise. On a choisi de coller à la côte alors que ceux qui ont choisi le milieu du détroit s’en sortent bien. On verra ce qui se passe dans les prochaines heures. On marche bien en ce moment, 15 nœuds directement vers notre objectif. Après une mâtinée vraiment lente, les choses ont l’air de s’améliorer. CAMPER est devant nous, à 1,8 ou 2 milles de distance depuis au moins trois ou quatre heures. C’est bien d’avoir un bateau à proximité – pour nous, c’est la première fois de la course ! C’est marrant. »
C’est moins marrant pour Team Sanya, qui est passé à proximité d’un cargo hier. Le navire, l’un des nombreux bateaux à croiser dans ce couloir maritime surchargé, faisait route de collision à 18 nœuds. Sanya avait la priorité et le navigateur Aksel Magdahl lui a demandé par radio de se détourner … Peine perdue. Au dernier moment, il a accéléré, évitant aux hommes de Mike Sanderson d’empanner vers un mauvais nuage. L’équipage a pu rester dans un vent stable et continue de s’accrocher pour reprendre des milles aux premiers.
Classement à 17 heures :
1 Telefonica 0.00
2 Groupama 1.20
3 Puma 4.40
4 Camper 27.20
5 Abu Dhabi 27.60
6 Sanya 107.40
Sources : VOR et Groupama