Record / Loïck Peyron : "Les icebergs sont là, ils dérivent" (vidéo)

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas dans le Pacifique. Ainsi, à la tempête essuyée hier est venu succéder le "fantôme" des glaces. Un spectacle aussi inoubliable qu'impressionnant, rappelant le caractère inhospitalier des eaux actuellement traversées pendant ce Trophée Jules Verne.



Changement de rythme aujourd'hui dans le Pacifique et l'occasion pour le Maxi Banque Populaire V de reprendre son souffle côté météo, à la faveur d'un scénario plus calme. Mais si cette respiration fait sans conteste partie du recueil des évènements du jour, il en est un autre que les quatorze hommes du bord ne sont pas près d'oublier. Ainsi, le fameux iceberg répondant au "doux" nom de B15J a-t-il dévoilé ses formes il y a quelques heures à un équipage partagé entre crainte et fascination. Observé de loin, ce "petit" morceau de glace issu d'un monument qui s'est détaché il y a presque douze ans, est venu rappeler par ses mensurations - 20 kilomètres de long - et son aréopage de glaçons, une réalité jusque là uniquement matérialisée sur des relevés radars : " Nous sommes passés pas loin de ce fameux iceberg. Nous ne pensions pas le voir et au final, le spectacle a été grandiose. C'est très impressionnant de voir ces énormes glaces. Nous avons apprécié ce moment, mais j'aime mieux voir ça en plein jour, de nuit c'est une autre problématique. Il va falloir faire attention à ça pendant encore quelques temps parce que même dans les zones un peu plus chaudes, les icebergs sont là. Ils dérivent ". Si pour les souvenirs et les photos du bord, cette rencontre aura revêtu un caractère exceptionnel, elle est aussi venue tirer la sonnette de l'alarme du bord, se chargeant de rappeler à tous les dangers qui règnent dans cette zone.


Des temps plus calmes
Mais côté ambiance générale, les images impressionnantes de Loïck Peyron et les équipiers du trimaran géant, aux prises avec la tempête, engagés dans une course à la préservation du matériel, ont laissé la place à une toute autre chose. Loin d'un retour à une navigation totalement paisible, Yvan Ravussin faisait état ce midi du bien fondé d'une baisse du vent en ce vingt-quatrième jour : " C'est la nuit, il fait froid et il y a peu de vent, une dizaine de nœuds environ. Nous attendons un peu avant de pouvoir effectuer un peu de près le long d'une bordure de glaces, d'une zone interdite. Ces conditions nous permettent de récupérer. C'est étonnant comme on peu passer d'un extrême à un autre. Certaines journées c'est l'enfer, d'autres sont magnifiques. Aujourd'hui, on se serait cru dans les alizés, la chaleur en moins. Ca glissait bien, c'était parfait. Cette petite pétole nous permet de faire un check complet du bateau et de nous reposer, ce qui tombe plutôt bien après ce que nous venons de vivre ".

Le phénomène de l'élastique
C'est d'ici à la fin de la journée, en France, que le Maxi Banque Populaire V devrait retrouver des conditions plus soutenues, à la faveur d'une rotation au Nord Est pour 15 à 18 nœuds. " Le vent va tourner et nous allons avoir un peu de près. Puis ça va revenir par l'arrière pour un petit peu de reaching en direction du Horn. Mais tout va bien. Le bateau marche bien, nous en tirons la quintessence ". Un schéma météorologique qui devrait donc continuer à accompagner Loïck Peyron et ses équipiers vers la fin du Pacifique, mais qui ne sera pas nécessairement de nature à reconstituer l'avance légèrement entamée ces dernières heures. Mais avec 1 700 milles toujours au crédit des marins de la Banque de la Voile, le rapport au temps reste confortable : " Cette histoire d'avance, c'est le phénomène de l'élastique dans ces records. Ce qui compte, c'est l'avantage à l'arrivée. Entre les deux, il peut se passer plein de choses ".

Avance à 16h00 :
1690.9 milles d'avance par rapport au temps de référence