Record / Le Cap Leeuwin déjà en ligne de mire sur Banque Populaire V

Le ralentissement de ces dernières 24 heures est dans le sillage du Maxi Banque Populaire V qui poursuit sa route vers le cap Leeuwin, à la faveur d'un flux de secteur Ouest bien installé. Observant une route plus marquée au Nord, Loïck Peyron et ses hommes devraient passer au large de la pointe Sud Ouest de l'Australie demain matin et garder d'ici là une trajectoire rectiligne. Toujours aussi rapides, les marins de la Banque de la Voile maintiennent une totale maîtrise du jeu à l'heure des premiers surfs dans le Grand Sud.


Depuis ces dernières heures et le retour d'un vent d'Ouest régulier, la grande et belle houle a fait son apparition, accompagnant le Maxi Banque Populaire V dans son admirable chevauchée. Xavier Revil appréciait ce midi cette nouveauté en matière de conduite : " Nous avons entre 25 et 27 nœuds de vent et nous sommes toujours au portant, sous petit gennaker avec deux ris. Nous avançons à 35 nœuds, avec une belle houle qui vient de derrière et permet de beaux surfs. Le vent est bien revenu depuis hier. Nous sommes dans la grisaille mais ça glisse bien, c'est plutôt agréable comme navigation. Il suffit de bien se placer dans la descente, exactement comme on le fait avec un petit bateau. Depuis une douzaine d'heures, nous surfons de vague en vague et ça déboule. Si on se laisse aller, on atteint facilement les 40 nœuds. Mais on se limite à 35 nœuds pour rester dans des vitesses raisonnables et pour que le bateau ne souffre pas. Dès qu'on lofe un peu trop ou qu'on serre un peu trop les angles, Banque Populaire s'emballe. Il faut faire attention, on n'en est pas encore à la moitié du parcours ".

Route directe vers Leeuwin
Ivresse du moment et réflexion à long terme continuent donc leur heureux ménage malgré la tentation de jouer de la glisse comme d'autres le feraient sur les vagues de la côte sauvage à Quiberon. Mais si la perspective d'affoler les compteurs au delà des 40 nœuds à de quoi séduire bien des amateurs de vitesse, Xavier Revil, le montagnard qui connait mieux que quiconque la fragilité de l'homme et de la machine face aux éléments, relativisait : "On pourrait aller tout le temps à 40 nœuds, mais ce serait prendre beaucoup trop de risques. Il y a un monde entre 35 et 40 nœuds. A partir de 38 nœuds, l'eau devient très dure, le bateau ricoche sur toutes les vagues. Ca tape vraiment dur et c'est limite vivable à l'intérieur ". Pas question de se laisser tourner la tête, d'autant qu'avec déjà 2 200 milles d'avance sur le tableau de marche de Groupama 3, la tendance est plus que jamais à la modération. Devant les étraves du Maxi Banque Populaire V, l'Australie et le cap Leeuwin se profilent comme un nouveau passage Ô combien symbolique. Demain, aux environs de sept heures du matin, un nouveau record devrait ainsi tomber dans l'escarcelle de ces marins, à peu près dix-huit jours après leur départ, et pour y arriver, la ligne droite devrait pour une fois être le chemin le plus court : " Nous sommes remontés un peu au Nord ces dernières heures, pour éviter les glaces. Nous suivons le routage même si nous avons empanné un peu plus tôt que ce qu'il disait hier. Nous avons réussi à rattraper le coup et à le retrouver. Nous avons pu faire une route toujours aussi rapide, mais un peu plus abattue, ce qui nous a permis d'éviter deux empannages. Nous faisons maintenant route en ligne droite jusqu' à l'Australie et nous empannerons à la longitude de Leeuwin".

Ainsi, la dépression au Nord de laquelle ils naviguent depuis quelques heures va-t-elle leur permettre de continuer à bénéficier d'un flux soutenu d'Ouest. Car le potentiel du Maxi Banque Populaire V est fait de telle sorte qu'il permet à ses marins de s'offrir le "luxe" de devancer les systèmes météo et de disposer d'une vision suffisamment globale pour négocier les phénomènes comme les dépressions souvent violentes du grand Sud. Quand l'art de l'anticipation prend tout son sens...

Avance à 16h00
2230 milles d'avance par rapport au temps de référence