VOR / Les hommes de Groupama 4 toujours loin derrière

L'anticyclone de Sainte-Hélène pose problème à tous les équipages : sa « respiration » perturbe les schémas habituels puisque les voiliers se voient contraints de le contourner par sa face Nord… Les hautes pressions atlantiques forment en effet une barrière au large de Cape Town.


Paradoxe de la voile : Groupama 4 est le plus rapide sur l'eau, mais il perd du terrain par rapport à ses concurrents ! En fait, Franck Cammas et ses hommes filent quasiment plein Sud dans un régime d'alizés de secteur Est d'une douzaine de nœuds, quand Telefonica et Puma piquent au Sud-Est dans un flux de Nord-Nord-Est d'une dizaine de nœuds. Camper est lui encore dans une brise de Nord-Est… À quelques centaines de milles près, la situation météorologique n'est donc pas du tout la même et chaque navigateur tente d'exploiter au mieux le vent généré par les hautes pressions de l'anticyclone de Sainte-Hélène.

Or celui-ci est en pleine transformation : deux cellules ont fusionné vendredi et le phénomène prend de l'ampleur puisqu'il va en fin de week-end s'étendre du Brésil à l'Argentine jusqu'au Ghana et à l'Afrique du Sud. Cette croissance des hautes pressions offre une alternance de brises modérées ou plus faibles en attendant que le système anticyclonique se rétracte en renforçant les alizés dès dimanche soir…

Un final incertain
Dans cette phase de « grossesse », des bulles sans vent se mettent sur la route et de petits fronts nuageux viennent perturber l'ordonnance habituelle de l'Atlantique Sud : les Américains en ont fait la triste expérience vendredi puisqu'ils n'étaient qu'à une trentaine de milles plus à l'Ouest que les Espagnols quand Puma s'est enfermé dans une molle pendant que Telefonica incurvait progressivement sa trajectoire vers Cape Town. En 24 heures, Ken Read perdait cinquante milles sur Iker Martinez ! Il n'y a donc pas une seule voie tracée pour rejoindre l'arrivée, car bien des microphénomènes s'invitent en obligeant chaque navigateur à s'adapter au jour le jour, voire heure par heure. Mais pour l'instant, les trois premiers n'ont pas d'autre choix que de piquer vers le but pour éviter une bulle qui s'est formée dans leur Ouest.

Pour Groupama 4, la projection sur 48 heures n'est pas la même puisque cette bulle anticyclonique va imploser sur elle-même et rouvrir un passage avec des alizés établis de secteur Est d'une quinzaine de nœuds. En effet, l'anticyclone de Sainte-Hélène va enfin se stabiliser au milieu de l'Atlantique, à la latitude de Cape Town. Le vent va donc se renforcer pour les leaders mais ils n'auront pas d'autre choix que d'aborder ces hautes pressions par leur face Nord. C'est donc contre le vent que le final de cette première étape de la Volvo Ocean Race risque fort de s'achever… Et fort probablement dans de petits airs ! Pas habituel sur un tour du monde.

Il y a donc encore bien des retournements de situation en vue et ce premier parcours océanique de 6 500 milles s'annonce plus long que prévu : après deux semaines de mer, les leaders ne sont même pas au deux tiers du trajet et terminer contre le vent ne risque pas d'arranger les choses. Faudra-t-il commencer à rationner l'alimentation pour faire la soudure jusqu'à Cape Town ?

Classement à 17 heures :
1 Team Telefónica à 2616.4 Nm du but, (vitesse 14.8 KTS)
2 PUMA Ocean Racing by BERG, à 51.50 Nm du leader, (12.9 KTS)
3 CAMPER with Emirates Team NZ à 172.10 Nm (13.9 KTS)
4 Groupama Sailing Team, à 424.80 Nm (13.8 KTS)

Source : Groupama